DOUGLAS, JAMES, marchand et fonctionnaire, né en 1789 à Annan, Écosse, fils de John Douglas, manœuvre, et de Sarah Hunter ; décédé célibataire le 31 octobre 1854 à St John’s.
James Douglas était encore un jeune homme quand il arriva à Terre-Neuve. Bien qu’il ait pu venir dans le but de s’associer à son frère Hugh R., qui tenait une mercerie et un atelier de tailleur, il fut probablement employé par un des grands établissements commerciaux dont le siège social était situé à Greenock, en Écosse, et qui étaient engagés dans le commerce à St John’s. C’est en 1818 que son nom apparaît pour la première fois comme copropriétaire d’un navire. Représentant le type même du commerçant indépendant qui possédait des intérêts dans divers domaines, il s’occupa tour à tour d’importation et d’exportation, d’un journal, d’un commerce de vente au détail et d’une pharmacie, cette dernière en société avec Thomas McMurdo. Ses affaires atteignirent leur apogée en 1846 – il possédait alors quatre phoquiers –, mais elles eurent tôt fait de décliner. En effet, l’incendie qui ravagea St John’s en juin détruisit ses locaux, et il perdit quelques-uns de ses navires lors des grands vents qui balayèrent la côte du Labrador en septembre de la même année. La plupart des investissements de Douglas étaient très risqués. En 1848, selon ses contemporains, il ne subsistait que grâce au salaire annuel de £200 qu’il recevait à titre de membre de la commission de la voirie du district central, ce qui ne l’empêcha pas de continuer à équiper un phoquier jusqu’en 1850.
C’est en 1831 qu’on relève le premier geste politique officiel de Douglas. Il signa alors une pétition pressant l’instauration d’un gouvernement représentatif à Terre-Neuve. Peu après le mois d’avril 1833, Douglas et William Carson* apportèrent leur appui à Robert John Parsons* au moment de la création du journal réformiste Newfoundland Patriot, mais Douglas se dissocia complètement du journal en 1835. Cette année-là, il fut également président d’un groupe, dont faisaient partie Patrick Doyle, Thomas Bennett* et James William Tobin*, qui adressa une pétition au gouvernement britannique en vue d’obtenir la destitution du juge en chef Henry John Boulton*, lequel avait utilisé son poste pour protéger les intérêts des hommes politiques d’allégeance conservatrice. Finalement, en 1838, lord Glenelg, secrétaire d’État aux Colonies, démit Boulton de ses fonctions. À la suite de la victoire des réformistes aux élections de 1837, le gouverneur Henry Prescott* nomma Douglas membre de la commission de la voirie du district central, geste qui fut interprété par certains comme un témoignage de sympathie envers les réformistes. En 1843, sir John Harvey le nomma président de la commission, laquelle avait un droit de veto sur toutes les décisions prises par les commissions locales concernant l’octroi de fonds pour la construction des routes du district. La préoccupation majeure de Douglas, qu’il partageait d’ailleurs avec le gouverneur Harvey, était d’établir et d’améliorer les voies commerciales dans le but de faciliter le transport des denrées vers la capitale. En engageant des équipes de constructeurs de routes pendant l’hiver, il procura du travail et des revenus à des chômeurs saisonniers de la ville. Bien que le poste de président ait été potentiellement le plus avantageux de la colonie, offrant à son titulaire la possibilité de distribuer à son gré des faveurs politiques, il semble que Douglas s’acquitta de ses fonctions de façon efficace et sérieuse. Il y fut d’ailleurs nommé tous les ans jusqu’à sa mort.
Pendant les années 1830, les réformistes catholiques dominaient à la chambre d’Assemblée, tandis que les marchands protestants conservateurs, qui jouissaient habituellement des bonnes grâces des gouverneurs, avaient la mainmise sur le Conseil de Terre-Neuve. Bravant la polarisation religieuse qui caractérisait la politique de l’île, le presbytérien Douglas se présenta à l’élection partielle de mai 1840, sous la bannière libérale, dans la circonscription à prédominance catholique de St John’s. Peu avant l’élection, Mgr Michael Anthony Fleming* pressa ses ouailles de « défendre leur religion » en votant pour un des présentateurs de Douglas, le catholique Laurence O’Brien*, qui avait accepté de se porter candidat. O’Brien fut élu par huit voix après une campagne âprement menée et souvent marquée par la violence verbale.
En décembre 1841, Douglas devint un des membres fondateurs de l’Agricultural Society, destinée à favoriser et à améliorer l’industrie agricole. Cette société, sous le patronage de Harvey et de son successeur, John Gaspard Le Marchant*, permit à la production agricole de la colonie de doubler dans les quelques années qui suivirent. De plus, elle aida à minimiser les effets destructeurs de la frisolée pendant la crise de 1846–1849, en distribuant à la population des pommes de terre de semence. Douglas faisait partie de la communauté écossaise presbytérienne de St John’s, dont les membres étaient très solidaires, et siégea au conseil non confessionnel du St John’s Hospital. En outre, il fut nommé membre de la Fire Relief Commission en 1846, fut affecté à la surveillance des rues de St John’s et joua un rôle prépondérant dans la mise en place d’un nouveau système d’approvisionnement en eau pour la ville à la suite de l’incendie de cette année-là.
Ultérieurement à ses nominations à la commission de la voirie et à l’Agricultural Society, Douglas démontra son indépendance politique au début du printemps de 1843 en s’élevant contre le gouverneur Harvey dans le litige qui opposait ce dernier au juge en chef John Gervase Hutchinson Bourne*, un coreligionnaire presbytérien. Il semble cependant que son geste n’ait eu aucune influence sur sa carrière de fonctionnaire. En 1848, Douglas se lança de nouveau en politique active et se présenta aux élections générales comme indépendant dans St John’s contre quatre candidats libéraux catholiques. Il se classa quatrième dans cette circonscription où trois sièges étaient à pourvoir. Deux ans plus tard, il fit une troisième et ultime tentative pour être élu. Une fois de plus, il se présenta comme indépendant à l’élection partielle dans St John’s, déclenchée à la suite du départ d’O’Brien qui avait accepté un siège au Conseil législatif. Comme de nombreux autres candidats plus âgés à cette époque, il fut défait lui aussi par un membre de la nouvelle génération d’hommes politiques. En effet, c’est Philip Francis Little*, futur premier ministre de Terre-Neuve, qui remporta la victoire.
James Douglas, Écossais presbytérien, fut un libéral du xixe siècle, qui dut se présenter comme indépendant, car le parti libéral, à prédominance catholique, refusait de l’appuyer. Ses adversaires politiques ne s’attaquèrent pas à sa personnalité durant les élections et ne lancèrent pas d’accusations de corruption contre celui qui, pendant qu’il était en fonction à titre de commissaire de la voirie, profita de la construction de routes pour fournir de l’emploi aux déshérités. À sa mort, les biens qu’il laissa furent évalués à moins de £1 200.
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Gertrude Crosbie, « DOUGLAS, JAMES (1789-1854) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/douglas_james_1789_1854_8F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
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