DEVILLE, ÉDOUARD (à sa naissance, il reçut le prénom de Daniel-Édouard-Gaston), arpenteur, fonctionnaire et auteur, né le 21 février 1849 à La Charité-sur-Loire, France, fils de Charles Deville, médecin, et d’Estelle Tallard ; le 21 février 1881, il épousa à Québec Joséphine Ouimet, fille de Gédéon Ouimet*, surintendant de l’Instruction publique, et ils eurent un fils ; décédé le 21 septembre 1924 à Ottawa.

Édouard Deville étudia à l’école navale de Brest et, à l’obtention de son diplôme en 1868, entra dans la marine française comme hydrographe. Après avoir passé plusieurs années à effectuer des levés hydrographiques, surtout dans le sud du Pacifique et au Pérou, il quitta la marine avec le grade de capitaine en 1874. La même année, il immigra dans la province de Québec avec sa mère, qui était veuve, et sa sœur. À titre d’astronome adjoint d’Edward David Ashe*, il arpenta de nouveau certaines parties de la haute vallée de l’Outaouais pour le compte du département des Terres de la couronne de la province de Québec. Accrédité arpenteur des terres de la province en 1877, il réussit, l’année suivante, les examens d’arpenteur des terres du dominion et les examens, plus difficiles, menant à l’obtention du prestigieux titre d’arpenteur topographe du dominion. Ces succès attirèrent l’attention de l’arpenteur général Lindsay Alexander Russell, qui l’invita à se joindre au bureau d’examen des arpenteurs du dominion au début de 1879. Au cours de l’année qui suivit, Deville fournit à Russell des questions d’examen ainsi que des tables astronomiques et travailla à déterminer la longitude d’Ottawa.

Deville quitta le département des Terres de la couronne de la province de Québec pour entrer aux Services d’arpentage des terres fédérales en 1880. La première année, il travailla dans les monts Touchwood, en Saskatchewan. Ses talents lui valurent d’être promu inspecteur des levés en 1881, puis inspecteur en chef l’année suivante, fonction qui le ramena à Ottawa. Pendant la maladie de Russel en 1884, Deville assura l’intérim comme arpenteur général et conserva ce poste après le départ de Russell à la retraite en 1885.

Au cours de la première année de Deville en fonction, le personnel des Services d’arpentage commença à relever la configuration de la ceinture du chemin de fer canadien du Pacifique en Colombie-Britannique. Intéressé à savoir si la photographie pouvait faciliter les levés en terrain accidenté, montagneux, Deville confia une caméra à un membre de l’équipe en 1886 et mit au point ce qui deviendrait bientôt la technique phototopographique ou photogrammétrie. Première personne à avoir utilisé avec succès cette technique (dont l’emploi avait été suggéré en France au début des années 1850), il publia un guide, à tirage limité, en 1889. Son intérêt pour la photographie – il était un fervent photographe amateur – l’amena aussi à recommander l’utilisation de reproducteurs photographiques de documents pour copier les cartes utilisées sur place.

Deville contribua à l’adhésion du Canada à l’Union astronomique internationale et à l’Union géodésique et géophysique internationale fondées en 1919. Au moment de la réorganisation du ministère de l’Intérieur en 1922, la Commission géodésique du Canada et la commission de la frontière internationale, que William Frederick King* avait dirigées jusqu’à sa mort en 1916, fusionnèrent avec la direction des levés topographiques du ministère pour former le Bureau des levés, dont Deville devint directeur général. À ce poste, qu’il occuperait jusqu’à ce que la maladie le force à rester chez lui en avril 1924, Deville inculqua la rigueur scientifique à ses collègues, appuya énergiquement l’utilisation d’observations astronomiques, étendit l’usage de la photographie et intensifia le travail de cartographie.

Membre fondateur de la Société royale du Canada en 1882, Édouard Deville prit une part active aux travaux de cette association, notamment comme secrétaire de la section iii de 1892 à 1912. Esprit curieux, il œuvra au sein de la Canadian Engineering Standards Association, de la Town Planning Association of Canada, de la Commission de l’air et de l’Association of Dominion Land Surveyors. Fidèle de la paroisse Sacré-Cœur d’Ottawa, membre du conseil de l’Alliance française, il fit également partie des conseils d’administration du St Luke’s Hospital et du Civic Hospital. Tenu en haute estime par les arpenteurs et par la communauté scientifique, il fut honoré par la University of Toronto, qui lui décerna un doctorat en droit en 1905, décoré de l’ordre du Service impérial en 1916, et nommé membre honoraire de l’Engineerinig Institute of Canada en 1922. Ses collègues le considéraient comme un scientifique et un fonctionnaire modèles et le respectaient pour ses réalisations en mathématiques. Deville avait habilement dirigé une organisation tournée vers l’avenir qui, devant les grands défis posés par l’arpentage au Canada, n’hésitait pas à employer les techniques les plus récentes.

Richard A. Jarrell

Édouard Deville est l’auteur d’Examples of astronomic and geodetic calculations for the use of land surveyors (Québec, 1878) et de Photographic surveying : including the elements of descriptive geometry and perspective (Ottawa, 1889 ; éd. rév., 1895). Il a de plus collaboré à la troisième édition de Canada, Direction des terres fédérales, Manual shewing the system of survey of the dominion lands, with instructions to surveyors (Ottawa, 1871 ; [3e éd.], 1883). On trouve mention de ces ouvrages ainsi que d’autres qu’il a publiés dans le Répertoire de l’ICMH. L’Index des Mémoires et autres publications 1882–1982, R. H. Hubbard, compil. (Ottawa, 1987) de la Société royale du Canada contient la liste des communications qu’il a présentées devant cette société. Ses rapports à titre d’arpenteur général intérimaire et d’arpenteur général sont parus dans Canada, Parl., Doc. de la session, rapport du dép. de l’Intérieur, 1884–1918.

AN, MG 29, E114, dossier 1 ; RG 15, 82 ; 240, dossier 15882.— ANQ-Q, CE301-S1, 21 févr. 1881.— Arch. départementales, Nièvre (Nevers, France), État civil, La Charité-sur-Loire, 23 févr. 1849.— Le Droit (Ottawa), 22 sept. 1924.— Globe, 22 sept. 1924.— Ottawa Citizen, 22 sept. 1924.— Ottawa Evening Journal, 22 sept. 1924.— Toronto Daily Star, 22 sept. 1924.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912).— J. D. Craig, « Dr. Edouard Gaston Deville, director general of surveys, Department of the Interior, Ottawa », Soc. royale d’astronomie du Canada, Journal (Toronto) 18 (1924) : 405–411.— D. B. Dowling, « Edward Gaston Daniel Deville », SRC, Mémoires, 3e sér., 19 (1925), proc. : viii–ix.— « E. G. Deville, i.s.o., d.t.s., hon. m.e.i.c. », Engineering Journal (Montréal), 7 (1924) : 686s.— R. A. Jarrell, The cold light of dawn : a history of Canadian astronomy (Toronto, 1988).— J. G. MacGregor, Vision of an ordered land : the story of the Dominion Land Survey (Saskatoon, Saskatchewan, 1981).— D. W. Thomson, l’Homme et les méridiens : histoire de l’arpentage et de la cartographie au Canada (3 vol., Ottawa, 1966–1985), 2 –3

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Richard A. Jarrell, « DEVILLE, ÉDOUARD (Daniel-Édouard-Gaston) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/deville_edouard_15F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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