SHORT, ROBERT QUIRK, prêtre de l’Église d’Angleterre, né vers 1759 à Withycombe Hall, Somerset, Angleterre, fils de John Short ; décédé le 31 janvier 1827 à Trois-Rivières, Bas-Canada.

Robert Quirk Short entra à l’University of Oxford en 1778 et fut ordonné diacre de l’Église d’Angleterre en 1783, puis prêtre, le 30 septembre 1787. Il servit comme vicaire dans le diocèse de Bath and Wells, où apparemment il donna satisfaction. Il épousa Mary Wood et, dès 1796, le couple avait sept enfants. Au printemps de cette année-là, ils émigrèrent à New York mais, comme ils ne parvenaient pas, selon leur dessein, à y acheter une terre, ils partirent à l’automne pour Kingston, au Haut-Canada.

En mars 1798, Short écrivit à l’évêque de Québec, Jacob Mountain, pour lui solliciter une charge pastorale dans le diocèse. Sa lettre n’impressionna pas Mountain, qui trouva Short dépourvu de deux qualités qu’il appréciait chez les ecclésiastiques, l’éducation et le jugement. Il décida donc d’attendre des références d’Angleterre et demanda à son commissaire au Haut-Canada, John Stuart*, d’observer Short. Le commissaire conclut qu’en raison de la vivacité de son tempérament et de ses écarts de langage, Short n’était pas un candidat convenable. Entre-temps, ce dernier, qui avait prêché et exercé la médecine à Kingston, était tombé dans une misère telle qu’à l’automne de 1799 il ne pouvait se payer ni nourriture ni chauffage. Mountain lui fit porter un peu de bois et lui envoya un don de £10 à titre personnel. En novembre, pris de pitié pour la famille Short et devant la difficulté d’obtenir d’Angleterre des prêtres qualifiés, il accepta Short comme missionnaire. La Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts, qui aurait à payer une partie du salaire, s’opposa à cette nomination en raison de l’opinion négative de Stuart, mais le besoin que Mountain avait de nouveaux prêtres prévalut.

Short fut affecté, avec un salaire de £200, à la seigneurie de Saint-Armand, sur les bords du Richelieu, où un assez grand nombre d’anglophones s’étaient établis après la Révolution américaine. Son séjour fut bref : en 1801, il prit la succession de Jehosaphat Mountain* à Trois-Rivières, avec le même salaire. La communauté anglicane de l’endroit, expliqua-t-il à l’évêque, était petite et vivait dans des conditions difficiles ; parmi ses membres, moins de 20 adultes assistaient régulièrement aux offices dominicaux, qui se tenaient dans l’ancienne chapelle des récollets. Quinze ans après son affectation, Short rapportait que la congrégation se trouvait encore dans l’incapacité de verser « un seul sou » pour contribuer à sa subsistance. En 1820, elle n’avait encore ni calice ni burette et ne pouvait s’offrir ni la construction d’une église ni celle d’un presbytère. Il n’y avait pas de terre bénéficiale et aucune donation n’avait été faite pour les pauvres. Short était également aumônier auprès des soldats en garnison dans la ville.

Les réserves que Stuart avait exprimées au sujet de Short se trouvèrent confirmées dans une certaine mesure à Trois-Rivières. L’évêque eut vent de plusieurs conflits entre le prêtre et ses paroissiens ; le clerc de la paroisse se plaignit de ce que Short avait refusé d’inhumer l’enfant d’un non-conformiste, et un membre de la congrégation qualifia les honoraires du vicaire d’« extorsion », ce qui valut à Short une réprimande sévère de la part de Mountain. L’archidiacre George Jehoshaphat Mountain* le blâma du succès que les méthodistes remportaient à Trois-Rivières. Quelques années plus tard par contre, selon l’historien Benjamin Sulte*, plusieurs habitants de la ville, en évoquant le souvenir de Short, disaient qu’il était « instruit, aimable, bon causeur, actif, homme du monde », et que les grandes familles de Trois-Rivières, notamment les Antrobus, les Bell et les Hart, le recevaient souvent. En fait, Short favorisa l’élection d’Ezekiel Hart* à la chambre d’Assemblée en 1807 et prit, en 1811, la défense de Benjamin Hart*, que le colonel Thomas Coffin* souhaitait exclure de la milice, de toute évidence parce qu’il était de religion juive. Plus d’une fois, les jeunes gens de la ville, menés par Charles Richard Ogden*, peignirent son vieux cheval et le harnachèrent bizarrement, plaisanterie que Short accueillit avec bonne humeur. D’un naturel assez excentrique, ce qui ne plaisait guère à son évêque, il invita même ses amis à l’essai d’une machine volante de son invention ; il faillit d’ailleurs être grièvement blessé.

Le 15 août 1823, Trois-Rivières fut érigé en paroisse par lettres patentes et Robert Quirk Short en fut nommé rector. La même année, le gouvernement versa des fonds pour la conversion de la chapelle des récollets en église et pour l’achat d’un presbytère qui serait formé de la section du monastère des récollets alors utilisée comme palais de justice et prison. Au cours de l’automne de 1823, Short s’installa dans ce qui avait été la prison, et, en 1826, la chapelle rénovée fut ouverte au culte. Les huit dernières années de Short furent assombries par la maladie, de sorte que la paroisse réclama à plusieurs reprises un assistant. Finalement, Francis Evans* arriva en novembre 1826. Short mourut l’année suivante, à l’âge de 68 ans, et Samuel Simpson Wood* lui succéda comme rector ; Evans assuma la direction de la paroisse jusqu’à l’installation de Wood en 1829.

Robin B. Burns

ANQ-MBF, CE1-50, 3 févr. 1827.— EEC-Q, 70 ; 74, 23 juill. 1801 ; 87, 15 avril, 21 oct. 1806 ; 107 : 1.— La Gazette de Québec, 25 avril 1816.— Montreal Gazette, 5 févr. 1827.— A. E. E. Legge, The Anglican Church in Three Rivers, Quebec, 1768–1956 ([Russell, Ontario], 1956).— Millman, Jacob Mountain ; The life of the Right Reverend, the Honourable Charles James Stewart, D.D., Oxon., second Anglican bishop of Quebec (London, Ontario, 1953).— Benjamin Sulte, Mélanges historiques [...], Gérard Malchelosse, édit. (21 vol., Montréal, 1918–1934), 21 : 56–61.

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Robin B. Burns, « SHORT, ROBERT QUIRK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/short_robert_quirk_6F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
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