EVANS, FRANCIS, ministre de l’Église d’Angleterre et éducateur, né le 1er janvier 1801 à Lough Park (république d’Irlande), fils de Francis Evans ; vers 1825, il épousa Maria Sophia Lewis, et ils eurent six fils et six filles ; décédé en septembre 1858 dans le comté de Westmeath et inhumé à Castlepollard (république d’Irlande).

Francis Evans, diplômé du Trinity College de Dublin, arriva dans le Bas-Canada en 1824 avec l’intention de devenir ministre de l’Église d’Angleterre. Sa décision d’émigrer au pays fut peut-être influencée par le fait que son oncle, Thomas Evans*, soldat, s’y trouvait déjà. Peu de temps après son arrivée, il retourna en Europe pour se marier, puis il revint dans la colonie. Ordonné diacre le 11 novembre 1826, il fut nommé vicaire deux jours plus tard auprès du révérend Robert Quirk Short*, à Trois-Rivières, et consacré prêtre le 27 octobre 1827 par l’évêque Charles James Stewart*. Contrairement à l’un de ses prédécesseurs, le révérend Leger-Jean-Baptiste-Noël Veyssière*, Evans connut du succès à Trois-Rivières et il nota en 1827 que le nombre de ses fidèles s’était accru du tiers depuis son arrivée, même si la population n’avait pas augmenté. Cependant, il accepta un travail missionnaire dans le Haut-Canada, sous le patronage de la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts, et il céda son poste au révérend Samuel Simpson Wood*. En octobre 1828, avec sa jeune famille qui s’agrandissait, il alla s’installer dans le comté de Norfolk afin d’exercer son ministère à l’église St John, située près du village de Simcoe, dans le canton de Woodhouse.

Evans était le premier pasteur anglican à s’établir dans le canton, bien que les paroissiens, en grande partie des loyalistes et des descendants de ce groupe, aient construit l’église quelques années plus tôt en espérant la venue d’un ministre permanent. Jusque-là, les ministres de l’Église d’Angleterre, dont Robert Addison* et Robert Lugger*, n’étaient venus que pour des visites occasionnelles. Comme la plupart de ses collègues anglicans, Evans concentra les activités régulières de son pastorat sur quelques groupes de fidèles. Il tenta cependant de prêcher à l’occasion dans « tous les endroits qu’il [lui était] possible de visiter ». Constatant que son travail était bien accueilli, il nota en 1830 : « Il est particulièrement agréable de voir que les préjugés très répandus contre notre [Église] disparaissent fort rapidement. »

Toutefois, à cause de sa situation privilégiée, l’Église d’Angleterre, comme ceux qui étaient à son service, s’attirait une nuée d’ennemis. William Lyon Mackenzie*, par exemple, décrivit publiquement Evans à deux reprises comme insensible et insouciant, défauts qui étaient censés être typiques du clergé anglican. En 1836, Evans fut une nouvelle fois l’objet de l’attention publique lorsqu’il obtint l’un des 44 rectories que le lieutenant-gouverneur sir John Colborne* avait créés en réaction contre ceux qui critiquaient les prétentions de l’Église d’Angleterre au titre d’Église établie. Les rectories et, d’une manière générale, les prétentions de l’Église d’Angleterre contribuèrent assurément à provoquer la rébellion du Haut-Canada, qui affecta sérieusement Evans.

En décembre 1837, Charles Duncombe* et Eliakim Malcolm, ayant eu vent de la rumeur que les rebelles avaient pris Toronto, rassemblèrent une troupe de 400 à 500 insurgés au sud-ouest de Brantford. Dans la nuit du 12 décembre, Evans prit la tête d’un petit groupe de loyalistes qui traversèrent les lignes des rebelles pour porter des messages à Brantford. Le lendemain, le rector se rendit bravement au camp des insurgés, afin de « sermonner », comme le raconta un de ses collègues, « les schismatiques dupés ». Evans leur annonça que le gouverneur, dans une proclamation, avait promis le pardon à ceux qui retourneraient pacifiquement dans leurs foyers. Pour tout résultat, il fut gardé prisonnier. Heureusement, il fut bientôt relâché lorsque les rebelles se dispersèrent en apprenant que Mackenzie avait été défait à Toronto et que des troupes, dirigées par Allan Napier MacNab*, marchaient sur eux. Mais Evans ne put échapper à la controverse. Au cours des procès qui suivirent, il témoigna contre plusieurs des principaux rebelles, ce qui lui attira encore plus de rancune. Le 2 octobre 1838, une bande d’émeutiers occupa l’église congrégationaliste du canton de Burford afin de l’empêcher de prêcher.

L’agitation finit par s’éteindre, et Evans reprit ses occupations habituelles, peu rémunératrices. À l’instar des autres ecclésiastiques, il lui fallut enseigner pour augmenter son maigre revenu. Il dirigea d’abord un pensionnat et commença d’enseigner à la grammar school du district, lorsque l’école ouvrit ses portes à Simcoe en 1839. En tant que professeur, il s’intéressa particulièrement aux élèves qui se destinaient au ministère. En outre, il s’acquitta consciencieusement de ses fonctions pastorales et il mit sur pied quelque 14 communautés de fidèles dans le district avoisinant. Il se dépensa également pour l’Upper Canada Bible Society et il prêcha la tempérance. Dans les années 1850, il aida à la mise sur pied du diocèse de Huron et, en 1857, il mena une campagne pour l’élection de son collègue irlandais évangélique, Benjamin Cronyn*, comme premier évêque. Avec d’autres, il fonda ensuite la Church Society du nouveau diocèse. Toujours en 1857, il reçut un doctorat du Trinity College à Toronto. Au moment de sa mort, il était archidiacre et doyen rural du comté de Norfolk.

Ces tâches épuisèrent Francis Evans. L’évêque John Strachan*, qui le considérait comme « un missionnaire actif et dévoué », l’avait averti en 1855 que la poursuite de ses « travaux habituels » serait au-dessus de ses forces, et il avait raison. Prenant congé en 1858, Evans se rendit en Irlande dans l’espoir de recouvrer la santé, mais ce fut en vain, car il y mourut entre le 5 et le 7 septembre, après avoir passé une semaine seulement en compagnie d’un de ses frères et d’une de ses sœurs. Il avait accompli au Canada une impressionnante somme de travail qui, sans être spectaculaire, eut des effets durables, et il laissait derrière lui une famille nombreuse et fort instruite. Comme il convenait, son fils, William B. Evans, devint plus tard rector du canton de Woodhouse.

Colin Frederick Read

AO, MS 35, letter-books, 1839–1843 :107, 235, 245, 260, 263 ; 1844–1849 : 134, 306 ; 1852–1866 : 18 ; 1853–1854 : 312 ; 1854–1862 : 13, 20, 49, 92, 174 ; unbound papers, letters missive authorizing the bishop of Quebec to institute the Reverend Francis Evans to the parsonage in the township of Woodhouse, 16 janv. 1836 ; Evans à [John Strachan], 29 févr. 1848.— APC, RG 5, A1 : 99167, 112558–112561, 112570–112573, 112663, 112665, 112674–112675, 112706–112706A, 112709–112712, 114638–114641 ; RG 9,I, B1, 45, G. W. Whitehead à James Winniett, 19 oct. 1838, lettre incluse dans celle de Winniett à Colonel Bullock, 22 oct. 1838 ; RG 31, AI, 1851, Woodhouse Township : 113.— ÉÉC-Q, 71 : 91–93 ([Francis] Evans, Woodhouse, U.C., parish report, 1833) (copie dactylographiée à l’Église épiscopale du Canada, Diocese of Huron Arch.).— Église épiscopale du Canada, Diocese of Huron Arch. (London, Ontario), Incorporated Church Soc. of the Diocese of Huron, minute-book, 1858–1864, 2, 6, 16.— Trinity College Arch. (Toronto), Degree-book, 1852–1904, entrée à Francis Evans.— USPG, C/CAN/folder 474 ; X7 : 158–170 (mfm aux APC).— UWOL, Regional Coll., William Wood diaries : 22–33 (copie dactylographiée).— Church, 3 nov. 1838 : 78–79.— W. L. Mackenzie, Sketches of Canada and the United States (Londres, 1833), 128–129.— SPG, [Annual report] (Londres), 1829 : 141.— A. H. Crowfoot, Benjamin Cronyn, first bishop of Huron ([London, Ontario], 1957), 65–66, 68, 76.— A. E. E. Legge, The Anglican Church in Three Rivers, Quebec, 1768–1956 ([Russell, Ontario], 1956).— Millman, Life of Charles James Stewart.— E. A. Owen, Pioneer sketches of Long Point settlement [...] (Toronto, 1898 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1972), 417–418.— Read, Rising in western U.C.— Historicus, « Pioneer clergy of the diocese of Huron, ii », Huron Church News (London), 1er janv. 1952 : 6 (on y trouve un portrait du sujet).— Henry Johnson, « St. John’s Church, Woodhouse », Western Ontario Hist. Notes (London), 14 (1957–1958), n° 1 : 11–20.

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Colin Frederick Read, « EVANS, FRANCIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/evans_francis_8F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
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