FIELD, ROBERT, peintre, né vers 1769, probablement à Londres ; décédé le 9 août 1819 à Kingston, Jamaïque.

Même si l’on est mal renseigné sur les débuts de la carrière de Robert Field en Angleterre, on sait qu’il fit son apprentissage dans les écoles de la Royal Academy, à Londres, en 1790. Quatre ans plus tard, il émigra aux États-Unis, à l’instar de nombreux autres artistes et artisans britanniques, attirés par la prospérité qui régnait dans la nouvelle république. Après un bref séjour à Baltimore, au Maryland, il fixa sa résidence dans la capitale nationale, Philadelphie. Il se joignit immédiatement à un groupe d’artistes dirigés par Charles Willson Peale, peintre et naturaliste renommé, pour la création du Columbianum or American Academy of the Fine Arts, organisme qu’on voulait, au dire de Field, « le plus ouvert, le plus libéral et le plus grand au monde ». Des artistes nés aux États-Unis s’étant opposés à la structure autoritaire et quasi monarchique de l’académie – George Washington devait jouer un rôle analogue à celui de George III à titre de premier patron de l’organisme, et des « visiteurs » devaient voyager de ville en ville pour désigner les artistes qui seraient admis au sein de l’académie – Field et sept autres immigrants anglais fondèrent un organisme rival, le Columbianum or National College of Painting, Sculpture, Architecture and Engraving. L’organisme échoua et disparut peu de mois après, mais l’American Academy continua son activité jusqu’à son remplacement par la Pennsylvania Academy of the Fine Arts, en 1805.

Field passa 14 ans aux États-Unis, travaillant comme miniaturiste à Baltimore, Philadelphie, Washington et Boston. Au cours de ces années, il produisit des miniatures de George et Martha Washington, de Thomas Jefferson et d’un vaste éventail de gens éminents dans les cercles sociaux, économiques et politiques de la société américaine. En mai 1808, il quitta les États-Unis pour Halifax, ville qui connaissait une prospérité sans précédent à cause de sa situation comme base des opérations navales britanniques. Peu après son arrivée, il y installa son studio dans la – librairie d’Alexander Morrison et, dans une annonce publiée dans un journal, il faisait part de son intention « d’exercer sa profession de portraitiste dans le domaine de la peinture, de l’aquarelle et de la miniature ». Pendant les années qui suivirent, s’il continua de produire des miniatures, il peignit aussi plus de 50 portraits à l’huile de fonctionnaires gouvernementaux, d’officiers, de marchands et de membres divers de « la haute bourgeoisie » de Halifax : c’est ainsi qu’il peignit l’évêque Charles Inglis, Wentworth, Prevost, Sherbrooke* et sir Alexander Forrester Inglis Cochrane, vice-amiral dans la marine royale (dont le portrait fut montré à l’exposition de la Royal Academy, à Londres, en 1810). Field fut en outre une figure importante dans les cercles sociaux de Halifax : il fut membre honoraire de la Charitable Irish Society et, en 1812 et 1813, l’un des dignitaires de la St John’s Masonic Lodge No. 211.

En peu d’années, Field épuisa les possibilités du marché des portraits à l’huile à Halifax. Aussi, au début de 1816, il s’embarqua pour la Jamaïque ; il s’établit d’abord à Montego Bay, puis à Kingston. Il mourut le 9 août 1819, apparemment de la fièvre jaune, et fut enseveli dans un tombeau anonyme, dans le vieux cimetière West Ground, appelé maintenant le Strangers’ Burial Ground, près de l’église paroissiale de Kingston.

Généralement reconnu comme l’un des principaux miniaturistes d’Amérique, Robert Field fut probablement le peintre professionnel le mieux formé qui s’installa au Canada au début du xixe siècle. Abordant le portrait dans le style traditionnel néo-classique de Henry Raeburn et de Gilbert Stuart, il ne variait guère sa manière d’une œuvre à l’autre. N’empêche que les portraits à l’huile qu’il peignit pendant son séjour à Halifax sont un exemple frappant de patronage artistique dans le Canada colonial.

Sandra Paikowsky

Pa., Hist. Soc. (Philadelphie), Academy of Fine Arts, minutes and papers, 1794–1830 ; F. J. Dreer coll., painters and engravers.— PANS, MG 20, 66 ; MG 100, 141, no 10.— Notes on American artists, 1754–1820, copied from advertisements appearing in the newspapers of the day ; to which is added a list of portraits and sculpture in the possession of the New-York Historical Society, William Kelby, compil. (New York, 1922 ; réimpr., 1970).— Acadian Recorder, 2 janv., 25 nov. 1815, 31 août 1816, 11 sept. 1819.— British Colonist (Halifax), 3 oct. 1848.— Kingston Chronicle and City Advertiser (Kingston, Jamaïque), 18 mars, 11 août 1819.— Nova Scotia Royal Gazette, 7 juin 1808, 14 sept. 1814. Art Gallery of N.S., [Robert Field, 1769–1819] ; an exhibition organized by the Art Gallery of Nova Scotia, Halifax, October 5 to November 27, 1978 (Halifax, 1978). Mantle Fielding, Dictionary of American painters, sculptors, and engravers ; with an addendum containing additional material on the original entries, J. F. Carr, compil. (New York, 1965). J. R. Harper, Early painters and engravers in Canada ([Toronto], 1970).— The New-York Historical Society’s dictionary of artists in America, 1564–1860, G. C. Groce et D. H. Wallace, compil. (New Haven, Conn., et Londres, 1957). J. C. Smith, British mezzotinto portraits ; being a descriptive catalogue of these engravings from the introduction of the art to the early part of the present century [...] (4 part. en 5 vol., Londres, [1878–1884]).— D. M. Stauffer et Mantle Fielding, American engravers upon copper and steel [...] (3 vol., New York et Philadelphie, 1907–1917 ; réimpr., New York, 1964).— H. B. Wehle et Theodore Bolton, American miniatures, 1730–1850 [...] & a biographical dictionary of the artists (Garden City, N.Y., 1927 ; réimpr., New York, 1970).— Theodore Bolton, Early American portrait painters in miniature (New York, 1921).— William Dunlap, A history of the rise and progress of the arts of design in the United States (2 vol., New York, 1834 ; nouv. éd., 2 vol. en 3, Rita Weiss, édit., introd. de J. T. Flexner, 1969).— Harry Piers, Robert Field, portrait painter in oils, miniature and water-colours and engraver (New York, 1927).— C. C. Sellers, Charles Willson Peale (New York, 1969).— Frank Cundall, « More about Robert Field », Connoisseur (Londres), 77 (janv.–avril 1927) : 187.— C. R. Grundy, « Robert Field, an Anglo-American artist », Connoisseur, 76 (sept.–déc. 1926) : 195–198.— Barry Lord, « Portraits of a young hero : two versions of Robert Field’s « Portrait of Lieutenant Provo William Party Wallis », Galerie nationale du Canada, Bull. (Ottawa), 20 (1972) : 13–21.— Harry Piers, « Artists in Nova Scotia », N.S. Hist Soc., Coll., 18 (1914) : 112–119.— G. C. Williamson, « Robert Field, American miniature painter », Connoisseur, 79 (sept.–déc. 1927) : 50s.

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Sandra Paikowsky, « FIELD, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/field_robert_5F.html.

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Auteur de l'article:    Sandra Paikowsky
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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
Date de consultation:    28 novembre 2024