DENYS DE LA RONDE, PIERRE, propriétaire terrien et commerçant, né le 8 octobre 1631 à Tours, fils de Simon Denys* de La Trinité et de sa première épouse, Jeanne Dubreuil ; il épousa, le 23 août 1655, Catherine Leneuf (1640–1697), fille de Jacques Leneuf* de La Poterie, gouverneur de Trois-Rivières, et mourut le 6 juin 1708 à Québec où il fut inhumé deux jours plus tard, dans la chapelle des Récollets.

Denys de La Ronde se lança dans un grand nombre d’entreprises. Le 14 août 1655, déjà propriétaire de terrains dans la basse ville de Québec, il acheta la brasserie de cette ville qu’il exploitait encore en 1664. Après son mariage, en 1655, il se fixa à Trois-Rivières et participa à l’entreprise maritime que possédait son beau-père. En 1657, il acheta, à la côte Sainte-Geneviève, près de Québec, une ferme qu’il céda en location. Il quitta Trois-Rivières pour Québec en 1661 ou peu après, et le 12 mars 1662 il obtint des Jésuites une concession de 2 arpents sur 40, sur les bords de la rivière Saint-Charles. Cinq ans plus tard, la moitié de ces terres était en culture. Ultérieurement cette concession fut agrandie et il obtint à Bourg-Royal, tout près de là, de nouvelles terres qu’il loua. Le 4 mars 1663, il était au nombre des 17 marchands à qui le gouverneur Pierre Dubois* Davaugour affermait la traite de Tadoussac.

Le 20 juillet 1672, Talon* concéda à Denys de La Ronde, Charles Aubert de La Chesnaye et Charles Bazire* une étendue de terrain qui allait de Percé à la Malbaie ; ils y mirent sur pied des établissements de pêche sédentaire pour la morue, le marsouin, le loup-marin et tous autres poissons de mer et de rivière. Denys de La Ronde gérait cette entreprise. Quelques années plus tard, on avait, à Percé, défriché 100 arpents de terre et construit des entrepôts pour le poisson, des baraquements pour les équipages, des maisons pour loger le commandant et deux récollets, une chapelle et quelques maisons pour les colons. À Petite-Rivière (Saint-Pierre de la Malbaie), on trouvait des quartiers pour une quinzaine d’hommes, un entrepôt, des bâtiments de ferme, un jardin, et 30 arpents de terre défrichée. Cependant l’entreprise ne prospéra pas et, en 1676, les associés voulaient déjà se retirer. Denys de La Ronde fit appel au gouvernement afin d’obtenir des compensations pour les dépenses exorbitantes qu’il avait dû encourir. Le 18 octobre 1677, la plus grande partie de la concession était cédée à Jacques Le Ber, de Montréal, et, en 1685, la seigneurie était, de toute évidence, retournée au cousin de Denys de La Ronde, Richard Denys* de Fronsac, mandataire de son père Nicolas Denys*. C’est de la tenure de ce dernier qu’avait d’abord été détachée la concession. Des pillards venus de la Nouvelle-Angleterre détruisirent les établissements en 1690.

Dès 1676, la vue de Denys de La Ronde avait montré des signes d’affaiblissement et il était sûrement atteint de cécité totale quand, trois ans plus tard, Buade* de Frontenac sollicita pour lui l’aide du roi. Il confia alors à un fermier sa seigneurie de la rivière Saint-Charles et acheta le 1er septembre 1680, dans la haute ville de Québec, rue Saint-Louis, une maison jouxtant la propriété des Récollets. Il y vécut du produit de la location de ses propriétés. En 1691, Denys de La Ronde et son épouse cédèrent leur maison aux Récollets, qui en firent un hospice. En échange, les Récollets leur versèrent une rente annuelle et leur accordèrent la jouissance d’une maison faisant partie de leur domaine, à l’angle des rues Sainte-Anne et Desjardins. Denys de La Ronde a toujours entretenu des rapports étroits et cordiaux avec les Récollets. Un de ses fils, Jacques, en religion le père Joseph Denys, a été le premier récollet canadien. Denys de La Ronde et son épouse furent tous deux inhumés dans la chapelle des Récollets à Québec.

A. J. E. Lunn

APC, Archives de la famille Denys de Bonaventure, (Indre-et-Loire).— Denys, Description and natural history (Ganong).— P.-G. et A. Roy, Inv. greffes not., I : 60, 71 ; II : 10 ; III : 152, 185.— P.-G. Roy, Inv. concessions, II : 127.— Hugolin [Stanislas Lemay], Le Père Joseph Denis, premier récollet canadien (1657–1736) (2 vol., Québec, 1926).— Sulte, Histoire des Can. fr., V.— Hugolin [Stanislas Lemay], L’établissement des Récollets à l’Isle Percée, 1673–1690, BRH, XVII (1911) : 339–352, 369–380.

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A. J. E. Lunn, « DENYS DE LA RONDE, PIERRE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/denys_de_la_ronde_pierre_2F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
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