CALDWELL, FRANCIS XAVIER, officier de milice, fonctionnaire, juge de paix, homme politique et homme d’affaires, né le 4 mai 1792 à Detroit, fils de William Caldwell* et de Suzanne Baby, fille de Jacques Baby*, dit Dupéront ; le 10 janvier 1831, il épousa Mary Frances Réaume, veuve de Francis Baby, et ils eurent un fils ; décédé le 5 juin 1851 dans le canton de Malden, Haut-Canada.
Francis Xavier Caldwell fut élevé dans la religion catholique et fit ses études soit à Detroit ou à Amherstburg, dans le Haut-Canada, où sa famille s’était installée en 1782 ou 1783. À l’âge de 20 ans, il se joignit à son père (ancien capitaine dans les Butler’s Rangers) et à deux de ses frères pour servir dans l’armée britannique durant la guerre de 1812–1815. Promu enseigne dans le 1er régiment de milice d’Essex le 12 juillet 1812, Caldwell participa la même année à la prise de Detroit et, en 1813, en qualité d’officier dans un corps de rangers commandé par son père, à plusieurs batailles importantes à la frontière ouest : celles de Frenchtown, de la rivière des Miamis, du fort Meigs et du fort Stephenson. Lorsque la chance tourna, les Caldwell abandonnèrent Amherstburg avec le major général Henry Procter*, puis ils échappèrent à la mort ou à la capture à Moraviantown en octobre 1813, mais ils comprirent qu’ils ne pourraient retourner chez eux tant que les Américains occuperaient la partie occidentale du Haut-Canada. Le nom de Caldwell – associé durant la décennie qui suivit la Révolution américaine à la guerre de frontière et à l’instigation d’atrocités commises par les Indiens dans la région de l’Ohio – était encore si odieux aux Américains que la propriété familiale d’Amherstburg fut livrée aux flammes et que William Caldwell père fit l’objet d’un avis de recherche. À la fin de 1813, Francis Xavier participa à titre de volontaire, avec la Right Division de l’armée britannique à la prise du fort Niagara (près de Youngstown), de Lewiston, de Black Rock (Buffalo) et de Buffalo, situés dans l’état de New York. En 1814, les Caldwell combattirent encore ensemble comme volontaires dans la Right Division à la bataille de Longwood (près de Thamesville, Ontario), après laquelle Caldwell père fut nommé pour remplacer Matthew Elliott* au département des Affaires indiennes. La famille se trouva réunie plus tard en 1814 à la bataille de Lundy’s Lane et au siège du fort Erie (Fort Erie).
Après son retour dans l’Amherstburg d’après-guerre, Francis Xavier Caldwell se lança dans la culture de la terre ; il vit le gouvernement traiter son père de façon mesquine du fait que le personnel du département des Affaires indiennes était réduit à son niveau du temps de paix. Malgré sa promotion au grade de capitaine dans la milice d’Essex en 1819, Caldwell sentit qu’on le traitait de la même manière que son père quand on décerna d’autres promotions qui provoquèrent une petite révolte dans le régiment. Comme d’autres, il démissionna dans un mouvement d’humeur. Il réagit aussi rapidement que son père à une humiliation présumée ou à une injustice mais, selon toute apparence, l’adjudant général Nathaniel Coffin* put donner satisfaction à tous les intéressés. Les démissions furent annulées un an plus tard et la paix revint.
À la mort de son père en 1822, Caldwell hérita d’une propriété assez vaste, comprenant des lots de grève le long de la rivière de Detroit. À cette propriété, il ajouta les concessions qu’il reçut à titre de loyaliste et de milicien, et acquit ainsi environ 2 500 acres de terre dans le district de Western. Il participa aussi avec ses frères à l’amélioration du chemin connu sous le nom de route Pike, qui passait dans Amherstburg et traversait la propriété des Caldwell ; à la fin des années 1830, il obtint le reste des lots de grève en bordure de sa propriété. En 1831, il avait épousé Mary Frances Baby, veuve et mère de deux fils. Peut-être à cause de ses étroites relations avec le prestigieux clan des Baby, auquel il était apparenté tant par sa mère que par sa femme, son importance continua de croître. Nommé receveur des douanes à Amherstburg en 1831 et juge de paix deux ans plus tard, Caldwell était prêt, en 1834, à entrer sur la scène politique.
Au milieu des années 1830, l’arène politique du Haut-Canada était de plus en plus dominée par la politique réformiste de William Lyon Mackenzie*, laquelle semblait menacer la structure de la société. Caldwell répondit à l’appel du Canadian Emigrant de Sandwich (Windsor) qui demandait « des députés indépendants et loyaux, au patriotisme éprouvé », et se présenta en 1834 dans la circonscription d’Essex où deux sièges étaient à pourvoir. Il gagna facilement avec John Alexander Wilkinson, un des députés sortants. Le Canadian Emigrant les accepta en les qualifiant de « loyalistes dévoués, partisans du progrès interne et d’une réforme rationnelle », qualités qui les rendraient à coup sûr « dignes d’une place remarquable sur la liste noire de Mackenzie ». Après un compte rendu de leurs premières actions à l’Assemblée, le journal se vanta de ce que Caldwell et Wilkinson étaient « unanimes dans leur opposition à Mackenzie », et la presse réformiste les flétrit du nom de tories.
Élu comme indépendant, Caldwell montra qu’il était en réalité un tory modéré. Il s’opposa au scrutin secret, mesure prônée avec enthousiasme par les réformistes, mais, en 1839, il vota contre la demande de l’élément tory réactionnaire en vue d’obtenir une union inégale des Canadas, où le Haut-Canada dominerait le Bas-Canada. Malgré son appui à la sécularisation des réserves du clergé, dont les revenus devaient aller à l’enseignement général, Caldwell fit partie du petit groupe qui s’était joint à l’archidiacre John Strachan* en 1835 pour demander qu’une déclaration d’appartenance à l’Église d’Angleterre soit introduite dans le processus de nomination du personnel au King’s College de Toronto. Habituellement enclin à soutenir la couronne et ses représentants, Caldwell sut pourtant se montrer querelleur quand il défendit le paiement des réclamations pour les pertes subies pendant la guerre de 1812 et quand il affirma qu’on devrait concéder des terres aux descendants de loyalistes et aux miliciens qui en réclamaient sans exiger le paiement des droits d’établissement. Caldwell était aussi un ardent partisan des améliorations d’intérêt public. Son plaidoyer assidu pour celles-ci à l’Assemblée se traduisit par des travaux aux routes, aux phares et aux ports de sa circonscription. Il ne réussit pas cependant à persuader le gouvernement de la métropole de réduire les droits imposés sur le tabac cultivé au Canada, dont le district de Western était un gros producteur. Cet échec constitua sa principale déception comme député.
En janvier 1838, à la suite de l’éclatement de la rébellion, Caldwell reçut le mandat de lever et de commander une force armée, les Amherstburg Volunteers, pour servir à la frontière. La situation était devenue très tendue. En effet, à cause de l’affaire du Caroline survenue en décembre 1837 [V. Andrew Drew*], des escarmouches de frontière avec des patriotes comme Edward Alexander Theller menaçaient de se transformer en conflit ouvert avec les États-Unis. Caldwell assista de toute évidence aux séances du Parlement à Toronto durant la période d’activité la plus intense, mais il ne croyait pas à une attaque des Américains contre le Canada. Il prononça même cette phrase caractéristique : « Qu’ils viennent s’ils osent. » Dès l’été de 1838, les opérations à la frontière avaient cessé, et les Amherstburg Volunteers furent licenciés. On fit venir des unités régulières dans la région ; une nouvelle menace d’invasion des patriotes, à l’automne de cette année-là, amena le renforcement de la milice locale afin de défendre la région. Caldwell ne joua aucun rôle dans la bataille qui fit rage dans le verger de François Baby à Windsor en décembre 1838. Il continua plutôt de remplir ses fonctions au Parlement tandis que le flamboyant John Prince*, élu avec Caldwell pour représenter la circonscription d’Essex en 1836, revint pour diriger la défense du district de Western. Lors des élections de 1841, la circonscription d’Essex ne devait élire qu’un seul député, et Prince gagna aux dépens de Caldwell. La prompte exécution de cinq patriotes en 1838, dont Prince était responsable, lui avait permis d’acquérir une extraordinaire popularité.
C’est dans les affaires que Caldwell connut sa plus grande désillusion. En juillet 1835, il avait beaucoup investi dans des lots de village près des forges Colborne, situées dans le canton de Gosfield (cantons de Gosfield North et de Gosfield South), comté d’Essex. Quatre ans plus tôt, Eleakim Field* et Benjamin Parker Cahoon avaient fondé les forges Colborne, probablement appelées ainsi en l’honneur du lieutenant-gouverneur sir John Colborne*. Deux choses ont pu pousser Caldwell à investir : le compte rendu d’un fondeur de Toronto, Amos Horton, qui affirmait que le fer des forges Colborne était le meilleur du pays, et l’appui du gouvernement pour la construction, entre les rivières de Detroit et Niagara, d’une meilleure route vers le sud, laquelle devait traverser le terrain des forges et avoir environ 60 milles de moins que la route traditionnelle allant de la rivière Thames à Chatham. Lorsqu’on donna, en avril 1838, les premiers coups de pioche à Sandwich pour la construction du Niagara and Detroit Rivers Rail Road, dont Caldwell avait ardemment défendu la charte à l’Assemblée, le succès des forges semblait assuré. Mais cela ne se passa pas ainsi. Une combinaison d’événements – la panique financière de 1837 [V. John Henry Dunn], l’opposition de certains promoteurs ferroviaires comme sir Allan Napier MacNab* et la perturbation causée par la rébellion – empêcha la réussite de l’expansion des forges et de la ville de Colborne (Olinda). Caldwell assuma aussi la responsabilité d’une partie des dettes de Cahoon en espérant que la somme « soit entièrement payée à l’échéance ».
Cahoon fit faillite et s’enfuit aux États-Unis en 1839. Après que le syndicat de faillite mis sur pied pour acquitter ses dettes eut raté son objectif par suite de fraude et de mauvaise administration, Caldwell se retrouva responsable. Plus tard, la Michigan Farmers and Mechanics Bank le poursuivit en justice pour £500. Il put faire honneur à ses obligations, mais il ne se remit jamais de cette perte financière. En 1842, il fut forcé d’hypothéquer certaines de ses vastes terres. Cinq ans plus tard, après que l’espoir de tirer profit des propriétés situées à Chicago et provenant de Billy Caldwell*, son demi-frère décédé, se fut révélé vain, Caldwell se trouva encore plus endetté – il devait plus de £900. Un emprunt de consolidation fait en 1847 auprès de Thomas Fletcher Park, marchand d’Amherstburg, permit à Caldwell de payer ses quelques dettes, mais il avait dû donner toutes ses terres en garantie additionnelle. Il mourut en 1851 sans avoir remboursé son hypothèque ; en conséquence, une grande partie de sa propriété passa à la famille Park. Son fils William s’arrangea pour conserver la ferme, mais il partit peu après en mer dans une vaine tentative pour récupérer la fortune familiale. William blâma toujours Cahoon de la malchance de son père ; il faisait amèrement observer qu’avant que ce dernier ne fasse la connaissance de Cahoon « il se trouvait dans l’aisance et bien nanti ».
En dépit de ses revers de fortune, Francis Xavier Caldwell était resté un membre respecté de sa communauté, jouissant du prestige de la tradition militaire de sa famille, lequel ne cessa de croître au fil des ans. Les récits des gens de la région peuvent avoir exagéré ou embrouillé certains de ses exploits, mais Caldwell avait à maintes reprises risqué sa vie pour son pays. Dans un témoignage d’estime pour ses services, que signèrent 89 des personnages les plus illustres de la région et qu’on lui remit quand il se retira de la vie politique en 1841, on fit à cet homme « courageux et brave » l’honneur de lui décerner le compliment suprême de son époque : « toujours en première ligne sur le champ de bataille ».
AO, MS 392, 20–135 (papiers G. F. Macdonald) (mfm à l’Hiram Walker Hist. Museum, Windsor, Ontario) ; MU 1771, 6 : 855–856 ; RG 22, sér. 310, reg. D : 20–22 (testament de William Caldwell) ; sér. 311, n° 199 (F.-X. Caldwell).— APC, MG 24, B147 ; RG 1, L1, 35 : 322, 349 ; L3, 114 : C 18/174 ; 117 : C 19/31 ; 120 : C20/145 ; RG 5, A1 : 60472 ; RG 8, I (C sér.), 84 : 320 ; 255 ; 139–140 ; 257 : 150–162 ; 258 : 80–81, 86, 89–89a ; 678 : 19 ; 1202 : 2 ; 1219 : 61–68 ; RG 9, I, B1, 11, Essex folder ; 42 : 289–292 ; B2, 3–4 ; B5, 8 ; RG 68, General index, 1651–1841 : 182, 482, 501.— Canada, Parcs Canada, Fort Malden National Hist. Park (Amherstburg, Ontario), Arch. coll., Caldwell family papers ; Francis Caldwell papers ; H. M. Stancliff papers ; Information files, Caldwell family ; roads.— Essex Land Registry Office (Windsor), Abstract index to deeds, Gosfield Township, concession 5, lot 22 (mfm aux AO, GS 894) ; Malden Township, concession 5, lots 3, 22, 26, 101 (mfm aux AO, GS 936).— H.-C., House of Assembly, Journal, 1831–1840.— William McCormick, A sketch of the Western District of Upper Canada, being the southern extremity of that interesting province, R. A. Douglas, édit. ([Windsor], 1980).— Mich. Pioneer Coll. (Lansing), 23 (1893) : 42–43.— John Prince, John Prince : A collection of documents, introd. de R. A. Douglas, édit. (Toronto, 1980).— Canadian Emigrant, and Western District Weekly Advertiser (Sandwich [Windsor]), 19 avril. 18, 25 oct. 1834, 7, 16 févr. 1835.— Western Herald, and Farmers’ Magazine (Sandwich), 31 mars 1841.— Commemorative biographical record of the county of Essex, Ontario, containing biographical sketches of prominent and representative citizens and many of the early settled families (Toronto, 1905), 121–122.— Christian Denissen, Genealogy of the French families of the Detroit River region, 1701–1911, H. F. Powell, édit. (2 vol., Detroit, 1976), 126–27, 176 ; 2 : 985.— Officers of British forces in Canada (Irving).— D. P. Botsford, « The Caldwell family of Fort Malden », Essex County Hist. Assoc., Radio sketches of periods-events-personalities from the Essex-Detroit area : transcriptions ([Windsor], 1963), émission du 30 juill. 1960.— F. H. Armstrong, « The oligarchy of the Western District of Upper Canada, 1788–1841 », SHC Communications hist., 1977 : 87–102.— John Clarke, « The role of political position and family and economic linkage in land speculation in the Western District of Upper Canada, 1788–1815 », Canadian Geographer (Toronto), 19 (1975) : 18–34. J. I. Poole, « The fight at Battle Hill », London and Middlesex Hist. Soc., Trans. ([London, Ontario]), 4 (1913) : 7–61.
Larry L. Kulisek, « CALDWELL, FRANCIS XAVIER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/caldwell_francis_xavier_8F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
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