DELHALLE (De la Halle), CONSTANTIN, prêtre, récollet, fondateur et curé de Sainte-Anne du Détroit, tué à Détroit le 1er juin 1706.

Tanguay l’a confondu avec le père Nicolas-Bernardin Constantin. Par ailleurs, Charlevoix*, tout en le distinguant de Constantin, l’appelle : Nicolas-Bernardin-Constantin De Lhalle. De plus l’orthographe de son nom varie beaucoup, à toutes les époques : Dehalle (Simple Bocquet), De L’halle et Delahalle (Bonaventure Liénard), de L’Halle (Gosselin), Challe (Massicotte), de LHalle (Jouve).

Selon Shea, il arriva au Canada le 1er juin 1696. Il accompagna Lamothe Cadillac [Laumet] lors de la fondation de Détroit et fonda lui-même la première église du Michigan, qu’il dédia à sainte Anne le 26 juillet 1701. Au cours d’un conseil des Hurons tenu dans le fort de Détroit le 4 décembre 1701, en l’absence du père Constantin, Cadillac prétendit « que les Robes Noires [Jésuites] ne parlent pas bien aujourd’huy, c’est qu’ils ont du chagrin de ce que j’ay amené une Robe Grise [Récollet], et qu’il y doit venir des prestres, qui ont des collets blancs [prêtres des Missions étrangères]. Cela les fasche parce qu’ils voudroient estre seuls ».

Entre-temps, le père Constantin était revenu des pays d’en haut, car nous retrouvons dans les registres de Champlain un acte de baptême, daté du 25 septembre 1701 et signé par lui, qui atteste son passage dans cette paroisse. En juin 1702, il était à Trois-Rivières où il remplissait les fonctions curiales. Il retourna ensuite à Détroit, où Cadillac souligna sa présence dans une lettre datée du 25septembre de la même année.

Une conflagration détruisit la chapelle du Détroit, la maison du père Constantin, ainsi que les résidences de Cadillac et d’Henri Tonty le 5 octobre 1703. Les registres de la paroisse périrent également. Le premier acte des nouveaux registres fut celui du baptême de Marie-Thérèse, fille de Cadillac, le 2 février 1704. « Ce registre ne contenant que trois pages s’est conservé et c’est le plus vieux registre de la première paroisse française de l’Ouest » (Shea).

Le père Constantin assista à plusieurs conseils tenus à Détroit par les Indiens, notamment à celui du 8 juin 1704, alors que ces derniers accusèrent le gouverneur Rigaud de Vaudreuil de les avoir trompés et songèrent à abandonner ce poste. Le 8 mars 1706, Le Pesant, chef des Outaouais du Sable, se plaignit des meurtres commis par les Chaouanons, les Sioux et les Miamis, et décida de partir en guerre contre eux. Le père Constantin fut tué le 1er juin de la même année. Charlevoix raconte ainsi l’événement : « Le P. Constantin, Recollet, Aumonier du Fort, se promenoit dans son jardin, et ne sçavoit rien de ce qui se passoit ; quelques Outaouais se saisirent de lui, et le lièrent ; mais Jean Le Blanc [Outoutagan] un de leur Chefs, qui avoit assisté à l’Assemblée de Montréal, où la Paix générale fut signée, le délia, et le pria d’aller dire au Commandant qu’ils n’en vouloient point aux François, et qu’il le prioit de cesser de faire tirer sur eux. Comme ce Religieux étoit près d’entrer dans le Fort, quelques Miamis, qui fuyoient, sejoignirent à lui, des Outaouais, qui les aperçurent, firent sur eux une décharge de fusil et le P. Constantin en reçut un coup, dont il tomba mort sur le champ. »

Son corps fut enterré dans le cimetière de sa paroisse. Une certaine vénération s’attacha à son nom (on lui attribua même des miracles), et les Récollets qui se succédèrent à ce poste prirent soin de sa dépouille mortelle, en particulier les pères Simple Bocquet et Bonaventure Liénard.

Jacques Valois

AJTR, Registre d’état civil de Champlain.— AN, Col., C11A, 26, f.106 ; Col., C11E, 14, f.125.— Charlevoix, Histoire de la N.-F., 308s.— Découvertes et établissements des Français (Margry), V : 190s., 259ss.— RAC, 1899–1900 : 42s.— Le récollet Constantin Delhalle, BRH, XX (1914) : 92.— Tanguay, Répertoire du clérgé, 78.— Gosselin, LÉglise du Canada, III : 334ss.— J. G. Shea, History of the Catholic Church in the United States (4 vol., New York, 1886–1892), I : 620–624 ; History of the Catholic missions among the Indian Tribes of the United States (New York, 1855), 376.— The American Catholic Historical Researches, XIII (1896).— É.-Z. Massicotte, Les deux Pères de l’Halle, BRH, VIII (1902) : 149s.— N. Saint-Pierre, Lamothe-Cadillac et la fondation de Détroit, BRH, XIX (1913) : 129–151.

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Jacques Valois, « DELHALLE (De la Halle), CONSTANTIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/delhalle_constantin_2F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
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