DUGUÉ DE BOISBRIAND, MICHEL-SIDRAC, un des premiers seigneurs de la région de Montréal, né et baptisé en avril 1638 dans la paroisse Saint-Martin à Puceul, en France, fils de Pierre Dugué de La Boulardière et de Perrine de Chambellé, inhumé en 1688.

Il s’enrôla dans l’armée et servit comme lieutenant dans le régiment de Montagu, puis il passa au régiment de Chambellé, que commandait son oncle. Lorsque Louis XIV résolut d’envoyer en Nouvelle-France un corps d’élite, la compagnie de Dugué fut versée dans le régiment de Carignan-Salières, où Dugué conserva son grade de capitaine. Il débarqua à Québec au mois de septembre 1665. En juin 1666, Dugué est en garnison à Montréal, où il devient commandant militaire en l’absence du gouverneur, du printemps de 1670 jusqu’au mois d’août de cette même année, date à laquelle M. Perrot reprend ses fonctions.

Pour le récompenser de son travail dans la région, les Messieurs de Saint-Sulpice concédèrent à Dugué, en janvier 1672, les terres plus tard désignées sous le nom de seigneurie de Senneville, à l’extrémité ouest de l’île de Montréal, mais, en 1679, il les vendit à Charles Le Moyne et à son beau-frère Jacques Le Ber*. En octobre 1672, il obtint la jouissance en seigneurie de l’île Sainte-Thérèse, près de Repentigny, à l’extrémité est de l’île de Montréal. Il avait eu plus tôt le droit de cultiver cette propriété, mais apparemment il s’intéressait davantage au commerce des fourrures. Il obtint aussi, en 1683, la seigneurie des Mille-Îles, soit une étendue de 11 milles et demi sur 7 milles et demi, depuis Terrebonne jusqu’à la rivière du Chêne. Faute d’avoir été habitée, elle retourna à la couronne en vertu de l’édit de Marly (1711), mais elle fut immédiatement rétrocédée à ses deux gendres Jean Petit* et Charles-Gaspard Piot* de Langloiserie.

En 1673, Dugué prit part, à titre de capitaine, à l’expédition de Buade de Frontenac au lac Ontario et il participa fréquemment à de semblables entreprises par la suite. En 1683, il fut question de lui pour le poste de gouverneur de Montréal, mais il ne fut pas nommé par suite de l’opposition de M. Le Febvre de La Barre. En 1684 et en 1687, il prit part aux expéditions plutôt inefficaces de Brisay* de Denonville contre les Amérindiens.

Mais le commerce des fourrures resta sa préoccupation dominante, et, afin de promouvoir ses intérêts dans ce domaine, il préconisa la « liberté complète des échanges » lorsque, en 1678, il fut l’un des délégués chargés d’étudier le problème de la vente de spiritueux aux Amérindiens. Et pourtant, malgré sa participation au commerce des fourrures, il passa apparemment une bonne partie de la seconde moitié de sa vie dans la pauvreté.

Le 7 novembre 1667, il épousait Marie Moyen, fille de Jean-Baptiste et d’Élisabeth Le Ber (Le Bret, selon Tanguay), dans la paroisse Notre-Dame de Montréal ; elle mourut à l’île Sainte-Thérèse le 24 octobre 1687. Dugué fut inhumé à Montréal le 18 décembre 1688. Sept de ses neuf enfants lui survécurent.

La vie de Dugué et son activité montrent qu’il était le type même du colon des régions sauvages. Plus intéressé au commerce des fourrures et au combat qu’à des occupations pacifiques, il participa très peu à la colonisation du pays ; en revanche, il prit une part active à la défense et à l’expansion territoriale de la Nouvelle-France.

W. Stanford Reid

AJM, Greffe de Bénigne Basset, 1er nov. 1667.— AN, Col., C11A et autres collections.— Recensement de 1681.— Lefebvre, Marie Morin.— Royal Fort Frontenac (Preston et Lamontagne), 45.— Benjamin Sulte, Michel-Sidrac Dugué, sieur de Boisbriand, BRH, X (1904) : 221–223.— Tanguay, Dictionnaire, I : 209s. III : 512 ; VI : 375.

Bibliographie de la version révisée :
Bibliothèque et Arch. nationales du Québec, Centre darch. de Montréal, CE601-S51, 7 nov. 1667, 18 déc. 1688.Loire-Atlantique.fr : le département en ligne (Nantes, France), « Reg. paroissiaux et d’état civil », Puceul, Saint-Martin, avril 1638 : loire-atlantique.fr/jcms/cg_31196/registres-paroissiaux-et-d-etat-civil (consulté le 8 août 2012).

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W. Stanford Reid, « DUGUÉ DE BOISBRIAND, MICHEL-SIDRAC », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dugue_de_boisbriand_michel_sidrac_1F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    2015
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