CHARLY SAINT-ANGE, JEAN-BAPTISTE (il signait Charly), commerçant montréalais, colonel de milice, marguillier ; né à Montréal le 17 août 1668, décédé à Québec le 9 novembre 1728.
Il était l’aîné des fils d’André Charly, dit Saint-Ange, et de Marie Dumesnil qui, tous deux, à l’instigation de Chomedey* de Maisonneuve, étaient venus à Montréal comme immigrants, aux environs de 1650. Il semble que Jean-Baptiste, à l’instar de son père, ait mérité l’estime générale de ses contemporains. Il fut élu marguillier de Notre-Dame de Montréal en 1707 et de nouveau en 1724 ; à une date indéterminée, il fut aussi nommé colonel de milice. En se lançant dans le commerce des fourrures, il s’assura une aisance plus grande que celle qu’avait connue son père. En 1691, il se rendit trafiquer au pays des Outaouais pour le compte d’un marchand de Montréal. Dès 1700, il était lui-même commerçant et bailleur de fonds et il fut l’un des premiers actionnaires de l’infortunée Compagnie de la Colonie. Plusieurs transactions immobilières échelonnées au cours des ans témoignent de la prospérité de ses affaires : améliorations à sa propriété de Montréal en 1691, acquisition de deux maisons, l’une à Québec et l’autre à Montréal, antérieurement à 1715, et probablement achat d’une terre sur l’île Jésus en 1712. Le marasme dans lequel tomba le commerce des fourrures pendant la guerre de Succession d’Espagne ne semble pas l’avoir affecté outre mesure, et, à la reprise du commerce, il devint un marchand important qui, après 1720, finança de nombreuses expéditions vers les postes de l’Ouest.
Le 3 juillet 1701, il prit pour femme Marie-Charlotte, fille aînée de Louis Le Conte Dupré ; elle mourut en 1705. Le 18 septembre 1722, il épousa en secondes noces la fille de Nicolas d’Ailleboust de Manthet, Louise-Catherine. Après la mort de Charly elle épousa, le 17 novembre 1731, Pierre-Jacques*, fils unique de Pierre Payen de Noyan. À sa mort, Jean-Baptiste légua à ses fils Jacques Charly et Louis Charly* Saint-Ange, issus de son premier mariage, des affaires florissantes même si leur belle-mère eut gain de cause dans le procès qu’elle intenta au sujet de l’héritage. Louis, tout particulièrement, fit sa marque dans le commerce à Montréal ; marchand prospère, il investit de grosses sommes dans la traite des fourrures de l’Ouest et se lança dans plusieurs spéculations minières. Jacques fut moins brillant en affaires mais, par contre, il épousa Thérèse Charest, fille unique d’Étienne Charest, riche seigneur de Lauson.
Jean-Baptiste-François, né en 1728, seul fils né du second mariage de Charly qui survécut à son père, embrassa la carrière militaire. Il obtint une commission d’enseigne dans les troupes de l’île Royale (île du Cap-Breton) en 1750, et en 1758 fut permuté au Canada où il se distingua pendant la campagne de 1759. En reconnaissance de ses services, on le nomma en 1766 major de l’île Gorée au Sénégal. C’est ainsi que le commerce des fourrures procura à la famille de Jean-Baptiste fortune et situation sociale, ouvrant à chacun des fils les portes du succès ; ce succès ils le trouveront dans le commerce des pelleteries, dans un mariage avantageux au sein d’une famille distinguée ou encore dans la carrière d’officier dans les troupes de la marine.
Jean-Baptiste Charly mourut au cours d’un voyage à Québec, en 1728. Sous le nom de Jean-Baptiste Saint-Ange, sieur de Charly, on l’inhuma dans la cathédrale Notre-Dame de Québec, le 9 novembre ; ce fait est une reconnaissance implicite de la position honorable qu’il occupait dans la colonie.
Jug. et délib., VI : 900, 926s., 1 015s., 1 022–1 026, 1 071s.— RAC, 1899, Suppl. : 101, 110.— P.-G. Roy, Inv. Jug. et délib., 1717–1760, I : 222, 225 ; II : 213s. ; III : 3, 24.— P.-G. et A. Roy, Inv. greffes not., I : 154, 196 ; VI : 64 ; IX : 184 ; X : 78 ; XII, passim ; XIX : 514 ; XXI, passim.— P.-V. Charland, Notre-Dame de Québec : le nécrologe de la crypte, BRH, XX (1914) : 180s.— Massicotte, Répertoire des engagements pour l’Ouest, RAPQ, 1929–1930 : passim.— Tanguay, Dictionnaire, I : 117,153 ; III : 19, 266 ; VI : 265.— Ægidius Fauteux, La Famille d’Ailleboust (Montréal, 1917), 126–128.— P.-G. Roy, La famille Charly Saint-Ange (Lévis, 1945), 1–15. [Il y a erreur au sujet de l’âge des fils de Jean-Baptiste Charly Saint-Ange, quand celui-ci meurt en 1728. s. d. s.]— Robert-Lionel Séguin, La civilisation traditionnelle de l’« Habitant » aux XVIIe et XVIIe siècles (Montréal, [1967]), 319–321, 328.— Les familles Roy au Canada, BRH, XXXI (1925) : 527.— O. Lapalice, Louis Charly Saint-Ange, marguillier de Notre-Dame de Montréal, BRH, XXXIV (1928) : 426–429.
S. Dale Standen, « CHARLY SAINT-ANGE (Charly), JEAN-BAPTISTE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/charly_saint_ange_jean_baptiste_2F.html.
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Titre de l'article: | CHARLY SAINT-ANGE (Charly), JEAN-BAPTISTE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 1991 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |