COFFIN, NATHANIEL, arpenteur, homme politique, juge de paix, fonctionnaire et officier de milice, né le 20 février 1766 à Boston, cinquième fils de John Coffin* et d’Isabella Child, et frère de Thomas ; décédé apparemment célibataire le 12 août 1846 à Toronto.
La famille de Nathaniel Coffin s’enfuit de Boston pendant l’été de 1775 pour trouver refuge à Québec. Le 21 mars 1783, Coffin reçut un brevet d’enseigne du 40th Foot, mais il rejoignit son régiment seulement après que celui-ci eut quitté l’île Staten (New York) pour l’Angleterre, en novembre. Le 11 janvier 1786, il échangea son poste contre une demi-solde, peut-être parce qu’il avait manqué à la discipline en Irlande.
Coffin revint ensuite à Québec, où il obtint un poste d’arpenteur le 19 juillet 1790. Il travailla pendant quelques années dans diverses parties de la province, mais surtout le long de la rivière Bécancour et dans la région de Portneuf. En 1793, avec William Vondenvelden*, Jesse Pennoyer* et d’autres, il forma une loge maçonnique du nom de Select Surveyors No. 9. L’année suivante, son père et lui participèrent à la fondation d’une association de soutien au gouvernement du Bas-Canada.
De 1795 à 1802, Coffin déploya son activité dans la région de la baie Missisquoi et fit partie d’un comité formé notamment par Pennoyer et Samuel Willard* pour inciter le gouvernement à accélérer l’examen des requêtes foncières. Sa participation aux affaires de la région lui valut, en juillet 1796, le siège de député de la circonscription de Bedford, mais il ne se distingua pas durant ses quatre années en chambre. Nommé juge de paix du district de Montréal le 14 décembre 1796, il le demeura jusque vers 1810. En 1797, le gouverneur Robert Prescott* le chargea de rassembler des témoins pour le procès de David McLane*, accusé de trahison.
Le 31 août 1802, Coffin figurait au nombre de ceux qui obtenaient une concession de 1 200 acres dans le nouveau canton de Compton, où il avait déjà commencé à s’établir. On ne connaît guère ses allées et venues pendant la décennie suivante. Apparemment, il se trouvait à Québec lorsqu’on le nomma aide de camp provincial de son beau-frère, le major général Roger Hale Sheaffe*, en juillet 1812. Il servit auprès de lui à Queenston Heights, ce qui lui mérita des mentions dans des dépêches, et il était encore à ses côtés à la bataille d’York (Toronto) en avril 1813.
En janvier 1814, Coffin devint adjudant général adjoint de la milice du Haut-Canada. À ce titre, il veilla à l’administration à partir du bureau de la milice à Kingston pendant que l’adjudant général, Colley Lyons Lucas Foster, se déplaçait avec le quartier général de l’armée. Le 25 mars 1815, il accéda lui-même au poste d’adjudant général ; une fois la guerre terminée, il fut le seul officier de milice gardé en service permanent. Il conserva son grade de lieutenant-colonel, qu’il avait reçu en octobre 1812, et passa à celui de colonel en 1820.
En 1816, les dossiers du bureau général des réclamations de la milice, qui s’occupait des arriérés dus aux miliciens pour le service de guerre, passèrent au bureau de l’adjudant général. Pour vérifier la validité des soldes réclamées et en préparer le paiement, Coffin dut rester à Québec pendant les six premiers mois de 1818, et les versements eux-mêmes occupèrent une bonne partie de son temps pendant encore quelques années. Ce n’est que vers 1821 que d’autres problèmes, qu’avaient soulevés la formation de nouvelles unités et l’équipement, commencèrent à l’absorber davantage.
Après la guerre, Coffin tomba progressivement en disgrâce auprès de l’Assemblée, de tendance réformiste. En 1818, des députés s’opposèrent à ce qu’il embauche un commis, et ce n’est qu’en 1822 qu’on renouvela une loi qui affectait une partie des crédits de l’adjudant général, arrivée à échéance en 1820, et ce, uniquement après des pressions considérables de la part de Coffin et du lieutenant-gouverneur sir Peregrine Maitland*. En 1821, un comité de l’Assemblée examina les responsabilités de l’adjudant général et recommanda une augmentation de son état-major ; pourtant les crédits nécessaires ne furent pas alloués. Il y eut, en 1823, nomination d’un sous-adjudant général, James FitzGibbon*, mais les fonds d’urgence qui permettaient à Coffin de voyager se révélèrent insuffisants. En raison d’autres restrictions financières imposées en mai 1825, le bureau ne pouvait même plus acquitter ses frais de poste, et FitzGibbon démissionna quand l’Assemblée réduisit sa rémunération en 1827. De plus, ce qui n’arrangeait pas les choses, une longue querelle opposait Coffin et le député François Baby* à propos de la superficie de terre due à celui-ci pour son service d’officier de milice pendant la guerre de 1812. Les démêlés de Coffin avec la chambre d’Assemblée atteignirent leur point culminant en mars 1828. Un comité spécial, chargé d’étudier un litige relatif à des terres gouvernementales et qui mettait en cause William Forsyth, l’assigna à comparaître avec le surintendant des Affaires indiennes, James Givins. Maitland leur interdit d’y aller et, quelques jours plus tard, les députés réformistes les emprisonnèrent jusqu’à la fin de la session pour refus d’obéir.
De 1833 à 1836, Coffin s’occupa de plus en plus des affaires du 1st Northumberland Regiment, où le commandant, John Covert, tentait de bloquer les activités et l’avancement de certains des officiers parce qu’il ne partageait pas leurs opinions politiques. Quand, finalement, Covert comparut en cour martiale à cause de sa conduite, il blâma Coffin d’avoir laissé l’affaire aller aussi loin.
Au cours des années 1830, Coffin, qui prenait de l’âge et était malade, demanda l’autorisation de prendre sa retraite. L’Assemblée adopta un projet de loi qui lui assurait une pension et apportait d’autres changements à son bureau, mais le Conseil législatif le rejeta. Coffin était toujours adjudant général à la veille de la rébellion de 1837, mais c’était son assistant, Walter O’Hara*, qui se chargeait de la tâche, et une bonne partie du travail n’était pas faite. Quand la révolte éclata, le lieutenant-gouverneur sir Francis Bond Head* remplaça Coffin par FitzGibbon.
Nathaniel Coffin avait commencé sa carrière dans la milice à un âge assez avancé. Nommé en 1812 à cause d’une relation familiale, il avait rarement commandé des troupes en campagne. Quelles qu’aient été ses compétences administratives, il ne fut donc pas, semble-t-il, tenu en très haute estime quand, dans l’après-guerre, il dirigea la milice du Haut-Canada. Pendant la période où il fut le principal officier d’état-major de la milice, celle-ci connut une forte croissance : par suite de l’afflux de colons, de nouvelles unités s’organisaient dans toute la province. Cependant, elles existèrent surtout en théorie, car elles furent rarement convoquées à l’entraînement et, dans la plupart des cas, ne furent pas équipées.
APC, MG 30, D1, 8 ; RG 1, L6B, 1 ; RG 8, I(C sér.), 273 : 138–139 ; 677 : 8–9, 140 ; 678 : 174–177 ; 704 : 126, 246–249 ; 1168 : 220 ; RG 9, I, B1, 3 : 14 ; 42 : 11–14 ; 43 ; 47–50 ; 52–53.— Édouard Fabre Surveyer, « Nathaniel Coffin (1766–1846) », SRC Mémoires, 3e sér., 42 (1948), sect. ii : 59–71.
O. A. Cooke, « COFFIN, NATHANIEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/coffin_nathaniel_7F.html.
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Auteur de l'article: | O. A. Cooke |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
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