COLLINS, JOHN, arpenteur et fonctionnaire, décédé le 15 avril 1795, à Québec.
La création du poste d’arpenteur général des terres de la province de Québec fut une conséquence du fait que les Britanniques reconnurent qu’ils avaient besoin d’être davantage et mieux renseignés sur la géographie du pays qui leur avait été cédé en 1763. Samuel Jan Holland* fut nommé à la tête du bureau de l’arpenteur général en mars 1764, et, le même mois, il recevait encore une commission d’arpenteur général pour le district septentrional de l’Amérique du Nord. Sa juridiction s’étendait au sud jusqu’en Virginie, ce qui l’obligeait à des absences prolongées de Québec. Le 8 septembre 1764, John Collins était, en conséquence, nommé arpenteur général adjoint de la province de Québec ; jusqu’à ce que Holland assumât à plein temps ses fonctions relatives à la province, en 1779, Collins eut la responsabilité de la bonne marche du bureau de l’arpenteur général.
On n’a que peu de renseignements sur la carrière de Collins avant sa nomination, mais il semble, d’après certains indices, qu’il ait été marchand à Québec. D’après Holland, il avait été « employé pendant plusieurs années, en tant qu’arpenteur adjoint, dans les colonies du Sud » et le gouverneur Murray, entre autres, l’avait recommandé à ce nouveau poste. Quelques mois après sa nomination, Collins s’occupait à délimiter la frontière entre la province de Québec et la colonie de New York, d’ouest en est, entre le Saint-Laurent et le lac Champlain, le long du 45e parallèle. En 1765, il arpenta également et délimita des terres en vue de l’établissement de colons dans la région de la baie de Gaspé et de la baie des Chaleurs. Outre ses travaux généraux d’arpentage, il prépara des cartes pour le gouverneur, dressa des plans relativement à des contestations foncières et rédigea des rapports, comme celui qui portait sur l’utilisation du quai du roi, à Québec. De 1771 à 1773, Collins et Thomas Valentine, qui représentait la colonie de New York, poursuivirent les travaux visant à délimiter la frontière entre les deux provinces.
Pendant la Révolution américaine, Collins resta à Québec, y assumant ses fonctions d’arpenteur. Une fois les hostilités terminées, se posa au gouvernement l’énorme problème des réfugiés loyalistes. Il fallait, en vue de leur établissement, arpenter et délimiter des terres. Le 11 septembre 1783, le gouverneur Haldimand donna à Collins instruction de se rendre à Cataracoui (Kingston, Ontario) et de procéder à cette tâche. Au cours de 1783, Collins traça les frontières des cantons de Kingston, Ernestown, Fredericksburgh et Adolphustown ; ce fut l’un des premiers arpentages de ce qui est aujourd’hui l’Ontario. Il continua de travailler dans la région du haut Saint-Laurent et, en 1785, dirigea une équipe d’arpenteurs chargés de tracer une voie de communication entre Cataracoui et le lac Huron. En mai 1787, par suite de désaccords sur des questions comme la distribution des terres, des rations, des approvisionnements divers et des vêtements, on nomma une commission d’enquête pour entendre et étudier les plaintes des Loyalistes et autres colons dans les régions ouest de ce qui était alors la province de Québec. La commission, formée de Collins, de Holland, de William Dummer Powell* et de quelques autres, s’occupa d’abord des griefs des habitants de la seigneurie de Sorel. Par la suite, Collins et Powell poursuivirent les auditions dans la région de Kingston.
Collins en était venu aussi à participer activement à la vie politique de la colonie. En janvier 1773, il prêtait serment comme membre du Conseil de Québec. En 1775, il entrait au Conseil législatif et y resta pendant tout le régime de l’Acte de Québec, puis, sous l’Acte constitutionnel de 1791, jusqu’à sa mort. Il fut en outre l’un des conseillers législatifs choisis par sir Guy Carleton*, en août 1776, pour devenir membres de « son conseil privé ». Ce groupe d’hommes de confiance, conseillers auprès du gouverneur, continua d’exister sous Haldimand jusqu’en 1782, bien qu’il eût été jugé inconstitutionnel par le gouvernement britannique, en 1779. Collins siégea au sein d’organismes émanés du Conseil législatif, comme le comité du commerce et de la police, et le comité des terres. Il reçut des commissions générales déjuge de paix pour différents endroits ainsi que des commissions d’audition et de jugement de causes criminelles pour Québec en 1788 et pour Québec et Montréal en 1791.
Après avoir terminé ses arpentages dans de vastes régions inhabitées, il arrivait souvent que Collins signât des requêtes en vue d’y obtenir des terres. Il acquit ainsi des propriétés dans la région portuaire de Bonaventure, sur la baie des Chaleurs, sur la baie de Tonegeyon (baie de Collins, Ontario) et dans le canton de Hereford (Québec). Une querelle éclata au sujet des dimensions et de la situation de sa concession de Hereford, et cette affaire, qui occupa Collins pendant les dernières années de sa vie, n’était pas encore réglée quand il mourut, en 1795, dans sa maison de la rue Saint-Louis, à Québec.
On ne connaît guère la vie privée de Collins. Franc-maçon actif, il fut grand maître provincial de 1767 à 1785. Sa femme, Margaret, mourut à Québec le 24 janvier 1770. Ils eurent au moins une enfant, Mary, qui épousa James Rankin, un arpenteur.
ANQ-Q, État civil, Anglicans, Cathedral of the Holy Trinity (Québec), 25 janv. 1770.— APC, National Map coll., VI/300-1795 ; VI/325-Grand Rivière-1765 ; VI/325-Sorel-1790 ; VI/340-Gaspé-1765 ; VI/340-Paspébiac-1765 ; VI/340-Port Daniel-1765 ; F/350-Québec-1766 ; VI/409-Nassau-1790 ; H3/410-Ontario-1785 ; VI/1001-1774 ; H 1/1 100-1790 ; R/1 100-1790 ; RG 1, E15, A, 1, 2, 11–13, 29 ; L3L, 1, p.144 ; 10, p.3 201 ; 63, pp.31 519s., 31 523s. ; 163, p.79 510 ; RG 4, A1, pp. 10 656–10 675, 10 697–10 868 ; RG 68, 89, ff.1, 53, 81, 84 ; 91, ff.247, 250, 253, 260, 264, 267, 427, 446 ; 97, ff.100, 105, 110, 115.— BL, Add.
Robert J. Hayward, « COLLINS, JOHN (mort en 1795) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/collins_john_1795_4F.html.
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Auteur de l'article: | Robert J. Hayward |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
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