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FRASER, DUNCAN CAMERON, avocat, notaire, homme politique, juge et lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse, né le 1er octobre 1845 à Brooklyn (Plymouth), comté de Pictou, Nouvelle-Écosse, huitième enfant et cinquième fils d’Alexander Fraser (Alasdair an Ceannaiche) et d’Ann Chisholm ; le 24 octobre 1878, il épousa à New Glasgow, Nouvelle-Écosse, Bessie Grant Graham, et ils eurent quatre fils et trois filles, dont James Gibson Laurier et Margaret Marjory, tués pendant la Première Guerre mondiale, et Alistair, lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse de 1952 à 1958 ; décédé le 27 septembre 1910 à sa maison d’été de Fort Point, près de Guysborough, Nouvelle-Écosse.
On sait peu de chose sur l’enfance de Duncan Cameron Fraser, sinon qu’il fréquenta l’école à New Glasgow. Pour couvrir les frais d’une partie des trois trimestres qu’il fit à la Normal School de Truro en 1863–1864, il enseigna par intermittence dans une école de rondins située à la source de la rivière East. Entré au Dalhousie College en 1869, il y décrocha une licence ès arts en 1872. Pendant sa première année, il collabora à la direction de la toute nouvelle Dalhousie Gazette, qui est aujourd’hui le journal universitaire le plus ancien au Canada. Une fois diplômé, il fit son stage de clerc chez James McDonald*, député fédéral de Pictou. Admis au barreau de la province le 26 juillet 1873, il devint notaire le 6 octobre. Il commença à exercer sa profession à New Glasgow ; c’est lui qui rédigea la loi qui allait ériger cette localité en municipalité, et il fut le premier à occuper, du 28 janvier 1876 au 31 juillet 1877, le poste de greffier municipal.
Le 18 février 1878, Fraser fut nommé au Conseil législatif par le gouvernement de Philip Carteret Hill*, mais il démissionna pour se porter candidat libéral aux élections provinciales de septembre 1878 dans la circonscription de Guysborough. C’est peut-être un conflit parmi les libéraux de la région qui causa sa défaite. Ce revers l’amena, semble-t-il, à modifier son ordre de priorité, car après le scrutin, il se dépensa davantage pour ses concitoyens et les membres de sa profession. Le dimanche, il chantait dans la section des basses de la chorale de l’église presbytérienne James avec Graham Fraser*, propriétaire d’une entreprise, la Nova Scotia Forge Company, dont il était le fondé de pouvoir. Parmi sa clientèle figuraient aussi la compagnie de transport maritime de James William Carmichael et la Halifax and Cape Breton Railway and Coal Company. Commissaire d’écoles dans Pictou sud, il fut conseiller municipal de New Glasgow en 1878 et maire de cette ville en 1882 et 1883. En 1886, il appartint au premier conseil d’administration du Halifax Ladies’ College. Par ailleurs, il était franc-maçon, militait pour la tempérance et jouait au curling.
En 1886, Fraser fut de nouveau invité à monter sur la scène politique. Le premier ministre de la province, William Stevens Fielding*, lui offrit un siège au Conseil législatif, que Fraser refusa parce que Fielding était favorable à l’abrogation de la Confédération. Cependant, le 23 février 1888, il devint leader du gouvernement au Conseil législatif et ministre sans portefeuille. Vingt-huit jours avant les élections fédérales de 1891, il accepta de défendre les couleurs des libéraux dans Guysborough, le député sortant ayant dû se retirer de la course pour des raisons de santé. Il remporta la victoire par 86 voix. Le « géant de Guysborough » (il mesurait 6 pieds 4 pouces et pesait 350 livres) fit fureur à Ottawa : jovial, il avait toujours des histoires à raconter, chantait bien et parlait le gaélique. Actif aux Communes, D. C., comme on l’appelait, était un orateur très en demande. En 1894, le chef du Parti libéral, Wilfrid Laurier*, qui était en excellents termes avec Fraser, dit à J. W. Carmichael : « comme orateur de place publique, il est notre meilleur homme ». L’année suivante, Fraser fit une tournée dans l’Ouest avec Laurier.
Toutefois, la carrière politique de Fraser subit un recul après la victoire libérale de 1896. Fielding et Frederick William Borden* ayant été choisis pour représenter la Nouvelle-Écosse dans le cabinet Laurier, il ne restait plus de place pour lui. Il fut prompt à exprimer sa déception. Ce colosse maussade passant difficilement inaperçu, Laurier et Fielding tentèrent de lui trouver un poste à l’ouest des Rocheuses. Mais il aimait trop les gens et la politique pour rester longtemps sur sa colère. Candidat dans Guysborough aux élections de 1900, il remporta la plus forte majorité de sa carrière. En 1901, il devint président du comité des comptes publics à la Chambre des communes.
Dès 1904 cependant, le gouvernement cherchait, pour un motif inconnu, une occasion de déplacer Fraser. En janvier, Fielding fit savoir à Laurier : « après ce qui s’est passé à propos de notre ami D. C., il serait extrêmement embarrassant qu’il siège au Parlement à la prochaine session ». Il y avait alors trois sièges vacants à la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse. Or, de tous les candidats possibles, Fraser était manifestement celui qui avait le moins d’ennemis, et en plus, il représentait une circonscription où le gouvernement croyait pouvoir remporter une élection complémentaire. Il fut donc nommé juge le 10 février 1904. Au moins un député fédéral de Nouvelle-Écosse trouva que c’était « un malheur ». Fraser était certainement compétent, mais il n’était pas assez appliqué pour être juge. Par la suite, un autre magistrat du même tribunal allait noter : « il n’était pas préparé à siéger, et l’étude que [la charge] supposait lui déplaisait ».
Un peu plus de deux ans après son accession à la magistrature, Fraser démissionna, et le 27 mars 1906, il succéda à Alfred Gilpin Jones au poste de lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse. Cette nomination aussi eut lieu dans des circonstances troubles. Apparemment, on s’était plaint de la façon dont il administrait la justice, et le premier ministre de la province, George Henry Murray*, l’avait poussé à accepter le poste, qu’il n’avait pas demandé et dont il ne voulait pas, selon ce qu’il dit plus tard à Laurier. À son grand déplaisir, le chef des conservateurs fédéraux, Robert Laird Borden*, laissa entendre qu’il s’était arrangé pour retourner à la Cour suprême à la fin de son mandat.
Fraser réussissait bien dans ses nouvelles fonctions, mais il se plaignait à Laurier qu’elles lui occasionnaient trop de frais. « Je suis pris entre l’enclume et le marteau, disait-il, et même un homme de ma corpulence ne peut supporter cette pression incessante. » À sa première réception du Nouvel An, il refusa de porter la traditionnelle tenue Windsor et n’observa pas la coutume de l’« entrée privée ». Un journal affirma que, ce faisant, il avait mis fin à « 150 ans de conventions figées et de snobisme ». Le déclin rapide de sa santé, pendant l’été de 1910, puis sa mort soudaine causèrent un choc à la province. Au cours de sa dernière apparition publique, il avait parlé avec éloquence en faveur du projet d’unification des Églises presbytériennes et méthodistes.
La carrière politique de Duncan Cameron Fraser fut, dans une certaine mesure, régie par une suite d’occasions manquées, soit qu’il ait refusé celles qui s’offraient à lui, soit qu’il se soit entêté dans des voies sans issue. Il se vantait d’avoir des positions radicales sur le libre-échange, et son libéralisme ne faisait aucun doute. Il s’opposait aux restrictions sur l’immigration chinoise ; à propos d’un projet de loi visant à rendre obligatoire l’observance du dimanche, il disait ne pas approuver « les lois qui tentent de rendre l’homme moral ». Cependant, c’est en qualité de lieutenant-gouverneur qu’il remporta le plus de succès ; il aimait la fréquentation de ses concitoyens néo-écossais. Malgré la dignité de son titre, il ne perdit jamais sa simplicité. Parmi tous les éloges qu’il suscita, celui qui lui aurait fait le plus plaisir aurait peut-être été ce commentaire d’un électeur de Guysborough : « On aime M. Fraser, il est comme nous autres. Il est venu chez moi, s’est assis, a allumé sa pipe et a craché par terre, comme quelqu’un de la famille. »
On trouve une excellente photographie de Duncan Cameron Fraser aux PANS, Photograph Div., O/S, no 15.
PANS, MG 100, 143, no 32.— Eastern Chronicle, 12 sept. 1895, 30 sept. 1910.— J. M. Cameron, Political Pictonians : the men of the Legislative Council, Senate, Chambre des communes, House of Assembly, 1767–1967 (Ottawa, [1967]).— « Masonic grand masters of the jurisdiction of Nova Scotia, 1738–1965 », E. T. Bliss, compil. (texte dactylographié, s.l., 1965 ; exemplaire aux PANS).
Allan C. Dunlop, « FRASER, DUNCAN CAMERON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/fraser_duncan_cameron_13F.html.
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Auteur de l'article: | Allan C. Dunlop |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |