DOUSE, WILLIAM, agent des terres et homme politique, né le 19 mai 1800 en Angleterre ; il épousa Esther Young et ils eurent 12 enfants ; décédé le 5 février 1864 à Charlottetown, Île-du-Prince-Édouard.

William Douse partit de Devizes, Wiltshire, pour l’Île-du-Prince-Édouard au début des années 1820 et il se lança dans l’agriculture, la construction de navires, le brassage de la bière et la vente aux enchères, et entreprit finalement, non sans succès, l’achat et la vente de graines et de denrées. En 1833, il fut nommé agent des terres par le 6e comte de Selkirk et il se vit confier la charge de fondé de pouvoir pour les immenses propriétés de l’île qui avaient été acquises en 1803 au sud du comté de Queens pour la mise en œuvre du plan de colonisation du 5e comte de Selkirk [Douglas*]. S’étendant sur une superficie de plus de 100 000 acres, ce domaine était le plus vaste après celui de Samuel Cunard et de son frère Edward. Douse resta agent des terres jusqu’à ce que le domaine soit acheté par le gouvernement en 1860. À la fin de 1833 Douse tenta d’étendre son autorité à d’autres domaines. Un combat juridique pour être nommé agent des terres de John Stewart* s’engagea entre Douse et H. D. Morpeth, ancien agent des terres de Stewart, tous deux se proclamant agent pleinement autorisé de Stewart ; la bataille ne prit fin qu’en 1834 lorsque Stewart fut déclaré aliéné et que la cour se prononça finalement en faveur de Morpeth.

Douse fit une longue carrière à l’Assemblée. Il fut élu pour la première fois en 1834 dans le comté de Queens et, mis à part deux échecs, il remporta toutes les élections auxquelles il se présenta jusqu’à sa retraite en 1862. Il fut un député sans grande envergure, ne se prononçant que sur des affaires de routine concernant son district. En tant qu’agent, il s’identifia étroitement à la cause des propriétaires ; du fait cependant qu’il obtint de nombreuses améliorations au niveau de son district, il parvint à conserver le soutien des locataires, chose indispensable étant donné que son district couvrait la majeure partie du domaine de Selkirk. En 1850, Edward Whelan laissa entendre dans l’Examiner que les locataires de Douse n’osaient pas lui refuser leurs voix à cause de la pression qu’il exerçait sur eux en tant que teneur des registres et administrateur des baux ; aucune preuve toutefois ne confirma jamais cette accusation. Mais si l’on considère les deux actes de vandalisme qui survinrent dans le district sur les propriétés de Douse en 1836 et en 1841, on peut conclure que ce dernier ne jouissait pas d’une popularité universelle.

Lors de la première élection de Douse à l’Assemblée, le mouvement en faveur de la confiscation des terres (escheat), dirigé par William Cooper, acquérait de l’ampleur. Les locataires de Selkirk n’avaient pas participé à ce mouvement autant que ceux des autres propriétaires fonciers, du fait que leur domaine était connu pour ses baux à long terme et ses possibilités d’achat raisonnables, deux choses majeures dont on déplorait l’absence dans les autres domaines. Cependant, à l’automne de 1837, le lieutenant-gouverneur sir Charles Augustus FitzRoy* fit paraître une circulaire demandant à tous les propriétaires d’offrir à leurs locataires des contrats de location plus avantageux et de meilleures conditions d’établissement. En février 1838, Douse se plaignait à Selkirk de ce que des locataires, qui jusqu’à présent n’avaient montré aucune sympathie pour l’escheat, refusaient maintenant de payer leur loyer. Douse ne se présenta pas aux élections de 1838 et il fut battu à une élection partielle en 1840 mais, lorsqu’en 1842 il était devenu évident que le parti de l’escheat avait échoué dans sa tentative d’apporter des changements au système foncier, il fut réélu.

Le groupe nombreux des partisans de Douse habitant le domaine de Selkirk était largement composé d’Écossais, qui entrèrent en conflit avec les Irlandais du même district en 1846, poussés par les forts sentiments nationalistes et les divergences d’opinions politiques et religieuses existant entre protestants et catholiques. En raison de plusieurs actes de violence commis dans les bureaux de scrutin, l’Assemblée déclara nulles les élections de cette année. L’élection partielle qui suivit en mars 1847 fut la plus sanglante dans toute l’histoire de l’île : trois personnes au moins furent tuées dans l’émeute qui eut lieu dans le district de Belfast, et les Irlandais, prétendit-on, étaient allés enterrer secrètement leurs morts. Avec son compagnon d’élection, Alexander Maclean, Douse entra finalement à l’Assemblée après une nouvelle élection partielle où il ne rencontra pas d’opposition.

Tout en restant agent des terres, Douse devint propriétaire foncier en 1855, en achetant 14 000 acres du domaine de Selkirk, achat qui lui fut peut-être inspiré du fait qu’il apprit que le gouvernement songeait à acheter le domaine au complet.

À la mort de Douse, Edward Whelan fit mention dans l’Examiner de ses idées extrêmement conservatrices comme agent des terres et en même temps de la popularité dont il jouissait auprès de ses locataires pour son sens de la justice. On comprend pourquoi son cortège funèbre fut l’un des plus considérables dans toute l’histoire de la colonie.

H. T. Holman

William Douse est l’auteur de A reply to the Hon. Charles Young’s last will and testament bequeathed to his late constituents, the electors of the third electoral district of Queen’s County (Charlottetown, 1840).

APC, MG 19, E1, sér. 1, 50, pp.19 056–19 313.— Î.-P.-É., Supreme Court, Estates Division, liber 6, f.328 (testament de William Douse) (mfm aux PAPEI).— PRO, CO 226/71, pp.546–556.— Abstract of the proceedings before the Land Commissioners’ Court, held during the summer of 1860, to inquire into the differences relative to the rights of landowners and tenants in Prince Edward Island, J. D. Gordon et David Laird, édit. (Charlottetown, 1862).— Î.-P.-É., House of Assembly, Debates and proc., 1855, 1857, 1860–1861 ; Journal, 1833–1862.— Examiner (Charlottetown), 15, 22 juin, 11, 27 juill. 1850, 5 oct. 1857, 8 févr. 1864.— Islander, 15 févr. 1845, 1er, 8, 15 mai, 21, 28 août 1846, 8 janv., 9, 16, 23 mars 1847, 2 juin 1854.— People’s Journal (Charlottetown), 10, 24 oct. 1857.— Prince Edward Island Register (Charlottetown), 30 oct. 1824, 23 oct. 1826, 14 août 1827, 11 mai 1830.— Protestant and Evangelical Witness, 6 févr. 1864.— Ross’s Weekly (Charlottetown), 11 févr. 1864.— Royal Gazette (Charlottetown), 2 nov. 1830–23 mai 1841, 14 févr. 1843.

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H. T. Holman, « DOUSE, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/douse_william_9F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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