ASHE, EDWARD DAVID, officier de marine, astronome, auteur et fonctionnaire, né vers 1813 à Bath, Angleterre ; le 28 mai 1851, il épousa à Québec Marcella Percy, et ils eurent quatre filles et quatre fils ; décédé le 30 mars 1895 à Sherbrooke, Québec.

Edward David Ashe entra dans la marine royale le 20 mars 1830 et, après avoir étudié le tir d’artillerie à Portsmouth, en Angleterre, il fut reçu à l’examen en 1836. Affecté à titre de second sur le Daphne l’année suivante, il servit en Méditerranée jusqu’en 1840. Durant son entraînement, il avait montré des aptitudes pour les mathématiques et la mécanique ; peu de temps après, il mit au point une nouvelle méthode pour concentrer le feu des navires, dont les essais, entrepris en 1841, s’avérèrent très positifs. Promu lieutenant le 25 mai 1842, il servit pendant quelques mois à titre d’officier à bord de l’Excellent ; on l’affecta ensuite dans le Pacifique, sur le Fisgard en mai 1843, puis sur le Daphne. En 1847, on donna son nom à un cap (Ashe Head), situé dans le havre d’Esquimalt, en Colombie-Britannique. En août 1849, Ashe était invalide pour la vie après s’être fracturé le fémur dans un accident survenu à bord d’un navire. Il se vit offrir la direction de l’observatoire qu’on se proposait de construire à Québec.

Projet du gouvernement canadien, l’observatoire avait été conçu pour indiquer l’heure exacte dans le port de Québec. Ashe arriva en novembre 1850 en apportant avec lui des instruments du Royal Observatory de Greenwich (Londres). Après avoir fait quelques transformations au bâtiment de l’observatoire, il en prit la direction en 1851. Il eut d’abord pour fonctions d’observer le passage des astres et de donner chaque jour le signal horaire. Au cours de l’hiver de 1856–1857, à la demande de sir William Edmond Logan* de la Commission géologique du Canada, il détermina, par rapport à Québec, la longitude de Montréal, de Toronto, de Kingston et de plusieurs autres villes canadiennes. À l’automne suivant, il constata que la longitude établie pour Québec n’était pas exacte et corrigea les longitudes canadiennes en échangeant des signaux horaires par télégraphe – une technique innovatrice – avec William Cranch Bond de l’observatoire du Harvard College.

Ashe s’intéressait également à l’observation du soleil et il se joignit donc en 1860 à une expédition américaine au cap Chidley, dans les Territoires du Nord-Ouest, pour étudier les taches solaires à l’aide du petit télescope de l’observatoire de Québec. À compter du milieu des années 1850, il fit de multiples pressions auprès du gouvernement pour obtenir un télescope suffisamment puissant pour la recherche ; on lui accorda finalement un bon instrument en 1865. Ashe devint bientôt l’un des pionniers mondiaux de la photographie astronomique, et d’éminents astronomes solaires d’Angleterre, dont Warren De La Rue, admirèrent ses photographies du soleil. En 1867, il publia dans les Monthly Notices de la Royal Astronomical Society, dont il était membre, une théorie sur les taches solaires qui fit l’objet d’une controverse et fut bientôt réfutée. En 1869, il dirigea une petite expédition à Jefferson City, dans le Missouri, pour observer une éclipse totale de soleil. Ses photographies, qui ne correspondaient pas à celles des autres observateurs, soulevèrent elles aussi une longue controverse ; Ashe avait remarqué des protubérances « repliées » qui furent mises en doute par De La Rue mais confirmées par d’autres. Il poursuivit ses expériences photographiques durant la décennie suivante. En 1875, il confirma un certain nombre de longitudes le long de la rivière des Outaouais pour le compte du département des Terres de la couronne de la province de Québec.

Ashe ne limitait pas sa recherche et ses réflexions aux questions d’astronomie. Ainsi en 1858 le général sir John Fox Burgoyne l’invita-t-il à commenter une nouvelle méthode de « navigation orthodromique » ; il conçut également un radeau de sauvetage et, en 1869, soumit les plans détaillés de l’observatoire et du ballon du signal horaire qu’il proposait pour le port de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick. Membre actif de la Société littéraire et historique de Québec (dont il fut vice-président en 1854 et président en 1866, 1867 et 1873), il présenta des communications et écrivit des articles sur des sujets aussi variés que la rotation de la terre, l’énergie hydraulique, les insurrections à la Jamaïque et la position morale et politique des femmes. Ashe était également un orateur populaire à Québec. En 1861, on l’avait nommé commissaire chargé de venir en aide aux marins nécessiteux et, en 1865, on l’avait promu commandant dans les cadres de réserve de la marine royale.

La dernière tâche importante d’Edward David Ashe à l’observatoire de Québec consista à s’occuper des préparatifs en vue de l’observation du passage de Vénus en 1882. Quatre ans plus tard, son fils William Austin le remplaça à titre de directeur. Ashe habita quelque temps à Lennoxville avant d’aller s’installer à Sherbrooke vers 1890 ; c’est là qu’il mourut en 1895. Ses relations difficiles avec le gouvernement et la controverse qui entoura la valeur de ses théories et de ses photographies du soleil ne l’avaient pas empêché d’être un scientifique productif et plein de ressources. En particulier, les longitudes qu’il a établies ont jeté les bases de ce qu’allait être l’astronomie pratique au Canada durant un demi-siècle, et ses recherches sur le soleil en font le premier astrophysicien du Canada.

Richard A. Jarrell

Edward David Ashe est l’auteur de plusieurs articles scientifiques. Ceux parus dans les Literary and Hist. Soc. of Quebec, Trans. sont : « The late eclipse : journal of a voyage from New York to Labrador », 4 (1843–1860) : 1–16 ; « Plan of the construction of a raft to rescue passengers from sinking ships » : 237–241 ; « Water power of Quebec » : 229–235 ; « Notes of a journey across the Andes », 5 (1861–1862) : 3–35 ; « Motions of the top, teetotum, and gyroscope », nouv. sér., 2 (1863–1864) : 94–104 ; « Results of observations for the determination of the latitude of the Observatory », nouv. sér., 2 : 159–160 ; « On solar spots », nouv. sér., 5 (1866–1867) : 5–14 ; « On the physical constitution of the sun », nouv. sér., 6 (1867–1869) : 41–44 ; « The Canadian eclipse party, 1869 », nouv. sér., 7 (1869–1870) : 85–110. Ont été publiés dans les Royal Astronomical Soc., Monthly Notices (Londres) : « On determining the longitude at sea from altitudes of the moon », 12 (1851–1852) : 179–180 ; « On the pendulum experiment for illustrating the rotation of the earth », 15 (1854–1855) : 93 ; « Physical constitution of the sun », 26 (1865–1866) : 61–62 ; « On a plan for fixing the position of solar spots », 27 (1866–1867) : 274–275 ; « Solar eclipse of August 7th, 1869 », 30 (1869–1870) : 3 ; On his photographs taken during the total solar eclipse, Aug. 7, 1869 » : 173–174. Enfin, il a publié : « On the employment of the electric telegraph in determining the longitude of some of the principal places in Canada », Canadian Journal of Industry, Science, and Art (Toronto), nouv. sér., 4 (1859) : 453–465 ; et « On the longitude of some of the principal places, in Canada as determined by electric telegraph in the years 1856–57 », Geological Survey of Canada, Report of progress (Toronto), 1857 : 231–240.

AC, Saint-François (Sherbrooke), État civil, Anglican, St Peter’s Church (Sherbrooke), 1er avril 1895.— AN, MG 26, A : 179317–179318 ; RG 4, C1, 273 ; 290 ; 292 ; 303 ; RG 93, 82.— ASQ, Univ., Cartons 83, n29 ; 101, no AS.— Harvard College Library, Houghton Library (Cambridge, Mass.), G. P. Bond papers ; W. C. Bond papers, V630.2.— Canada, prov. du, Assemblée législative, App. des journaux, 1849, app. MMM.— Gazette (Montréal), 1er avril 1895.— Le Pionnier, 5 avril 1895.— Quebec Daily Mercury, 1er mars 1864.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— Dominion annual reg., 1885.— R. A. Jarrell, The cold light of dawn : a history of Canadian astronomy (Toronto, 1988) ; « Origine of Canadian government astronomy », Royal Astronomical Soc. of Canada, Journal (Toronto), 69 (1975), n2 : 77–85.— « L’Observatoire de Québec », BRH, 42 (1936) : 16–18.

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Richard A. Jarrell, « ASHE, EDWARD DAVID », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ashe_edward_david_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
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