AILLEBOUST DE MANTHET, NICOLAS D’, militaire, trafiquant, fils de Charles-Joseph d’Ailleboust* Des Muceaux et de Catherine Legardeur de Repentigny, baptisé à Montréal le 12 avril 1663, mort à la baie d’Hudson en 1709.

Il gravit les échelons de la carrière militaire et accéda au grade de capitaine le 1er avril 1702. Compagnon de Greysolon Dulhut dans les pays d’en haut dès 1684, il prit part avec lui à un coup de main contre un groupe de Tsonnontouans au lac des Deux-Montagnes le 16 octobre 1689. La même année, à peine débarqué pour entreprendre son second mandat de gouverneur, Buade* de Frontenac l’envoya en toute hâte à Cataracoui (fort Frontenac) afin d’empêcher l’abandon et la destruction du fort ordonnés par Brisay de Denonville. Mais il était déjà trop tard : Clément Du Vuault de Valrennes avait fait sauter les fortifications. Au mois de janvier 1690, il dirigea avec Le Moyne* de Sainte-Hélène le raid projeté par Frontenac contre Schenectady. Formé de 210 hommes dont 114 Canadiens, le détachement attaqua le poste anglais, le 18 février, à la tombée de la nuit. Quand il quitta la place quelques heures plus tard, il laissa derrière lui une soixantaine de morts, des ruines fumantes, une population désemparée qui chercha refuge à Albany. Le lendemain, le retour s’effectuait vers Montréal avec 25 captifs.

En 1693, pendant la guerre de la ligue d’Augsbourg, Nicolas de Manthet, avec Robutel de La Noue et Augustin Le Gardeur de Courtemanche, dirigeait un détachement de 625 hommes, envoyé en expédition contre les Agniers dans la région d’Albany. L’expédition quitta Montréal le 25 janvier et atteignit la région où il fallait porter la guerre, trois semaines plus tard. Après avoir incendié des villages et capturé 300 personnes dont les deux tiers étaient des femmes et des enfants, le détachement, encombré par les prisonniers, rebroussa chemin pour retourner à Montréal. Sur le chemin du retour, il fut attaqué à deux reprises par des groupes anglo-agniers qui ne lui infligèrent que des pertes légères, mais retardèrent sa marche et l’exposèrent ainsi à la famine qui devint désastreuse lorsque le dégel eut ruiné les provisions dans les caches. Les captifs furent relâchés. Quelques soldats moururent de faim. Plus d’une centaine durent rester sur place pour attendre du secours. Les autres parvinrent péniblement à Montréal après s’être délestés de leurs fusils et de leurs couvertures pour alléger leur marche.

C’est au cours d’une expédition analogue dirigée cette fois contre le fort Albany à la baie James que périt le sieur de Manthet en juillet 1709. Rigaud de Vaudreuil lui avait donné l’ordre de s’emparer de ce fort mais l’entreprise aboutit à un échec attribuable, selon le gouverneur, à la trop grande témérité des soldats et à une connaissance insuffisante des lieux.

Comme tous les militaires de sa trempe, Nicolas de Manthet servit à plusieurs reprises d’agent diplomatique auprès des Indiens alliés qu’il importait au plus haut point, particulièrement au coürs des deux premiers conflits intercoloniaux, de maintenir dans la sphère d’influence française. En 1703, Vaudreuil dira de lui que personne à ce moment n’avait autant d’ascendant sur les Indiens et même sur les Français des pays d’en haut.

Les missions officielles vers l’Ouest servaient, semble-t-il, de couverture à un trafic de pelleteries assez important. En 1706, Vaudreuil et Jacques Raudot se virent forcés d’excuser Nicolas de Manthet auprès du ministre, en alléguant qu’il lui fallait, dans ses courses vers les postes des Grands Lacs, apporter les marchandises nécessaires pour subvenir à ses propres besoins. Manthet fut actionnaire de la Compagnie de la Colonie et entretint des relations d’affaires avec Charles Aubert de La Chesnaye. La correspondance officielle et les actes notariés montrent qu’il fut mêlé au commerce des fourrures de 1699 jusqu’en 1709, année de sa mort où il fut condamné à payer 3 039# au sieur Regnard Duplessis, agent général de la Compagnie de la Colonie.

Nicolas d’Ailleboust de Manthet avait épousé le 9 juin 1696 Françoise Denys de La Ronde, veuve de Guillaume Bouthier, avec qui il eut six filles connues et peut-être une septième sur laquelle on n’a pas de renseignements.

Jean Blain

AN, Col., B, 23, f.26.— Coll. de manuscrits relatifs à l’histoire de la N.-F., I : 482–531.— Correspondance de Vaudreuil, RAPQ, 1938–39, 1939–40, 1942–43.— Charlevoix, Histoire de la N.-F., III : 184–188 ; IV: 57s.— P.-G. Roy, Ce que le gouverneur de Callières pensait de nos offïciers militaires en 1701, BRH, XXVI (1920) : 327 ; Inv. ord. int., I : 21, 71.— [Vachon] de Belmont, Histoire du Canada, 30.— Godbout, Nos ancêtres, RAPQ, 1951–53 : 471s.— Eccles, Frontenac : 224s., 252–254.— Ægidius Fauteux, La famille d’Ailleboust (Montréal, 1917), 122–126.— P.-G. Roy, Philippe Clément Du Vuault De Valrennes, BRH, XI (1905) : 195.

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Jean Blain, « AILLEBOUST DE MANTHET, NICOLAS D’ », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ailleboust_de_manthet_nicolas_d_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    1 décembre 2024