DUFRESNE, NICOLAS, prêtre, sulpicien, missionnaire, né à Montréal le 10 septembre 1789, fils de Louis Dufresne et de Marie Arbour, décédé à Montréal le 10 juillet 1863.

De 1797 à 1806, Nicolas Dufresne fit de brillantes études au collège de Montréal. À la fin de celles-ci, trop jeune encore pour entrer en théologie, il accepta la fonction de régent au collège, charge qu’il exerça pendant six ans, jusqu’à son ordination à la prêtrise le 18 octobre 1812.

Malgré son ardent désir d’entrer chez les sulpiciens, Mgr Joseph-Octave Plessis*, évêque de Québec, le retint dans son diocèse et le nomma vicaire à L’Islet pour deux ans, ensuite curé missionnaire de Caughnawaga avec desserte de Lachine puis de Châteauguay et, enfin, en 1819, curé de la mission iroquoise de Saint-Régis, sur le lac Saint-François.

En 1824, Nicolas Dufresne reçut la permission d’entrer à Saint-Sulpice. Peu de temps après, sur la proposition de l’évêché de Québec, la sacrée congrégation de la Propagande voulut le nommer évêque coadjuteur. M. Dufresne, qui désirait à tout prix éviter les honneurs et les charges de l’épiscopat, supplia aussitôt M. Antoine Duclaux, alors supérieur général de Saint-Sulpice, de bien vouloir s’interposer auprès du nonce apostolique à Paris. La nomination n’eut pas lieu.

Pendant dix ans, M. Dufresne exerça son ministère à Notre-Dame de Montréal, tant auprès des paroissiens que des communautés religieuses. En toute occasion, il se fit remarquer par sa fermeté empreinte de douceur, sa modération et sa prudence. Ce sont ces qualités qui furent à l’origine de sa nomination au poste difficile de directeur de la mission du Lac-des-Deux-Montagnes (Oka) en 1834. Il venait à peine d’entrer en fonction que de nouveau on suggérait son nom, cette fois comme coadjuteur de l’évêque à Montréal. C’est Mgr Jean-Jacques Lartigue* qui soutenait sa candidature, mais l’opposition de M. Joseph-Vincent Quiblier*, supérieur de Saint-Sulpice au Canada, fit échouer le projet.

M. Dufresne demeura à la mission jusqu’en 1857. Son administration connut des moments pénibles. Il eut à affronter les Iroquois qui contestaient le droit de propriété des sulpiciens sur la seigneurie du Lac-des-Deux-Montagnes. Vers 1789, les tribunaux britanniques avaient reconnu que les Iroquois n’avaient aucun droit sur la seigneurie, mais, comme les titres de propriété du séminaire de Saint-Sulpice n’avaient pas été établis, les Iroquois revenaient sans cesse devant les tribunaux depuis quelques années. Avec la permission des seigneurs, ils avaient bien le droit de couper du bois pour leur usage personnel mais non pour en faire le commerce. Ils gagnèrent l’appui des chefs algonquins et ils réussirent à les soulever contre le séminaire. Il fallut toute la fermeté et l’habileté de M. Dufresne pour les apaiser et les détourner de l’apostasie.

Malgré ces difficultés, la mission réalisa certains progrès. Ainsi, l’établissement d’une société de tempérance, à la suite de la visite de Mgr Charles-Auguste-Marie-Joseph de Forbin-Janson*, fit disparaître à peu près complètement l’ivrognerie chez les Algonquins et les Iroquois. En 1849, lors de la visite de M. Étienne-Michel Faillon, on décida de confier l’école des garçons aux Frères des écoles chrétiennes. La mesure eut tellement de succès qu’il fallut bientôt agrandir l’école et augmenter le nombre des instituteurs. Trois ans après, pour initier les jeunes Indiens à l’agriculture, le séminaire établit une ferme modèle. Cette mesure n’eut pas de succès et l’école dut fermer ses portes en 1860.

En 1857, M. Dufresne fut rappelé au séminaire de Montréal, en raison de son âge et de son mauvais état de santé. Par la suite, à plusieurs reprises, il revint à la mission prêter secours aux missionnaires, notamment à l’occasion de la retraite de 1858, puis, peu après, de la visite pastorale de Mgr Ignace Bourget*, dont il se fit l’interprète auprès des Iroquois. Il mourut au séminaire de Montréal le 10 juillet 1863.

Antonio Dansereau

ASSM, 8, A ; 36, André Cuoq, Notes inédites pour servir à l’histoire de la mission du Lac-des-Deux-Montagnes (copie dactylographiée).— Allaire, Dictionnaire.— Almanach de Québec [...], 18071812.— Henri Gauthier, Sulpitiana (2e éd., Montréal, 1926).— Lemire-Marsolais et Lambert, Hist. de la C.N.D. de Montréal, VI, VII, IX.— Olivier Maurault, Le collège de Montréal, 1767–1967, Antonio Dansereau, édit. (2e éd., Montréal, 1967), 198.— Rumilly, Hist. de Montréal, II : 212.— A.-J. Cuoq, Anotc Kekon, SRC Mémoires, 1re sér., XI (1893), sect. i : 178s.

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Antonio Dansereau, « DUFRESNE, NICOLAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dufresne_nicolas_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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