ENGLAND, RICHARD G., officier et fonctionnaire, né vers 1750 à Lifford (comté de Clare, république d’Irlande) ; il épousa Anne O’Brien, fille de James O’Brien, d’Ennistymon (république d’Irlande), et ils eurent au moins un fils et une fille ; décédé le 7 novembre 1812 à Londres.

Richard G. England entra d’abord dans l’armée britannique le 20 novembre 1765, date à laquelle il reçut une commission d’enseigne dans le 47e d’infanterie ; en 1770, il devenait capitaine. Le régiment fut envoyé en 1773 en Amérique du Nord, où England se distingua au cours de la guerre d’Indépendance américaine. Blessé à Bunker Hill, au Massachusetts, en 1775, il prit part à la libération de Québec l’année suivante [V. Richard Montgomery*]. Puis il accompagna l’expédition de John Burgoyne* en 1777 et fut fait prisonnier en octobre avec le reste des troupes de Burgoyne à Saratoga (Schuylerville, New York). Une fois libéré, il fut promu lieutenant-colonel du 24e d’infanterie, le 20 février 1783.

Ce régiment, envoyé au Canada en 1789, reçut l’ordre, après trois ans passés à Montréal et à Québec, de tenir garnison à Detroit et dans les postes de l’Ouest que les Britanniques n’avaient cessé d’occuper depuis le traité de 1783. England arriva à Detroit en juin 1792 et y devint commandant. En vertu de son poste, il assuma la présidence du conseil des terres du district de Hesse (rebaptisé district de Western en octobre) et en dirigea toutes les réunions du 29 juin 1792 au 12 décembre 1794, jour où le conseil fut dissous. Bien que le travail de ce conseil dont faisaient partie John Askin père et Jean-Baptiste-Pierre Testard Louvigny de Montigny ne consistât surtout qu’à attribuer des concessions et à accorder des certificats de propriété, England lui-même fit beaucoup pour favoriser l’immigration dans la région. Ses rapports avec l’arpenteur adjoint Patrick McNiff, « cet infâme individu », furent pénibles : il le jugeait inapte à occuper ce poste et, en une certaine occasion, le critiqua pour n’avoir arpenté que la moitié des lots qui, d’après le commandant, devaient être mis à la disposition des colons. England ne négligea pas son propre intérêt dans la propriété foncière : en 1795, il présenta avec succès une requête pour l’obtention de 2 000 acres de terre sur la Thames.

En tant que commandant de Detroit dans les années 1790, England se trouva étroitement mêlé au litige entre les Indiens et les Américains, qui portait sur la vallée de l’Ohio. Il collabora avec les fonctionnaires du département des Affaires indiennes, entre autres Alexander McKee* et Matthew Elliott, qui s’efforçaient d’aider les Indiens, et prit sur lui de rassurer les populations autochtones quant à l’aide britannique. Sur les ordres du lieutenant-gouverneur Simcoe, il construisit, au printemps de 1794, le fort Miamis (Maumee, Ohio) où il plaça une garnison pour rappeler encore davantage la présence britannique dans la région. Malgré la dégradation de la situation, England conserva sa réputation d’officier courageux et humain. À ses propres frais, il obtint la libération de plus de 50 Américains détenus par les Indiens, leur donna des vêtements et les renvoya chez eux, méritant ainsi l’éloge d’un prisonnier qui le loua de se comporter en « gentleman et en homme plein de bienveillance ». La situation qui suivit la victoire américaine sur les Indiens à Fallen Timbers (près de Waterville) en août 1794 n’était plus la même ; England dut affronter le mécontentement d’habitants de la région de Detroit. Cette année-là, il détint Jean-Antoine Ledru* sur présomption d’agitation républicaine. Plus tard, Edmund Burke (1753–1820) et England accusèrent des notables de Detroit de correspondre clandestinement avec les Américains. Lorsqu’il apprit qu’il fallait abandonner Detroit aux Américains, England résolut de maintenir une présence britannique dans la région. Sur un emplacement situé sur la rive canadienne de la rivière Detroit, il fit bâtir quelques édifices qui, plus tard, formèrent le cœur du village d’Amherstburg. Il réprima durement la tentative de certains soldats rancuniers et vindicatifs de saccager la propriété publique et privée avant l’évacuation de Detroit qui eut lieu sans incident le 11 juillet 1796.

England se rendit ensuite avec sa famille (qu’il avait amenée avec lui à Detroit) à Québec d’où ils embarquèrent cette année-là pour retourner chez eux. La Grande-Bretagne était alors en guerre avec la France : un corsaire français captura les England et les emmena en France. La femme et les enfants d’England furent relâchés, mais il dut attendre un certain temps avant d’avoir la permission de les rejoindre à Londres. Il ne fit plus de service actif, mais fut nommé colonel du 5e d’infanterie le 21 août 1801, puis lieutenant-gouverneur de Plymouth le 9 août 1803 et fut promu au rang de lieutenant général le 25 septembre 1803.

« Grand et fort », il mesurait six pieds six pouces, Richard G. England était décrit comme « un soldat plein d’entrain, ouvert et viril ». On savait qu’il aimait la bonne chère et l’on connaissait son humour ironique : il fut d’ailleurs l’objet d’anecdotes amusantes lors de ses séjours à Detroit et ailleurs. Il se distinguait encore par l’attachement profond qu’il montrait pour sa famille. Son frère Poole servit avec lui dans le 47e ; après avoir été mis à la demi-solde en 1783, il s’installa à Kingston où, en 1797, il était greffier de la paix. Le fils d’England, Richard, né à Detroit en 1793, se fit une réputation pendant la guerre de Crimée et mourut lieutenant général.

Franklin B. Wickwire

Gentleman’s Magazine, juill.–déc. 1812 : 500.— John Askin papers (Quaife).— The later correspondence of George III, Arthur Aspinall, édit. (5 vol., Cambridge, Angl., 1962–1970), 3 : 199–200.— J. A. McClung, Sketches of western adventure [...] (Maisville, Ky., 1832 ; réimpr., New York, 1969), 300.— Windsor border region (Lajeunesse).— G. B. Catlin, The story of Detroit (Detroit, 1923).— H. M. Chichester et George Burges-Short, The records and badges of every regiment and corps in the British army (Londres, 1895).— DNB (biog. de sir Richard England).— J. B. M. Frederick, Lineage book of the British army, mounted corps and infantry, 1660–1968 (Cornwallville, N.Y., 1969).— Silas Farmer, History of Detroit and Wayne County and early Michigan : a chronological cyclopedia of the past and present (3e éd., 2 vol., Detroit, 1890).

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Franklin B. Wickwire, « ENGLAND, RICHARD G. », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/england_richard_g_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
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