HIND, WILLIAM GEORGE RICHARDSON, peintre, né le 12 juin 1833 à Nottingham, Angleterre, fils de Thomas Hind et de Sarah Youle, décédé célibataire le 18 novembre 1889 à Sussex, Nouveau-Brunswick.

William George Richardson Hind, fils d’un fabricant de dentelles, immigra en 1851 au Canada où il rejoignit un frère plus âgé, Henry Youle Hind* ; quelques années plus tôt, ce dernier s’était établi à Toronto où il commençait à se faire une réputation en tant qu’intellectuel. Il joua un rôle prépondérant comme mentor de son frère William, dont le caractère, semble-t-il, était moins stable que le sien. On ne sait pas dans quelles circonstances celui-ci apprit la peinture, car il est impossible de corroborer certaines affirmations suivant lesquelles il aurait étudié à Nottingham, à Londres et sur le continent. Il devait cependant avoir une bonne formation : lorsqu’il arriva à Toronto à l’âge de 18 ans, il fut nommé « maître de dessin » à la Toronto Normal School (probablement à l’instigation de son frère), où il occupa ce poste de novembre 1851 à novembre 1857. Durant cette période, il tint un atelier à Toronto ; en 1852, il présenta des peintures à l’Upper Canada Provincial Exhibition. On n’a retrouvé aucune des peintures exécutées à Toronto, mais les titres donnés à deux d’entre elles, Reading the news et Waiting for the bat, révèlent qu’elles s’apparentaient à la peinture de genre narrative et populaire qui se développait alors en Angleterre et aux États-Unis et qui inspirait, à Montréal, Cornelius Krieghoff* et James D. Duncan. Hind retourna en Angleterre à la fin de la décennie, probablement dans le but de se familiariser avec les derniers courants de l’art britannique.

Hind revint au Canada en mai 1861. Ses déplacements subséquents, que l’on peut suivre par les sujets de ses tableaux, sont attestés par les quelques maigres renseignements dont nous disposons. Lorsqu’il débarqua à Québec en 1861, il découvrit que son frère se trouvait dans cette ville, en route pour la Moisie, une rivière peu connue de la côte nord du Saint-Laurent qu’il s’en allait explorer. Hind se joignit à l’expédition en qualité d’artiste officiel. Il dessina les paysages de cette région, fit des études détaillées sur la flore et les habitants et nota les coutumes des Naskapis et des Montagnais. Plus d’une centaine de ces croquis ont été conservés ; quelques-uns ont été utilisés sans retouches, sous la forme de gravures sur bois, dans le rapport de Henry, Explorations in the interior of the Labrador peninsula [...], publié en 1863. Quand l’expédition eut regagné Toronto, William peignit une importante série de grandes aquarelles à partir des études qu’il avait faites sur place ; 16 de ces aquarelles furent lithographiées en couleurs, et incluses dans ce même rapport. L’une d’elles, The game of bones, donne une idée juste de l’art de Hind. Le sujet du tableau est fort romantique : deux Indiens, l’air extrêmement absorbé, jouent leurs biens dans un cadre nordique de rochers. Mais Hind traite ce sujet avec le froid détachement et l’objectivité que l’on trouve dans certaines peintures de l’époque préraphaélite. Quelques études faites au cours de l’expédition illustrent des contes mythologiques naskapis ; ces œuvres, évidemment, doivent beaucoup à l’imagination de l’artiste et ne donnent pas cette impression particulière de réalisme convaincant qui se dégage des autres études portant sur des événements observés. Le réalisme dénué d’émotion qui caractérise The game of bones se retrouve également dans les six autoportraits connus de Hind, et on le remarque particulièrement dans le plus réussi de ces tableaux, où l’artiste avec sa palette est assis devant son chevalet d’atelier.

Pendant l’hiver de 1861–1862, le bruit courut à Toronto que l’on avait découvert des quantités d’or extraordinaires dans la colonie de la Colombie-Britannique. Hind se joignit à un groupe d’Overlanders [V. Thomas McMicking*] qui partit pour la région de Cariboo en avril 1862. À Upper Fort Garry (Winnipeg), le groupe acheta des chariots de la Rivière-Rouge et entreprit de traverser les Prairies en suivant les vieilles pistes des trafiquants de fourrures. Au cours du voyage, Hind se montra si désagréable qu’il fut tenu à l’écart et dut voyager seul durant plusieurs jours avant d’obtenir le pardon de ses compagnons. Entre Upper Fort Garry et Jasper House (Alberta), il remplit un cahier de croquis où l’on peut voir comment le groupe serpentait à travers les vastes plaines, traversait à gué les cours d’eau en crue, chassait le canard et le bison et passait le temps dans les campements. Des aquarelles de la même veine montrent d’autres scènes de ce voyage dans les Prairies et plus à l’ouest : le groupe se faufile à travers les forêts et les marécages immenses des vallonnements, escalade des montagnes escarpées et parvient à Victoria après un rapide coup d’œil sur les champs aurifères de la région de Cariboo. Un souci de réalisme et une utilisation adroite des couleurs à l’eau caractérisent cette série de tableaux.

Hind passa les sept années suivantes à Victoria. On n’a que peu de renseignements sur ses activités à cet endroit, mais le 25 février 1863 le Daily British Colonist signala son talent comme peintre d’enseignes ; à cette époque, en effet, les commerces et les tavernes arboraient des enseignes surplombant les trottoirs de bois, ce qui donnait un cachet particulier à la ville. Deux ans plus tard, le Colonist lui prodigua des louanges pour des paysages de la Colombie-Britannique qui devaient être exposés en Angleterre afin de promouvoir la venue des immigrants. Il lui arrivait également de peindre des scènes de la vie des Indiens de la région. D’un point de vue historique, ses huiles et ses aquarelles les plus importantes de ce temps-là représentent la vie des mineurs de la région de Cariboo et datent probablement d’une visite qu’il y fit en 1864.

Hind quitta Victoria en 1869, semble-t-il, pour se rendre dans l’Est. Il arriva à Winnipeg au cours de l’automne et y demeura au moins jusqu’à l’automne suivant, époque à laquelle on désigna cette localité pour être la capitale de la nouvelle province du Manitoba. La vie dans les fermes des pionniers de la région est illustrée dans plusieurs peintures à l’huile dont la qualité varie extrêmement. Le tableau le plus remarquable, qui montre un bœuf tirant un chariot de la Rivière-Rouge sur une route de campagne, est peint d’une manière fort réaliste, presque en trompe-l’œil. Par contre, d’autres huiles exécutées à Winnipeg, notamment des études d’Indiens, ont une composition faible, manquent de texture et traitent de sujets banals. En juin 1870, deux gravures sur bois représentant des Cris et des Sauteux apparurent dans l’Illustrated London News (Londres) comme les premières d’une série qui devait illustrer la vie dans « la nouvelle province », mais aucune autre œuvre de Hind ne fut publiée.

En 1866, Henry Youle Hind était allé s’établir à Windsor, en Nouvelle-Écosse, et William le suivit dans la région de l’Atlantique à la fin de 1870 ; il semble qu’à cette époque, il n’avait plus l’ambition d’être un artiste professionnel. Il passa ses dernières années en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick, et il eut probablement un emploi de dessinateur à la Compagnie du chemin de fer international. Pour se distraire, cependant, il continua de faire des petits tableaux au crayon, à l’aquarelle et à l’huile qui illustraient la vie des villages tels que Shédiac, au Nouveau-Brunswick, Matapédia, au Québec, ainsi que Pictou et Windsor, en Nouvelle-Écosse. Les plus agréables à voir – ils montrent les rues de Pictou, les activités du port, la réparation des câbles sous-marins et la construction des navires de bois – figurent dans un journal de l’année 1876, qui fut converti en album de croquis. La douceur de ces tableaux contraste avec l’ardeur contenue, mais tout de même évidente, et l’esprit d’aventure qui marquaient ses premières œuvres produites dans l’Ouest. On fit à Hind un honneur tardif en montrant une de ses peintures à la Colonial and Indian Exhibition tenue à Londres en 1886. Il passa les six dernières années de sa vie à Sussex où un journal de l’endroit, au moment de son décès, signala son talent artistique, son goût pour le sport, son érudition et ses « manières aristocratiques et parfois excentriques ».

Le réalisme des tableaux de Hind atteint une qualité qui est rare chez les peintres canadiens, mais révèle une sensibilité typiquement victorienne. Les détails s’ajoutent les uns aux autres pour créer une esthétique s’harmonisant avec l’esprit analytique et les préoccupations matérialistes propres à l’époque victorienne. En dessinant chaque pierre du rivage, chaque feuille des arbres et en reproduisant les oiseaux et les fleurs avec une exactitude telle qu’on peut aisément en identifier l’espèce, Hind observa avec les yeux d’un Charles Darwin ou d’un John James Audubon. Même les tableaux de scènes qui se passent dans les tavernes de la région de Cariboo sont traités avec le détachement que l’on trouve dans la peinture de genre des artistes hollandais ou flamands et qui rend de tels sujets acceptables à une époque moralisatrice.

J. Russell Harper

La liste la plus complète des établissements qui possèdent des œuvres de William George Richardson Hind se trouve dans Harper, Early painters and engravers. La Galerie nationale du Canada (Ottawa) et la Dalhousie Univ. (Halifax) conservent d’autres œuvres.

PABC, Stephen Redgrave, Journals and sundry papers, 1872–1875 (copie dactylographiée).— PANS, ms file, W. G. R. Hind, letters, 1870.— H. Y. Hind, Explorations in the interior of the Labrador peninsula, the country of the Montagnais and Nasquapee Indians (2 vol., Londres, 1863).— Daily British Colonist, 25 févr. 1863, 19 avril 1865.— Catalogue of a collection of drawings and watercolours by the Canadian artist William George Richardson Hind [...] which will be sold by auction by Messrs. Sotheby & Co. [...] ([Londres, 1967]).— J. R. Harper, Everyman’s Canada ; paintings and drawings front the McCord Museum of McGill University (Ottawa, 1962).— William G. R. Hind (1833–1888) ; a confederation painter in Canada : an exhibition organized and circulated by Willistead Art Gallery of Windsor for centennial year, 1967 ([Windsor, Ontario, 1967]).— J. R. Harper, Painting in Canada ; William G. R. Hind (Ottawa, 1976).— M. S. Wade, The Overlanders of ’62, John Hosie, édit., (Victoria, 1931).— G. F. G. Stanley et L. C. C. Stanley, « The brothers Hind », N. S. Hist. Soc., Coll., 40 (1980) : 109–132.

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J. Russell Harper, « HIND, WILLIAM GEORGE RICHARDSON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hind_william_george_richardson_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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