DRUMMOND, ROBERT, homme d’affaires, né en 1791 à Huntly-wood, dans la paroisse de Gordon, Berwickshire, Écosse, deuxième fils d’Andrew Drummond et de Jean Newton ; le 23 avril 1819, il épousa Margaret Gentle, de Perth, Haut-Canada, et ils eurent trois fils et deux filles ; décédé le 20 août 1834 à Kingston, Haut-Canada.
En 1817, Robert Drummond immigra en Amérique du Nord britannique et s’installa à Montréal. Son premier travail à titre d’entrepreneur dans le Bas-Canada fut de construire une écluse aux rapides de Sainte-Anne et un pont-levis à l’île aux Noix. Drummond attira pour la première fois l’attention du lieutenant-colonel John By*, l’ingénieur responsable du canal Rideau, à titre de dessinateur principal du pont qui enjambait la rivière des Outaouais à la chute des Chaudières, au-dessus d’un gouffre appelé Big Kettle. Le Kingston Chronicle décrivit ce pont, terminé vers la fin de 1828, comme une « entreprise audacieuse et magnifique » qui, malgré ses dangers, fut menée à bien sans faire de victimes.
Drummond se fit un nom comme un des principaux entrepreneurs du canal Rideau ; les autres étaient Andrew White, Thomas McKay*, Thomas Phillips* et John Redpath*. Il fut chargé de la construction d’un barrage et de quatre écluses à Kingston Mills, d’une écluse et d’un barrage à Davis Mills, et d’une écluse, d’un barrage et d’un déversoir à Brewers Mills. Drummond et sa famille avaient quitté Bytown (Ottawa) pour s’installer à Kingston en janvier 1828 ; ils firent le voyage en traîneau. Les travaux réalisés à Kingston Mills étaient les troisièmes en importance le long de la voie navigable de 126 milles. Comme d’autres points du canal Rideau, Kingston Mills était un endroit malsain où, durant la saison estivale, une fièvre, identifiée depuis avec une forme virulente de la malaria, faisait des ravages ; on estime que 500 hommes environ, la plupart des immigrants irlandais, moururent le long de la section de la rivière Cataraqui, où les travaux de Kingston Mills étaient les plus importants. À l’époque, l’observateur Edward John Barker* évalua le coût du barrage et des écluses de Kingston Mills à quelque £60 000.
Durant la semaine, Drummond vivait à Kingston Mills et, le samedi soir, il retournait à Kingston afin de passer le dimanche avec sa famille. Il remontait en selle à six heures le lundi matin pour regagner le chantier. Un correspondant anonyme du Kingston Chronicle, qui visita toute la voie du canal en février 1830, rapporta que les travaux effectués à Kingston Mills se trouvaient alors à un stade avancé grâce à l’opiniâtreté de Robert Drummond. Celui-ci, écrivait-il, avait surmonté de nombreuses difficultés qui avaient « vaincu des entrepreneurs dépourvus de la persévérance nécessaire ». Au cours des travaux de minage, de nombreux ouvriers furent tués à cause de leur manque d’expérience dans la manipulation des charges, et Drummond lui-même faillit être blessé ou tué. Un samedi de février 1831, une roche pesant 300 livres traversa le côté d’une maison à moins de six pieds de l’endroit où il soupait avec un petit groupe, mais personne ne fut blessé. Le lieutenant-colonel By honora Drummond, ainsi que trois autres entrepreneurs, pour les services insignes qu’ils avaient rendus pendant la construction du canal. En août 1831, By lui remit une coupe d’argent gravée et faite à la main, qui portait une inscription reconnaissant « le zèle qu’il a[vait] déployé dans l’exécution de ses contrats » et soulignant l’« entière satisfaction » de By pour le travail accompli.
Drummond était aussi un éminent constructeur de navires. Le 6 juin 1829, il lança à Kingston le premier vapeur à naviguer sur le canal, le Pumper, ainsi appelé en raison de sa fonction dans les travaux d’excavation. Le Pumper, qui mesurait 80 pieds de long et 15 pieds de large, fut rebaptisé Rideau en mai 1832 ; il accueillait alors à son bord les invités au gala que donnait By pour inaugurer la voie navigable entre Kingston et Bytown. Entrepreneur de premier plan dans le commerce du transport, Drummond possédait une compagnie de vapeurs qui faisaient la navette entre Montréal, Bytown et Kingston. En plus du Rideau, il construisit le John By. C’était un vapeur de 110 pieds et de 200 tonneaux, lancé à Kingston à la fin de novembre 1831 en présence de la fanfare du 66th Foot. Le John By fut mis en service régulier à l’automne suivant. Drummond exploitait également le vapeur Margaret, le schooner Lady of the Lake et un certain nombre de chalands. Mais ses affaires ne se limitaient pas à la construction de navires et aux travaux publics. Il était associé avec James Morton* dans une brasserie et, à la fin de 1826, il se joignit à Philemon Wright* et à d’autres hommes d’affaires pour fonder la Hull Mining Company ; en 1832, il fut aussi nommé membre du conseil d’administration de la Commercial Bank of the Midland District. Si Drummond avait vécu plus longtemps, ses contemporains se seraient attendus à ce qu’il siège au Parlement.
En 1832, Drummond partit en Écosse rendre visite à ses parents d’Édimbourg ; en janvier 1833, il accepta une invitation de By qui avait alors pris sa retraite et vivait dans sa maison de campagne du Sussex. Lors de cette visite, By lui remit un souvenir personnel, un portrait de profil daté du 1er janvier 1833. Il offrit aussi à Drummond son appui pour qu’il obtienne le contrat de construction des écluses du canal Grenville, mais ce dernier refusa en raison de ses autres engagements.
Peu après son retour à Kingston, Robert Drummond succomba à une violente épidémie de choléra, qui l’emporta en quelques heures. Il mourut le 20 août 1834, à l’âge de 43 ans. Sa femme et ses cinq enfants, dont l’âge variait de un an à treize ans, lui survécurent. Il fut largement pleuré. Le British Whig du 22 août lui consacra une belle notice dans laquelle on affirmait, en terminant, qu’il avait été conduit au tombeau « par toutes les personnes respectables de la ville ». Il est remarquable qu’à une époque sectaire l’évêque catholique, Mgr Alexander McDonell*, suivit en vêtements sacerdotaux le cortège funèbre du protestant Drummond. Il n’existe aucun doute quant au respect et à l’affection dont jouissait ce dernier. Il est passé à la postérité comme l’un des premiers entrepreneurs du Haut-Canada, comme un pionnier du transport par bateaux à vapeur sur le canal Rideau et comme un important constructeur dans les premiers jours de la navigation à vapeur.
APC, MG 29, A24 ; RG 1, L1, 35 : 11 ; L3, 160 : D 18/5 ; RG 8, I (C sér.), 45 : 23–24 ; 429 : 187.— E. J. Barker, Observations on the Rideau Canal (Kingston, Ontario, 1834).— John Mactaggart, Three years in Canada : an account of the actual state of the country in 1826–7–8 [...] (2 vol., Londres, 1829).— British Whig (Kingston), 22 août 1834.— Canadian Courant and Montreal Advertiser, 24 juin 1829.— Kingston Chronicle, 1er mai 1830.— Montreal Gazette, 6 déc. 1831.— Upper Canada Herald, 23 févr. 1831.— Archaeological historical symposium, October 2–3, 1982, Rideau Ferry, Ontario, F. C. L. Wyght, édit. (Lombardy, Ontario, s.d.).— E. F. Bush, Commercial navigation on the Rideau Canal, 1832–1961 (Ottawa, 1981).— R. [ Legget, Rideau waterway (éd. rév., Toronto et Buffalo, N. Y., 1972).— A. H. D. Ross, Ottawa, past and present (Toronto, 1927).
Edward F. Bush, « DRUMMOND, ROBERT (1791-1834) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/drummond_robert_1791_1834_6F.html.
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Auteur de l'article: | Edward F. Bush |
Titre de l'article: | DRUMMOND, ROBERT (1791-1834) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
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