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DUNCAN, JAMES D., peintre, lithographe et professeur de dessin, né en 1806 à Coleraine (Irlande du Nord) ; en 1834, il épousa Caroline Benedict Power, de Sorel, Bas-Canada, et ils eurent trois fils et deux filles ; décédé à Montréal le 28 septembre 1881.
C’est en Irlande que James D. Duncan passa les 19 premières années de sa vie. En 1825, après avoir reçu une certaine formation artistique, il émigra au Bas-Canada ; en 1830, il était installé à Montréal comme artiste professionnel et professeur de dessin. Durant la rébellion de 1837, il possédait une commission de lieutenant de régiment d’infanterie légère.
Grâce à ses nombreuses huiles, gouaches et aquarelles, représentant des scènes de la vie montréalaise sous la forme de paysages égayés par des éléments anecdotiques propres à la peinture de genre, Duncan se fit connaître pendant plusieurs décennies comme le peintre par excellence de Montréal. Il peignit également quelques paysages de Québec et, en 1848, se rendit à Niagara et à London, Haut-Canada, pour y chercher de nouveaux sujets. L’influence de la tradition britannique sur les premières aquarelles de Duncan se reflète dans une série de vues de Montréal, commandées par Jacques Viger* en 1831, qui vont du traitement purement topographique, comme dans Ruins of Fort Senneville, à l’interprétation plus pittoresque de St. Genevieve.
Conformément au goût de la période victorienne, Duncan peignit des scènes connues où l’on retrouve des éléments topographiques et pittoresques ; il adopta cette manière de peindre au début de sa carrière et la conserva jusqu’à la fin de sa vie. Le tableau intitulé View of Montreal from St. Helen’s Island (1852) est caractéristique de son travail : au premier plan se trouve l’île d’où l’observateur voit la ville, avec des arbres servant de cadre et un élément anecdotique ; la ville, au second plan, est rendue par le détail de ses édifices ; à l’arrière-plan, la silhouette onduleuse du mont Royal trace une ligne d’horizon d’un pittoresque agréable.
La méthode à laquelle Duncan avait recours, en tant que peintre de genre, l’amena à exécuter de nombreuses études. Son plus ancien carnet de croquis, qui couvre les années 1840 à 1845, montre des scènes de rues de Montréal et de ses marchés, ainsi que des chasseurs et des Indiens. Ces croquis constituent la source des anecdotes que l’on remarque toujours dans ses aquarelles les plus achevées. Duncan fut l’un des premiers peintres de genre parmi les artistes anglophones du Canada et, à cet égard, on peut établir un lien entre lui et Cornelius Krieghoff* dont il a très probablement subi l’influence, quoiqu’il faudrait encore en faire la preuve par une étude approfondie.
Après le début des années 1850, Duncan commença à manifester un intérêt croissant pour les couleurs de l’automne dans ses aquarelles. Quoique le sujet d’une toile comme Montreal from the mountain (1858) soit encore une description détaillée du panorama montréalais, l’artiste concentre une grande partie de son attention sur le paysage automnal qui se trouve à l’avant-plan, où le feuillage est subtilement rendu par la pureté des jaunes, des roses, des fauves saumon et des verts appliqués les uns à côté des autres. Ce traitement méthodique et naturaliste du paysage avec des couleurs claires et uniformes est typique des aquarelles que Duncan peignit durant la dernière partie de sa carrière.
Un grand nombre des aquarelles de Duncan ayant pour thèmes la vie à Montréal et des vues de la ville servirent à illustrer des magazines tels que le Canadian Illustrated News (Montréal) et l’Illustrated London News. Il exécuta également les dessins du Hochelaga depicta de Newton Bosworth, guide de Montréal publié en 1839 et 1846 ; ces illustrations, où les détails des édifices sont reproduits avec une grande précision, ont une valeur particulière en ce qu’elles comptent parmi les rares documents originaux qui nous restent sur l’architecture montréalaise de l’époque.
Si Duncan fut un paysagiste-aquarelliste fécond, on ne lui connaît par contre que quatre importants paysages à l’huile. Le plus ancien, View of Montreal (vers 1826), montre l’influence de l’idéalisme classique, laquelle se traduit par l’éclairage dramatique et la présentation très ordonnée du paysage montréalais. Ce style fait place à une manière topographique et pittoresque dans Montreal from the mountain et Montreal from St. Helen’s Island (1838), où Duncan a peint les aspects les plus riches de la ville avec un grand souci du détail architectural. Le quatrième paysage est une grande toile, View of Montreal from the mountain (vers 1843), qui constituait peut-être une esquisse en vue d’une future série de tableaux panoramiques.
Comme portraitiste Duncan travailla surtout avant la fin des années 1850. Ses portraits comprennent des huiles, des miniatures à l’aquarelle et au pastel et des silhouettes ; il fit aussi de la photographie. Son style en tant que portraitiste est inégal et inconstant et cette manière irrégulière de peindre explique peut-être le fait qu’on n’ait pu lui attribuer qu’un petit nombre de portraits. La série de portraits de personnages de l’histoire du Canada, commandés par Jacques Viger entre 1839 et 1845, constitue le meilleur exemple de son travail de portraitiste.
Duncan peignit également un certain nombre d’œuvres basées sur des thèmes historiques. Lorsque Viger, en 1845, le chargea d’illustrer certaines sections de son ouvrage « Ma Saberdache », l’artiste peignit First encounter with the Illinois, Montreal in 1693 et d’autres sujets semblables. Il fit aussi des illustrations à l’aquarelle pour un album de Viger, « Costumes des communautés religieuses de femmes en Canada [...] », que l’auteur offrit à Mgr Cajetan Bedini en souvenir de la visite que celui-ci fit à Montréal en 1853. Ses autres œuvres à caractère historique, telles que Burning of Hayes House, Montreal (1852) et Gavazzi riot (1853), représentent des événements contemporains.
Duncan fut l’un des premiers dessinateurs lithographes du Canada ; c’est à Montréal et à Québec encore une fois qu’il trouva ses sujets. En 1847, il fit paraître Panoramic view of Montreal, œuvre gravée par W. S. Barnard. Une série de six vues de Montréal dessinées sur pierre par Duncan parut dans cette ville en 1849. On note dans ces œuvres la même organisation picturale et les mêmes préoccupations que dans les vues traitées à l’aquarelle.
Pendant toute sa carrière, Duncan enseigna le dessin à temps partiel dans divers établissements scolaires de Montréal, tels que l’école secondaire de la McGill Normal School et le lycée (High School) de Montréal. En 1845, il collabora avec M. G. H. Gordon à l’organisation de cours de dessin à la place d’Armes. Duncan avait la réputation d’être un professeur compétent et consciencieux qui s’efforçait d’apprendre aux élèves les principes fondamentaux du dessin et les techniques de l’aquarelle et de les initier aux grands mouvements artistiques qui étaient alors en vogue en Europe.
Dans les dernières années de sa vie, Duncan obtint le succès tant sur le plan financier qu’artistique. En 1864, il prit part à une entreprise commerciale qui se révéla rentable, la Duncan and Company, firme d’« imprimeurs lithographes, graveurs et dessinateurs ». Il présenta ses œuvres à l’Exposition universelle de Londres en 1851, aux expositions provinciales du Bas-Canada tenues à Montréal de 1863 à 1865, à l’Association des beaux-arts de Montréal de 1865 à 1879, à la Société des artistes canadiens de 1867 à 1871 et à l’Académie royale canadienne en 1881. Duncan se rendit en Angleterre et en Écosse en 1879 dans le but manifeste d’acheter des œuvres d’art pour son propre compte et pour celui de collectionneurs montréalais comme George Alexander Drummond*. À la fin de 1880, il revint à Montréal où il mourut l’année suivante.
Artiste au talent reconnu, Duncan avait été l’un des membres fondateurs, avec Krieghoff, de la Société des artistes de Montréal en 1847, dont il fut aussi trésorier ; il fut élu au sein de la Société des artistes canadiens à Montréal en 1867 et membre correspondant de l’Académie royale canadienne en 1880. Lorsqu’il exécutait des œuvres à des fins commerciales, il se conformait aux goûts d’une classe moyenne qui grandissait rapidement. Par sa carrière et par ses œuvres, il est le parfait exemple de l’artiste canadien qui, au milieu du xixe siècle, connut la réussite.
Le musée McCord (Montréal) conserve plus de 40 œuvres de James D. Duncan.
Arch. privées, G. M. Drummond (Montréal), Lettres de George Alexander Drummond.— ASQ, Fonds Viger-Verreau, Sér. O, 095–0125.— Bibliothèque de la ville de Montréal, Salle Gagnon, Fonds Jacques Viger, « Costumes des communautés religieuses de femmes en Canada [...] en 1853 ».— McGill Univ. Arch., McGill High School Arch. ; McGill Normal School Arch.— Royal Ontario Museum (Toronto), Canadiana Dept., Sigmund Samuel coll., James Duncan, Sketchbook.— Canadian Illustrated News (Montréal), 5 juill. 1873.— Illustrated London News, 7 août 1852, 19 mars, 16 avril 1859.— La Minerve, 16 oct. 1845, 4 juill. 1854.— Montreal Gazette, 1er nov. 1856.— Mary Allodi, Canadian watercolours and drawings in the Royal Ontario Museum (2 vol., Toronto, 1974), 1 : 691–726.— C. P. DeVolpi et P. S. Winkworth, Montréal ; recueil iconographique [...] 1535–1885 (2 vol., Montréal, 1963), I : 85, 89–94.— J. R. Harper, Everyman’s Canada ; paintings and drawings from the McCord Museum of McGill University (Ottawa, 1962), 43s. ; Painting in Canada, 124, 189.— Gérard Morisset, La peinture traditionnelle au Canada français (Ottawa, 1960), 148–150.— P. St. G. Spendlove, The face of early Canada : pictures of Canada which have helped to make history (Toronto, 1958), 65s.— Jules Bazin, « L’album de consolation de Jacques Viger », Vie des arts (Montréal), 17 (1959) : 26–30.— É.-Z. Massicotte, « L’illustrateur du vieux Montréal », BRH, 46 (1940) : 139–141.
Patricia A. Todd, « DUNCAN, JAMES D », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/duncan_james_d_11F.html.
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Auteur de l'article: | Patricia A. Todd |
Titre de l'article: | DUNCAN, JAMES D |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |