KING, WILLIAM FREDERICK, arpenteur, astronome et fonctionnaire, né le 19 février 1854 à Stowmarket, Angleterre, fils de William King et d’Ellen Archer ; le 21 décembre 1881, il épousa à Ottawa Augusta Florence Snow, fille de John Allan Snow*, et ils eurent quatre fils et deux filles ; décédé près de cette ville le 23 avril 1916.
William Frederick King avait huit ans lorsqu’il immigra avec sa famille dans le Haut-Canada ; les King s’établirent à Port Hope, où William Frederick fréquenta l’école publique et la grammar school de l’endroit, regroupées sous un même toit. Fils de commis, il entra à la University of Toronto en 1869 mais en sortit trois ans plus tard avant d’avoir obtenu un diplôme. En raison de ses talents en mathématiques, il avait décroché le 1er septembre 1872 un poste de sous-aide astronome dans l’équipe britannique qui allait aider à arpenter la section ouest de la frontière canado-américaine [V. Samuel Anderson*]. De retour à l’université en 1874, il termina une licence ès arts avec spécialisation en mathématiques. Dès juin 1875, il était de nouveau sur le terrain à titre d’aide de l’équipe canadienne d’arpentage dans le Nord-Ouest.
Le 13 novembre 1876, King réussit les examens d’arpenteur des terres du dominion et d’arpenteur topographe du dominion. C’était la première fois que le gouvernement décernait le second de ces titres, qui reconnaissait une compétence dans la théorie et la pratique de la topographie avancée. Ensuite, King alla rejoindre l’équipe d’arpentage du département fédéral de l’Intérieur dans le Nord-Ouest. Il assista d’abord, à titre d’astronome, l’arpenteur général adjoint Lindsay Alexander Russell. Il fit plus tard avec Édouard-Gaston Deville* et Otto Julius Klotz* un « levé spécial » le long du trajet du chemin de fer canadien du Pacifique pour déterminer des longitudes à l’aide d’observations astronomiques transmises par télégraphe. Le 13 juin 1881, il obtint sa permanence dans la fonction publique à titre d’inspecteur des levés. Deville, inspecteur en chef en 1882 puis arpenteur général à compter de 1885, prisait son travail, ce qui garantit son avancement. Deville était à Ottawa tandis que King, à partir de la base de Medicine Hat (Alberta), supervisait les travaux sur le terrain.
En 1886, King devint inspecteur en chef et s’installa à Ottawa. Ayant retrouvé Deville et Klotz, il commença en 1887 à exercer des pressions pour la fondation d’un petit observatoire dans la capitale, mais le projet n’avançait guère. À cette époque, cependant, fixer des repères à l’aide d’observations astronomiques était devenu un moyen privilégié de relever la configuration des terrains montagneux, par exemple la ceinture du chemin de fer canadien du Pacifique dans les Rocheuses. Reconnaissant l’utilité de l’astronomie en matière de topographie, le département créa un service d’astronomie et nomma King astronome en chef le 1er juillet 1890. La même année, King et Klotz purent construire un petit observatoire rue Cliff pour tester des instruments. En raison de l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement libéral en 1896, Clifford Sifton*, du Manitoba, fut nommé à la tête du département. Très lié avec King, il fit en sorte qu’un observatoire national soit créé. Les fonds nécessaires furent accordés en 1899 et la construction commença l’année suivante. Établi à la ferme expérimentale centrale près d’Ottawa, l’Observatoire national d’astronomie du Canada, sous la direction de King, fut mis en service au printemps de 1905. En août, King emmena des membres du Royal Greenwich Observatory et de la Société royale d’astronomie du Canada en expédition au Labrador afin d’observer une éclipse totale du soleil.
Une bonne partie du travail de l’astronome en chef King se rapportait aux levés. Il fut l’un des premiers à promouvoir l’emploi de la technique photo-topographique de Deville pour les terrains accidentés et s’en servit lui-même en 1893–1894 dans ses travaux sur la frontière de l’Alaska et du Canada. En 1899, avec Deville et Klotz, il réorganisa le bureau d’examen des arpenteurs du dominion. De 1892 à 1913, il représenta le gouvernement britannique à la commission des frontières du Canada et des États-Unis ; il s’occupa principalement du litige sur la frontière de l’Alaska. En outre, de 1903 à 1907, il participa aux travaux de la commission internationale sur les voies navigables [V. sir George Christie Gibbons]. Depuis la fin des années 1880, il préconisait la réalisation d’un levé trigonométrique de tout le Canada ; les travaux commencèrent en 1905 à partir de l’Observatoire national d’astronomie du Canada. Tout naturellement, en raison de sa position, King fut nommé surintendant de la Commission géodésique du Canada au moment de sa création en 1909.
L’observatoire devait être principalement un centre d’astronomie appliquée, mais à compter de 1904, King reconnut l’importance de l’astrophysique, domaine alors tout nouveau, et veilla à ce que l’observatoire ait des instruments capables d’observer les étoiles. Il confia à son surintendant technique, John Stanley Plaskett*, la mission de former une équipe et de mettre au point de nouveaux instruments, en lui donnant carte blanche. Les quelques recherches que King faisait à ce moment-là portaient sur le calcul des orbites des étoiles doubles, tout comme les travaux du groupe de Plaskett. En 1911, King convint avec Plaskett que le Canada devait construire un grand télescope pour faire des études astrophysiques et réussit à obtenir des fonds. La défaite des libéraux cette année-là freina la réalisation du projet, mais grâce à de nouvelles pressions, le gouvernement conservateur donna son assentiment en 1913. Dès le printemps de 1918, l’Observatoire d’astrophysique fédéral était en place près de Victoria. Il abritait le plus grand télescope au monde.
King reçut un doctorat honorifique en droit de la University of Toronto en 1904. Il obtint le titre de compagnon de l’ordre de Saint-Michel et Saint-Georges en 1908 en raison de sa participation à la délimitation des frontières. En 1882, il avait été l’un des fondateurs de l’Association of Dominion Land Surveyors. Il figura parmi les premiers membres de la Société royale d’astronomie du Canada, fut président fondateur de la succursale d’Ottawa en 1906 et devint fellow de la société trois ans plus tard. Bien que ses travaux scientifiques aient été surtout pratiques et mathématiques, il soutenait les recherches de ses collègues de l’observatoire et les encourageait à participer à des organismes scientifiques. En 1911, lui-même et l’Observatoire national d’astronomie du Canada accueillirent les membres de l’Astronomical and Astrophysical Society of America, qui se réunissaient pour la première fois hors des États-Unis. Élu membre de la Société royale du Canada en 1908, il prit une part active aux travaux de cette association et en devint président en 1911.
Peu connu à l’extérieur du Canada, King était considéré comme l’un des plus éminents spécialistes des sciences physiques au pays. Anglican, il était engagé dans les affaires de son Église à Ottawa. C’était un homme discret, et son personnel l’aimait. Il était proche de son successeur, Klotz, avec qui il prenait souvent un verre de whisky en fumant un cigare. Dans la dernière année de sa vie, il souffrit beaucoup de la cirrhose, et le désordre s’installa dans son petit empire. Il mourut dans sa maison, l’Observatory House, à la ferme expérimentale. Il laissait dans le deuil sa femme, deux fils et une fille.
William Frederick King n’avait pas, semble-t-il, les talents nécessaires pour bien administrer l’éventail disparate d’organismes qu’il dirigeait. Son génie s’exprima dans la création de deux observatoires nationaux de premier rang en mois de deux décennies. C’était un fait remarquable dans un petit pays doté d’un milieu scientifique quasi embryonnaire.
Les activités de William Frederick King et leur contexte sont décrits dans D. W. Thomson, Men and meridians : the history of surveying and mapping in Canada (3 vol., Ottawa, 1966–1969), 2 ; J. H. Hodgson, The heavens above and the earth beneath : a history of the dominion observatories (1 vol. paru, Ottawa, 1989– ) ; dans notre étude The cold light of dawn : a history of Canadian astronomy (Toronto, 1988), et dans notre article intitulé « The origins of the Dominion Observatory, Ottawa », Journal of the Hist. of Astronomy (Londres), 22 (1991) : 45–53. Les meilleurs notices nécrologiques sont l’hommage de J. S. Plaskett dans Soc. royale d’astronomie du Canada, Journal (Toronto), 10 (1916) : 267–274 et planches v–vii, et celle que l’on trouve dans SRC, Mémoires ; 3e sér., 10 (1916), proc., xiii–xv.
Les documents d’archives sur la carrière de King se trouvent aux AN, RG 15, DII, 1, 260, dossier 35324, et l’on trouve de nombreuses références à son sujet dans les journaux d’Otto J. Klotz aux AN, MG 30, B13. Le rapport de King sur son inspection de la frontière de l’Alaska et du Canada est conservé aux AN, RG 45, 648, dossier 762732. À titre de commissaire du gouvernement britannique sur la question de la frontière de l’Alaska, il a publié deux Joint reports [...] ([Ottawa, 1896]) et (Washington, 1898), avec le commissaire américain William Ward Duffield, et un troisième, (Ottawa, 1901), avec Otto Hilgard Tittmann. Ses rapports officiels concernant les levés des territoires du dominion (1881–1890) et ceux qu’il a rédigés à titre d’astronome en chef (1890–1904) figurent dans les rapports annuels du dép. de l’Intérieur, qu’on trouve dans Canada, Parl., Doc. de la session, 1882–1905 ; le Report of the chief astronomer a ensuite paru sous la forme d’une publication distincte de la Direction de l’astronomie, de 1905 à 1915.
Les comptes rendus de l’Observatoire national d’astronomie du Canada et de l’Observatoire d’astrophysique fédéral rédigés par King ont paru respectivement sous les titres « The Dominion Observatory, Ottawa », dans Soc. royale d’astronomie du Canada, Trans. (Toronto), 15 (1905) : 27–34, et « The new reflecting telescope for the Dominion Observatory, Ottawa » dans le Journal de la société, 7 (1913) : 216–228. Les titres d’un certain nombre d’articles écrits par King, dont plusieurs publiés dans Assoc. of Dominion Land Surveyors, Report of proc. (Ottawa), figurent dans Science and technology biblio. (Richardson et MacDonald). Dans le domaine de l’astronomie, son seul article digne de mention est « Determination of the orbits of spectroscopic binaries », Astrophysical Journal (Chicago), 27 (1908) : 125–138, publié de nouveau dans Report of the chief astronomer 1908 : 329–347. [r. a. j.]
AN, RG 2, C.P. 172, 28 févr. 1874 ; C.P. 1364, 5 juill. 1886 ; C.P 49/1726, 30 juin 1890 ; C.P. 1396, 12 sept. 1892 ; C.P. 766, 5 avril 1909 ; RG 11, 1264, dossier 200124.— Ottawa Evening Journal, 24, 27 avril 1916.— Ottawa Free Press, 22 déc. 1881.— Canada, Parl., Doc. de la session, 1884, no 33 ; 1887, no 5 ; 1893, no 16a ; 1909, no 30 ; et aussi 1875, 1877–1878, 1892 qui contiennent le rapport annuel du dép. de l’Intérieur, 1874, 1876–1877, 1891.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912).— National encyclopedia of Canadian biography, J. E. Middleton et W. S. Downs, édit. (2 vol., Toronto, 1935–1937).
Richard A. Jarrell, « KING, WILLIAM FREDERICK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/king_william_frederick_14F.html.
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Auteur de l'article: | Richard A. Jarrell |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |