COMINGO, JOSEPH BROWN, peintre, né en 1784 à Lunenburg, Nouvelle-Écosse, fils aîné de Romkes Comingo et de Jane (Jeanne) Margaret Bailly ; le 6 décembre 1812, il épousa à Halifax Elizabeth Winslow Reynolds, et ils eurent trois enfants ; décédé en 1821 à Nassau, Bahamas.

Autant qu’on puisse en juger, Joseph Brown Comingo fut le premier peintre professionnel né en Nouvelle-Écosse. Sa première œuvre connue est un portrait de son grand-père, le révérend Bruin Romkes Comingo*, qu’il peignit vers 1800. Bien qu’il ait peut-être reçu des leçons de John Thomson ou d’un autre des artistes itinérants qui travaillèrent à Halifax et dirigèrent des écoles de dessin avant 1809, il n’existe aucun document faisant état de ses études artistiques. De 1808 à 1820, toutefois, son travail et ses déplacements sont assez bien connus. En 1808, il était à Fredericton et travaillait à l’auberge de John MacLeod, où il peignait « des portraits à l’aquarelle en miniature et des portraits de famille ». Deux ans plus tard, il se trouvait à Halifax, rue Grafton, où il exécutait des portraits à l’huile ainsi que « des miniatures de différentes sortes sur ivoire et papier vélin ». Il offrait également ses services pour enseigner chez lui « le dessin et la peinture, entre autres le paysage, le portrait, la peinture florale ». En 1811, il mit une annonce dans le Halifax Journal pour informer ses clients éventuels qu’ils devaient « présenter une demande aussitôt que possible, car il prévo[yait] quitter la ville sous peu ». Ensuite, durant plusieurs années, il semble qu’il voyagea beaucoup, exerçant son art pendant de courtes périodes à Halifax, Saint-Jean, Fredericton, Lunenburg et Yarmouth. Vers 1821, il se rendit à Nassau, aux Bahamas, où il mourut à 37 ans, peu de temps après son arrivée.

Comingo fut apparemment un artiste assez fécond, et plusieurs de ses peintures lui ont survécu. En 1812, tandis qu’il demeurait à Halifax, il réalisa un petit portrait à l’aquarelle de George Mathew, quartier-maître du 99th Foot (cette œuvre fut un temps attribuée à Robert Field*). Deux ans plus tard, il peignit une miniature de Thomas Henry Bailey, maître de caserne au fort Anne, à Annapolis Royal, et fils du révérend Jacob Bailey*. La même année, il fit un portrait en miniature sur ivoire, exécuté de profil, d’Andrew Crookshank de Saint-Jean, qui se trouve présentement au Musée du Nouveau-Brunswick, ainsi qu’une aquarelle intitulée View of Saint John. Pendant qu’il était à Lunenburg, en 1816, il peignit une vue de la ville et de son port ; l’année suivante, à Halifax, il exécuta l’une de ses plus belles miniatures, soit un portrait sur ivoire d’Anne Henry (Murdoch). En 1817, il peignit View of the Town of Yarmouth, qui fait aujourd’hui partie de la collection des Public Archives of Nova Scotia. Juste avant de quitter la Nouvelle-Écosse, il fit le portrait en miniature de deux citoyens de Yarmouth, Joseph et Mary Tooker. Ces tableaux furent reproduits en 1952 dans un numéro de la revue Antiques, où on affirmait à tort qu’ils avaient été peints à Baltimore, dans le Maryland.

Marqués par le goût néo-classique de l’époque, les tableaux de Comingo tendaient vers le formalisme élégant qui était propre au style européen dit « grande manière ». Bien qu’elle laisse voir l’influence des excellents portraits de Robert Field, l’œuvre de Comingo est empreinte de la naïveté qui caractérise la peinture coloniale. Ses compositions mettent l’accent sur la ligne plutôt que sur la forme, sur le détail plutôt que sur l’ensemble. Le changement et l’originalité, dans son travail, étaient limités par les conventions de la peinture de portraits en miniature. Seules de légères modifications dans la pose du modèle ou dans la façon de placer celui-ci étaient permises dans ce genre de tableaux. La délicatesse du dessin et la transparence des couleurs compensent le manque de perspective. Le charme et la netteté de ses compositions montrent que Comingo cherchait ce mélange d’idéalisme et de pragmatisme qui a tant marqué la peinture canadienne à ses débuts.

Joseph Brown Comingo laissa derrière lui sa femme Elizabeth, qui mourut centenaire en 1893 à Chester, en Nouvelle-Écosse, et trois enfants prénommés Jane Catherine, Joseph et Elizabeth Brown. Les dernières années de la vie de l’artiste ont été entourées d’une certaine confusion à cause de l’existence de son oncle J. Brown Comingo, qui était le fils du révérend Bruin Romkes Comingo et qui fut maître d’école à Lunenburg jusqu’à la fin des années 1860.

Donald C. Mackay et Sandra Roslyn Paikowsky

PANS, MG 4, 94–105 ; MG 100, 125, nos 17–17f (photocopies).— Halifax Journal, 1er oct., 1er déc. 1810, 19 août 1811.— New-Brunswick Courier, 17 août 1814.— New-Brunswick Royal Gazette, 12 sept. 1808, 17 juin 1815.— Nova-Scotia Royal Gazette, 9 déc. 1812.— J. R. Harper, Early painters and engravers in Canada ([Toronto], 1970).— M. B. DesBrisay, History of the county of Lunenberg (2e éd., Toronto, 1895).— J. R. Harper, Painting in Canada, a history (Toronto et Québec, 1966).— Harry Piers, Robert Field, portrait painter in oils, miniature and water-colours, and engraver (New York, 1927).— 200 years of art in Halifax ; an exhibition prepared in honour of the bicentenary of the founding of the City of Halifax, N.S., 1749–1949 (Halifax, 1949).— Antiques (New York), 62 (1952) : 182.— William Hazen, « The earliest painting of Saint John », N.B. Hist. Soc., Coll., no 17 (1961) : 97–101.— D. C. Mackay, « Artists and their pictures », Canadian Antiques Collector (Toronto), 7 (1973), no 1 : 81–86.

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Donald C. Mackay et Sandra Roslyn Paikowsky, « COMINGO, JOSEPH BROWN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/comingo_joseph_brown_6F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
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