CHRISTIE, WILLIAM PLENDERLEATH (connu jusqu’en 1835 sous le nom de William Plenderleath), seigneur et homme politique, né le 13 décembre 1780 en Angleterre ; décédé le 4 mai 1845 à Blackwood (république d’Irlande).
William Plenderleath était le troisième fils de Gabriel Christie* et de sa maîtresse Rachel Plenderleath. Le 20 avril 1793, il joignit les rangs du régiment de son père, le 60th Foot, en qualité d’enseigne ; le 29 mai 1803, il accéda au grade de capitaine. En garnison aux Antilles pendant la plus grande partie des guerres napoléoniennes, il servit aussi en Italie et passa 18 mois à Madère à titre de sous-adjoint à l’adjudant général. Il donna sa démission en 1810.
Peut-être dès 1816, Plenderleath s’établit à Montréal, où il se peut qu’il ait vécu chez les Christie. La même année, il intenta une poursuite à son demi-frère Napier Christie Burton afin de toucher le solde des £1 500 (cours d’Angleterre) que lui avait léguées son père. Avant 1820, il épousa Elizabeth McGinnis, sœur d’Alexander McGinnis, négociant entre Bristol et la Dominique. Devenu veuf, il épousa en secondes noces Amelia Martha Bowman, le 30 mars 1835 à Montréal. On sait peu de chose sur ses premières années dans cette ville, sinon qu’il fut exécuteur testamentaire de plusieurs membres de la famille de sa première femme, ce qui le mena à Bristol en 1820.
À Montréal, Christie habitait une maison appelée Clifton Lodge, dans le faubourg Québec. II possédait aussi une ferme à Cornwall et 1200 acres de terre dans le canton d’Ascot. En 1842, il acheta la maison de Joseph Papineau à Montréal. Il détenait des actions de la Bank of England, de la Banque de Montréal, de la Banque de la cité et de la British American Land Company.
À la mort de Napier Christie Burton en 1835, et après avoir, probablement le 27 juin, pris le nom et le blason des Christie, Plenderleath hérita le majorat de son père. Il devint ainsi propriétaire de quelques lots de ville à Dorchester (Saint-Jean-sur-Richelieu) et seigneur de Repentigny, Bleury, Sabrevois, Noyan, Léry et Lacolle. Sa prestation de foi et hommage eut lieu le 7 novembre 1835.
Afin de gérer ses domaines, Christie prit comme agent foncier William McGinnis, de L’Acadie, neveu de sa première femme. Après un an de salariat, McGinnis toucha une commission de 15 % sur la perception des droits seigneuriaux. Ses intérêts étaient donc étroitement liés à ceux du seigneur. En outre, il partageait les fortes tendances tories de Christie et l’aidait tant en matière commerciale que dans ses efforts de promotion du protestantisme. Christie appréciait cet homme : « Il n’est personne, lui écrivit-il, qui pourrait ou voudrait me rendre des services aussi nécessaires ; personne, sauf votre frère, en qui je peux mettre ma confiance. »
Même si Christie agissait toujours par l’intermédiaire de son agent, il veillait de près à l’administration de ses seigneuries. Il en fit un levé et dressa un dossier distinct sur chacune en prévision de la subdivision de ses domaines. Il remarquait les absentéistes, surtout ceux qui avaient participé à la rébellion de 1837–1838, afin de les poursuivre pour arriérés de fermage s’il y avait lieu. Grâce à des travaux de drainage, il accrut la superficie des terres arables dans la seigneurie de Léry, dont la partie non concédée devint le domaine de Lakefield après qu’il eut demandé, en vain, de la transformer en « franc et commun soccage ». Des travaux semblables exécutés à Noyan donnèrent de moins bons résultats. Il construisit deux scieries à Saint-Valentin, mais dans l’ensemble il laissait les travaux d’aménagement à des entrepreneurs. II vendit les plus importants emplace ments de moulin des seigneuries ; les autres, mis en location, revinrent par la suite à ses héritiers. Le principal mérite de Christie fut donc de rationaliser la gestion de ses seigneuries afin qu’elles rapportent un revenu régulier, mais il dut pour cela recourir à des ventes judiciaires. Bien que sa correspondance révèle un fort préjugé en faveur des « tenanciers » anglais, il traitait ses censitaires avec équité. Il avait l’habitude de recueillir régulièrement les fermages, qu’il laissa au taux de l’administration précédente.
Christie encouragea activement la création d’écoles et le missionnariat protestant au Bas-Canada, et prit un intérêt particulier à l’instruction des autochtones. Il assuma les coûts de la construction de la chapelle Trinity de Montréal, dont il choisit le premier titulaire, Mark Willoughby. À Christieville (Iberville), il finança la construction de l’église Trinity et d’une école paroissiale ; à cet endroit et à Napierville, il donna des biens-fonds pour un bénéfice et une église. La Church Society, dont il était membre fondateur et vice-président, reçut de lui des terres dans le canton d’Ascot. C’est avec son assentiment qu’Henriette Feller [Odin*] ouvrit sa mission à Grande-Ligne, et il payait un colporteur qui distribuait des tracts protestants à Repentigny et dans les seigneuries de la haute vallée du Richelieu. Cependant, il prenait soin d’entourer de discrétion sa participation à ces activités. Christie était d’une piété évidente et faisait preuve d’amabilité dans ses relations personnelles ; par contre, dans ses gestes publics de charité, il semble qu’il agissait plutôt par prosélytisme que par philanthropie.
Pendant la rébellion de 1837–1838, Christie s’était porté volontaire comme secrétaire militaire du Bas-Canada et d’une partie du Haut-Canada et il occupa ce poste pendant un certain temps. Du 2 avril au 1er juin 1838 puis du 2 novembre de la même année au 10 février 1841, il siégea au Conseil spécial du Bas-Canada. Ensuite, il s’installa au manoir qu’il avait fait construire à Christieville. En 1843, en compagnie de sa femme, il partit pour la Grande-Bretagne, dans l’espoir de trouver un traitement pour son bras paralysé. Il mourut à Blackwood deux ans plus tard.
Christie n’eut aucun enfant de ses mariages. Sa femme, légataire universelle, reçut £4 200 en vertu de leur contrat de mariage ainsi que le manoir de Christieville, la seigneurie de Bleury et les domaines des seigneuries de Léry et Lacolle. Les autres seigneuries allèrent à des parents. Divers avoirs, dont des biens meubles, passèrent aux membres des familles McGinnis et Bowman. Des amis personnels, 32 en tout, reçurent £50 chacun, à prélever sur les arriérés de fermage. Le solde, le cas échéant, devait être réparti entre plusieurs sociétés missionnaires.
Mis en doute aussi bien après qu’avant sa mort, le droit de William Plenderleath Christie à la succession de son père fit l’objet d’une première contestation devant les tribunaux après 1864. Cependant, le 21 juillet 1874, le Comité judiciaire du Conseil privé confirma son droit d’héritage, en dépit de son état de « bâtard adultérin », si bien que ses héritiers ne furent plus inquiétés.
ANQ-M, CE1-63, 30 mars 1835 ; CN1-134, 24 mars 1835 ; CN1-175, 3 mars 1842.— ANQ-Q, P-52, nos 498–511.— APC, MG 8, F99, sér. 1–2, 8–9 ; RG 1, L3L : 30175–30177 ; RG 4, B53, 3 ; RG 8, I (C sér.), 392 : 49.— Musée McCord, M20483.— King v. Tunstall (1874), 7 C.R.A.C., 126.— Quebec Gazette, 3 sept. 1840.— Elinor Kyte Senior, British regulars in Montreal : an imperial garrison, 1832–1854 (Montréal, 1981).— Françoise Noël, « Gabriel Christie’s seigneuries : settlement and seigneurial administration in the upper Richelieu valley, 1764–1854 » (thèse de ph.d., McGill Univ., Montréal, 1985).— N. W. Wallace, A regimental chronicle and list of officers of the 60th, or King’s Royal Rifle Corps, formerly the 62nd, or the Royal American Regiment of Foot (Londres, 1879).
Françoise Noël, « CHRISTIE, WILLIAM PLENDERLEATH (William Plenderleath) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/christie_william_plenderleath_7F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |