FINLAYSON, DUNCAN, fonctionnaire de la Hudson’s Bay Company et gouverneur d’Assiniboia, né vers 1796 probablement à Dingwall, Écosse, décédé le 25 juillet 1862 à Londres.
Duncan Finlayson et son frère aîné Nicol quittèrent les îles Orkney en 1815 après avoir été engagés par la Hudson’s Bay Company, comme commis aux écritures (étape d’apprentissage pour devenir commis) pour une période de trois ans. Duncan Finlayson travailla d’abord sous les ordres de James Curtis Bird* à la Rivière-Rouge, qualifiée par le gouverneur George Simpson* d’« école des hommes de talent », puis succéda à Colin Robertson* à la tête du district de la rivière de la Paix de 1820 à 1821. Pendant les quatre années suivantes, il se fit remarquer par le gouverneur et reçut des rapports élogieux le présentant comme un « commis et trafiquant bien instruit et tout à fait digne de respect, [qui] cherche par son travail à mériter de l’avancement ». Cependant, il fut blessé accidentellement par un coup de fusil, ce qui l’obligea à retourner en Angleterre en 1825 pour se faire soigner et ce qui fut peut-être à l’origine de sa nomination comme commis à la Rivière-Rouge où il travailla de 1826 à 1831. Sous la sage direction de l’agent principal Donald McKenzie*, Finlayson fut promu chef de poste en 1828 ; il siégea aux conseils du département de Northern en 1828 et 1830 et assista le responsable du commerce au fort Garry (Winnipeg). Son avancement rapide – il devint agent principal en 1831 – témoigne de sa haute réputation auprès de ses collègues, et l’hommage que lui rend Simpson en 1832 en est la preuve encore plus évidente : « C’est un homme d’une grande politesse, d’une bonne éducation et d’une intégrité à toute épreuve, d’un talent supérieur à celui de la plupart de ses collègues. Il possède une grande influence sur ses égaux, ses inférieurs et les autochtones dont il est également apprécié [...] Fermeté, sang-froid et esprit de décision [en font] un de nos meilleurs fonctionnaires et de nos hommes les plus efficaces [...] on peut le placer au premier rang parmi les meilleurs et les plus doués des hommes de sa classe. »
Après sa promotion en 1831, Finlayson se rendit dans l’important département de Columbia qu’il devait diriger après le départ du docteur John McLoughlin*. Mais, contre toute attente, McLoughlin décida de rester. Finlayson s’en alla en congé de 1834 à 1835 et au printemps de 1837 quitta ce département où il s’était consacré surtout au commerce côtier. En 1832, il avait acheté le brick Lama à William Henry McNeil*, s’était rendu trois fois aux îles Sandwich (Hawaii). Il s’était occupé de préparer le premier voyage du Beaver en 1836 et avait repris les négociations avec les Russes concernant l’approvisionnement de Sitka (Alaska) en vue d’éliminer la concurrence américaine dans la région. Il avait également fait une étude du potentiel agricole de la région du détroit de Puget (Washington) et fondé le fort McLoughlin sur l’île de Dowager (Colombie-Britannique) en 1833.
Rares sont les témoignages sur les relations entre Finlayson et McLoughlin, lequel dirigea le département de Columbia jusqu’en 1846, mais on peut présumer que les deux agents principaux entretinrent pour le moins des rapports polis. Ils furent cependant en profond désaccord à plusieurs reprises. Les critiques de Finlayson en 1833 sur le projet de fondation du poste de Stikine et plus encore sa participation au projet du Beaver en 1836 heurtèrent les plans que formait McLoughlin d’établir des postes plutôt que d’effectuer le commerce à partir de bateaux. McLoughlin et Finlayson devaient néanmoins se retrouver tous deux à Londres en 1838 et 1839 lors des négociations de la compagnie avec les Russes pour l’approvisionnement et le commerce sur la côte du Pacifique.
Finlayson effectua un voyage en Écosse en 1837. De février à mai 1838 il dîna presque quotidiennement chez les Simpson à Londres. Comme le révèle son journal des 25 et 26 mai, c’est là qu’a commencé sa liaison amoureuse avec la belle-sœur de George Simpson, Isobel Graham Simpson*, qu’il épousa le 10 novembre 1838 à Bromley-by-Bow, Middlesex, en présence de Simpson et de McLoughlin. Le contrat de mariage stipulait qu’une rente et des dividendes de valeurs en portefeuille leur seraient versées ; peut-être s’agissait-il d’une dot provenant de la famille Simpson.
Finlayson devint gouverneur d’Assiniboia au printemps de 1839, et sa femme le rejoignit un an plus tard ; il dirigea la communauté de la Rivière-Rouge, prit soin des intérêts de la Hudson’s Bay Company et s’appliqua à rendre la vie agréable et stable à Upper Fort Garry (Winnipeg) durant les cinq années qu’il y passa. Pendant cette période Adam Thom*, qui venait d’être nommé recorder, réorganisa le système judiciaire de la colonie. À la même époque, on encouragea les agronomes à développer des méthodes et des cultures mieux appropriées à la région. Finlayson recruta des colons pour l’établissement que projetait la Hudson’s Bay Company au détroit de Puget, et, en 1841, il envoya 23 familles sur la côte du Pacifique, avec James Sinclair* à leur tête, pour tenter, sans succès, de repousser la pénétration américaine sur ce territoire convoité. Il dut constamment faire face aux problèmes du « libre commerce » mais il évita soigneusement d’en arriver à un véritable affrontement. Les marchands James Sinclair et Andrew McDermot*, et le trafiquant de Pembina, Norman Wolfred Kittson*, ne se livrèrent à une concurrence ouverte qu’après le départ de Finlayson de Rivière-Rouge [V. Alexander Christie*]. Son travail pendant son mandat fut un succès : Alexander Ross* déclara qu’il avait « donné des bases solides non seulement à la prospérité des Blancs mais encore à la civilisation chrétienne de la population aborigène ».
En 1844, Finlayson et sa femme déménagèrent à Lachine, Bas-Canada ; il devait y surveiller la bonne marche du département de Montréal et seconder George Simpson. Ils réalisèrent bientôt qu’ils devraient vivre avec la famille Simpson et l’aider. La petite maison mal équipée dont ils disposaient, la mauvaise santé persistante de Finlayson et, sans aucun doute, le mauvais caractère du gouverneur, les décidèrent à passer au moins trois hivers en Angleterre pendant les dix années qui suivirent. En plus de son travail administratif dans le département, Finlayson fit un voyage à Washington en 1848 avec Simpson et Henry Hulse Berens pour y entreprendre des négociations au sujet de terres appartenant à la compagnie. Lors d’un séjour en Angleterre, il aida Alexander Ross dans la publication de ses deux livres sur la Rivière-Rouge et sur le trafic des fourrures. Il fut mis à la retraite le 1er juin 1855 mais, à sa demande et grâce aux pressions de Simpson, il réintégra ses fonctions au poste de Lachine six mois plus tard. Lorsqu’il prit sa retraite en 1859 et s’installa définitivement à Londres, il fut élu membre du comité de la compagnie.
Un trait dominant de la personnalité de Finlayson fut sa capacité de se conformer à une ligne de conduite d’une grande rectitude. De plus, il s’intéressa sincèrement au sort des indigènes qui vivaient à l’intérieur de l’empire du commerce des fourrures. Dans le compte rendu de son voyage au département de Columbia en 1831, Finlayson avait condamné la façon « immorale » dont l’équipage canadien avait traité les autochtones. Tant dans le département qu’à la Rivière-Rouge, il fit de son mieux pour aider les œuvres missionnaires. Son principal légataire après la mort de sa femme fut la Church Missionary Society of England qui, pour satisfaire les désirs de Finlayson, devait fonder d’autres missions sur les territoires de la Hudson’s Bay Company dans le but de convertir les indigènes au christianisme.
Finlayson s’éleva du poste d’apprenti commis à celui d’administrateur de sa compagnie et acquit des biens de grande valeur. Même si son mariage contribua à ses nominations des dernières années, Finlayson n’en était pas moins un homme compétent. L’influence qu’il exerça sur l’administration de sa compagnie dépendit incontestablement de la volonté du gouverneur, mais personne d’autre que lui ne fut plus proche de Simpson après 1840. Homme de grands talents, Finlayson fut aussi favorisé par la chance.
APC, RG 31, 1851, Lachine.— HBC Arch., A.1/70, p.83 ; A.10/38 ; A.34/1, p.27 ; A.34/2, no 25 ; A.36/6 ; D.6/3 ; E.12/1 ; E.12/2, add. m/2 ; E.12/3–4.— PABC, Donald Ross papers, letters of Duncan Finlayson to Donald Ross, 1845–1852.— PAM, MG 2, B5, Andrew McDermot to Alexander Christie, 30 nov. 1846 ; C14, letters of Duncan Finlayson to Alexander Ross, 59, 124s.— Canadian North-West (Oliver), I : 35–78, 262.— Documents relating to NWC (Wallace).— Hargrave correspondence (Glazebrook).— HBRS, I (Rich) ; III (Fleming) ; IV (Rich) ; VI (Rich) ; XXIV (Davies et Johnson).— Mactavish, Letters of Letitia Hargrave (MacLeod).— I. [G. Simpson] Finlayson, York Boat journal, A. M. Johnson, édit., Beaver, outfit 282 (sept. 1951), 32–35 ; (déc. 1951), 32–37.— Times (Londres), 1er août 1862.— Rich, History of HBC, II.— Ross, Red River Settlement (1972), 121, 341s.
Gerald Friesen, « FINLAYSON, DUNCAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/finlayson_duncan_9F.html.
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Auteur de l'article: | Gerald Friesen |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
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