BALLANTYNE, ROBERT MICHAEL, trafiquant de fourrures et auteur, né le 24 avril 1825 à Édimbourg, fils d’Alexander Ballantyne et d’Anne Randall Scott Grant ; le 31 juillet 1866, il épousa Jane Dickson Grant, et ils eurent six enfants ; décédé le 8 février 1894 à Rome.

Le père de Robert Michael Ballantyne était le frère cadet de James Ballantyne, l’imprimeur des romans de sir Walter Scott. Lorsque ce dernier fit subitement faillite en janvier 1826, Alexander Ballantyne, qui avait investi dans l’entreprise de son frère, partagea le même revers. Sa famille vécut par la suite dans des conditions difficiles. À 16 ans, Robert Michael obtint un poste à la Hudson’s Bay Company grâce à l’influence de cousines éloignées : Frances Ramsay Simpson*, femme de sir George Simpson*, gouverneur de la compagnie, ainsi que la sœur de cette dernière, Isobel Graham Simpson*, épouse du gouverneur d’Assiniboia, Duncan Finlayson*. Dans un contrat daté du 31 mai 1841, Ballantyne fut nommé commis débutant pour une période de cinq ans au salaire annuel de £20.

Ballantyne arriva à York Factory (Manitoba) le 21 août, et dix jours plus tard il partait avec un convoi vers la colonie de la Rivière-Rouge. James Hargrave*, chef de poste à York Factory, pensa que les Simpson aimeraient que Ballantyne soit près des Finlayson, et il l’affecta donc à Upper Fort Garry (Winnipeg) à titre de commis comptable. En juin 1842, on l’envoya à Norway House où il travailla une année. Sa troisième affectation fut à York Factory, où il poursuivit son travail de commis jusqu’en juin 1845.

La première impression que Ballantyne fit, en 1841, sur Letitia Hargrave [MacTavish*], épouse de James Hargrave, était celle d’un être « intelligent, très courtois et divertissant ». Mais durant ses quatre années de service dans Rupert’s Land le manque d’aptitudes de Ballantyne mit à rude épreuve la patience de ses supérieurs. En 1843, Letitia Hargrave écrivit qu’il était « un petit commis inutile qui [pouvait] à peine copier », tandis que son mari le disait aussi inapte à être comptable « qu’à être archevêque de Cantorbéry ». Ballantyne lui-même s’intéressait davantage aux aventures dans la nature sauvage qu’à la comptabilité. Les Hargrave ne pouvaient se douter que sa puissance d’observation et d’expression lui permettrait plus tard de décrire avec précision les diverses facettes du mode de vie relié à la traite des fourrures.

Selon James Hargrave, au cours de son dernier hiver à York Factory, Ballantyne souffrit d’une « santé médiocre, sa constitution ne convenant pas à ce climat inhospitalier », et par conséquent on l’affecta à Lachine, dans le Bas-Canada. Déçu d’apprendre qu’on le destinait au poste de secrétaire du gouverneur Simpson, Ballantyne demanda un poste dans une région sauvage. En janvier 1846, il partit en raquettes avec George Barnston* pour les postes du roi de la rive nord du Saint-Laurent. Ils arrivèrent à Tadoussac le 7 février. Un mois plus tard, on mutait Ballantyne à Îlets-Jérémie puis, en avril, à Sept-Îles pour relever le commis sortant. Son contrat de cinq ans devait se terminer en juin mais, comme il n’avait pas donné un préavis suffisant pour qu’on puisse lui trouver un remplaçant, il dut rester en poste durant l’hiver de 1846–1847. Il quitta Tadoussac le 9 mai 1847 et, plus tard le même mois, prit le bateau à New York pour retourner en Écosse.

La carrière littéraire de Ballantyne naquit de l’ennui qui régnait dans les postes de traite isolés où, pour passer le temps, il écrivait de longues lettres descriptives à sa mère. Plus tard, il devait mentionner qu’à Sept-Îles il n’y avait ni gibier à chasser ni livres pour se distraire, « mais [qu’il] avai[t] une plume et de l’encre, et par bonheur étai[t] en possession d’un cahier de feuilles blanches d’un bon pouce d’épais ». C’est ainsi qu’il coucha sur papier son expérience de la traite des fourrures. Après son retour en Écosse, une dame âgée qui avait pris plaisir à lire ses lettres lui offrit de financer une édition privée de ses souvenirs. En mars 1848 paraissait le livre Hudson’s Bay ; or, every day-life in the wilds of North America [...].

Même si Ballantyne, qui avait trouvé un emploi chez des éditeurs d’Édimbourg, n’avait toujours pas l’intention de faire une carrière d’écrivain, son intérêt pour l’exploration dans l’Arctique l’amena à réviser l’ouvrage de Patrick Fraser Tytler, Historical view of the progress of discovery on the more northern coasts of America [...], publié à Édimbourg en 1832. La nouvelle édition, qui visait un public jeune, parut à Londres et à Édimbourg en 1853 sous le titre : The northern coasts of America, and the Hudson’s Bay territories [...].

À la lecture de Hudson’s Bay, William Nelson, éditeur d’Édimbourg, suggéra à Ballantyne d’écrire un livre à l’intention des jeunes, en mettant peut-être l’accent sur quelques-unes de ses premières aventures. En novembre 1856, Snowflakes and sunbeams ; or, the young fur traders [...] parut à Londres, et Ballantyne était lancé comme auteur pour jeunes garçons. Un an plus tard, il écrivit un autre livre centré sur une région du Canada : Ungava ; a tale of Esquimaux-land. Ce livre, daté de 1858, parut en novembre 1857, juste à temps pour les achats de Noël. On croit que Ballantyne en obtint les idées de Nicol Finlayson*, le fondateur de fort Chimo (Kuujjuaq, Québec), qui avait pris depuis peu sa retraite en Écosse. Le même Noël parut The coral island ; a tale of the Pacific Ocean.

On attribue à Ballantyne la rédaction de 74 volumes au cours des 30 années suivantes, dont 62 récits indépendants ; si l’on ajoute ses histoires illustrées pour enfants et ses manuels, il écrivit plus de 90 livres. Ses récits d’aventures, dont plus de 20 se déroulent dans les Prairies, les Rocheuses et l’Arctique, sont empreints d’un souci de vraisemblance. Bien que les intrigues soient parfois minces et le ton chargé de morale victorienne, ses histoires pleines d’action eurent une grande popularité auprès de son jeune auditoire. Il illustra lui-même bon nombre de ses livres, car il s’adonnait au dessin et à l’aquarelle et exposa assez souvent à la Royal Scottish Academy.

Les livres de Ballantyne furent souvent réimprimés, plusieurs connurent de nouvelles éditions et quelques-uns ne sont toujours pas épuisés. Aucune de ses œuvres de fiction ultérieures ne fut cependant aussi populaire que les trois premières ; malheureusement, il ne put tirer profit de leur réimpression car il avait vendu ses manuscrits et tous ses droits à son premier éditeur, Thomas Nelson. En 1863, il passa chez James Nisbet, éditeur de Londres, qui versait des droits d’auteur convenables. Ballantyne arrondissait ses revenus d’auteur en donnant des conférences publiques sur la vie dans Rupert’s Land, au cours desquelles il projetait des dessins à l’aide d’une lanterne magique et exposait des souvenirs de la traite des fourrures.

Vers 1890, Robert Michael Ballantyne commença à souffrir de vertiges et de nausées, premier symptômes du syndrome de Ménière, et il éprouva de plus en plus de difficultés à poursuivre son œuvre littéraire. En octobre 1893, accompagné d’une de ses filles, il se rendit à Rome pour se faire admettre dans une clinique médicale. Il mourut dans cette ville quatre mois plus tard et on l’enterra au cimetière anglais de Rome. Une souscription publique en Grande-Bretagne permit qu’on lui élève une pierre tombale ; parmi les dons reçus, il y avait beaucoup de pennies ou de sixpences, cadeaux d’écoliers à qui les récits d’aventures publiés chaque Noël par Ballantyne avaient procuré tant de joies.

Bruce Peel

Robert Michael Ballantyne publia des souvenirs de sa carrière littéraire dans An author’s adventures, or personal reminiscences in bookmaking (Londres, [1893]). Il est l’auteur de nombreux volumes pour garçons, dont un bon nombre ont connu plusieurs éditions et réimpressions. L’ouvrage d’Eric Quayle, R. MBallantyne : a bibliography of first editions (Londres, 1968) et le National union catalog contiennent des inventaires détaillés de sa production littéraire.

PAM, HBCA, A.1 1/2 8 : fo 264d ; A.32/21 : fo 77 ; B.134/c/62 : fo 341 ; B. 134/g/20 : 175 ; B.154/a/37 : fo 19 ; B. 214/ a/1 ; B.235/d/84 : fo 4 ; B.239/a/154 ; B.239/g/22 ; C.4/1 : fo 20d ; D.5/11 : fo 238d ; D.5/13 : fo 371d ; D.5/14 : fo 94.— Letitia [Mactavish] Hargrave, The letters of Letitia Hargrave, Margaret Arnett MacLeod, édit. (Toronto, 1947).— Times (Londres), 10 févr. 1894.— British Library general catalogue.— DNB.— Eric Quayle, Ballantyne the brave ; a Victorian writer and his family (Londres, 1967).— J. W. Chalmers, « Ballantyne and the Honourable Company », Alta. Hist. Rev., 20 (1972), n1 : 6–10.

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Bruce Peel, « BALLANTYNE, ROBERT MICHAEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ballantyne_robert_michael_12F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
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