CARNOCHAN, JANET, éducatrice et historienne, née le 14 novembre 1839 à Stamford (Niagara Falls, Ontario), deuxième fille de James Carnochan et de Mary Milroy ; décédée célibataire le 31 mars 1926 à Niagara-on-the-Lake, Ontario.
Vers 1830, les parents de Janet Carnochan quittèrent l’Ayrshire, en Écosse, et s’établirent à Stamford. Son père continua de pratiquer son métier d’ébéniste et de menuisier, d’abord à Stamford puis à Niagara (Niagara-on-the-Lake), où les Carnochan s’installèrent en 1841. Avec les quatre autres enfants de la famille, Janet passa son enfance et son adolescence à Niagara, où elle fit ses études et fréquenta l’église presbytérienne St Andrew. Demander un certificat de compétence – ce qu’elle fit en 1856 – lui suffit pour devenir institutrice ; il en alla de même pour beaucoup de jeunes célibataires haut-canadiennes au milieu du xixe siècle. En 1857, à l’âge de 17 ans, elle commença à enseigner à l’école publique de Niagara.
Mlle Carnochan se perfectionna à la Normal School de Toronto en 1859. Elle obtint un brevet de première classe d’école normale provinciale et alla enseigner à la Brantford Union School, puis à l’école publique de la rue Wellington à Kingston. Après avoir passé cinq ans dans cet établissement, elle dut retourner dans sa famille pour tenir la maison car sa mère était malade. Une fois celle-ci rétablie, Janet Carnochan enseigna un an dans une école rurale près de Peterborough. Puis, la direction de l’école publique de Niagara étant devenue vacante, elle posa sa candidature, qui fut acceptée, et repartit pour sa ville en 1872. Les renseignements sur ses années à titre de directrice sont rares, mais des hommages ultérieurs insistent sur son dévouement à l’enseignement et sur l’estime dont on l’entourait. Deux ans après la construction du nouveau bâtiment d’une école secondaire à Niagara en 1876, elle se joignit au personnel de cet établissement, où elle resta jusqu’à sa retraite en décembre 1900.
Parallèlement à son emploi d’enseignante, Janet Carnochan consacrait beaucoup d’énergie à voyager et à faire du bénévolat. Au sujet du naufrage dont elle fut victime en 1879 au large de l’île de Sable, en Nouvelle-Écosse, en se rendant en Grande-Bretagne, elle écrivit un récit qui parut dans le Canadian Methodist Magazine trois ans plus tard. Après son retour à Niagara en 1872, elle s’était mise à œuvrer à l’église St Andrew’s : elle enseignait à l’école du dimanche et participait à des collectes de fonds. Toujours à l’église, elle appartint au conseil d’administration de 1892 à 1895 et fut secrétaire de la société missionnaire féminine de 1887 à sa mort en 1926. Par ailleurs, elle fit partie du conseil de la bibliothèque publique de Niagara en tant que secrétaire-trésorière et, par moments, bibliothécaire intérimaire. En 1893, elle figurait parmi les 20 Canadiennes choisies pour assister au Congrès mondial des femmes représentatives à Chicago.
Bien qu’elle ait été institutrice durant plus de 40 ans, Janet Carnochan est connue aujourd’hui grâce au travail d’éducation qu’elle accomplit hors des écoles en histoire locale et régionale, en préservation du patrimoine et à titre de conservatrice de musée. Ses premiers écrits historiques datent des années 1890 et portent sur les églises anglicanes et presbytériennes de Niagara. Jusqu’à la fin de sa vie, elle rédigea des articles et présenta des communications sur des sujets historiques. Elle composa même de la poésie sur des thèmes patriotiques comme Le Canada a-t-il une histoire ? En 1895, elle devint présidente de la nouvelle Niagara Historical Society, à la fondation de laquelle elle avait participé (l’historien William Kirby*, résident de Niagara, avait déjà créé un organisme de ce genre, qui n’avait pas duré). Jusqu’en 1925, elle jouerait un rôle important dans cette société : outre la présidence, elle exerça les fonctions de secrétaire d’administration et d’éditrice des rapports et publications.
Après avoir pris sa retraite de l’enseignement en 1900, Mlle Carnochan se consacra encore davantage à l’histoire. À la Niagara Historical Society, où elle devint conservatrice des collections en 1901, elle mena la bataille pour la construction du Memorial Hall. Cet édifice inauguré en 1907 était le premier en Ontario à avoir été bâti pour servir de musée. Représentante de la Niagara Historical Society aux assemblées annuelles de l’Ontario Historical Society, Janet Carnochan fit partie, de 1901 à 1911, du comité des monuments de la société ontarienne et fut, de 1914 à 1919, vice-présidente de cette société. De plus, elle tint une chronique d’histoire dans le journal local, le Niagara Times. Son History of Niagara […], imprimée par William Briggs à Toronto, parut en 1914. Dans la préface, le sous-ministre de l’Éducation de l’Ontario, Arthur Hugh Urquhart Colquhoun, disait de cet ouvrage qu’il était « un exemple d’investigation patiente et poussée ». En outre, Mlle Carnochan se dépensa pour préserver des lieux historiques de Niagara, par exemple le cimetière Butler, les forts George et Mississauga et la réserve militaire, appelée aussi commons.
Dans le contexte des mouvements provinciaux, nationaux et internationaux de préservation et de commémoration du passé, les activités de Janet Carnochan dans le domaine de l’histoire n’avaient certes rien d’exceptionnel. Mlle Carnochan correspondait fréquemment avec des particuliers et des organismes qui partageaient ses intérêts, notamment David Boyle*, secrétaire de l’Ontario Historical Society et archéologue de la province, et la Women’s Canadian Historical Society of Toronto [V. Sara Mickle]. Comme eux, elle était une fervente adepte du nationalisme anglo-canadien et tenait à ce que le pays conserve ses liens avec la Grande-Bretagne et sa place au sein de l’Empire. Cependant, à la différence d’autres militants impérialistes du mouvement historique – Clementina Fessenden [Trenholme*] par exemple –, elle avait des opinions politiques assez libérales. Elle a parlé avec compassion des épreuves subies par Benjamin Wait*, déporté après la rébellion de 1837–1838, et le portrait qu’elle a fait de la femme de ce réformiste, Maria Smith, qui multiplia les démarches pour le faire gracier, est celui d’une héroïne. En outre, elle a dépeint la région de Niagara comme un refuge pour les esclaves fugitifs, en partie pour rappeler aux gens de son époque la signification historique et contemporaine de valeurs britanniques telle l’opposition à l’esclavage. Rien n’atteste qu’elle ait appuyé publiquement le suffrage féminin, mais les initiatives visant à préserver la mémoire de Canadiennes telle Laura Secord [Ingersoll*] suscitaient son enthousiasme, et elle affirmait que les historiens devaient reconnaître la participation des femmes à l’édification de la nation canadienne.
Janet Carnochan était convaincue qu’il fallait des récits historiques pour créer une identité nationale, mais en plus le passé la fascinait vraiment, et elle avait une authentique passion pour la recherche. Ses travaux se fondaient sur une étude attentive des sources écrites et matérielles – ce qui n’était pas toujours le cas à l’époque. Tant de son vivant qu’après sa mort, sa région, sa province et le pays lui rendirent hommage. Par exemple, un chapitre d’institutrices torontoises de l’Imperial Order Daughters of the Empire fut nommé en son honneur.
En plus des ouvrages mentionnés dans le texte, Janet Carnochan a écrit Shipwrecked on Sable Island, J. L. Field, édit. (St Catharines, Ontario, 1986).
Cecilia Morgan, « CARNOCHAN, JANET », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/carnochan_janet_15F.html.
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Auteur de l'article: | Cecilia Morgan |
Titre de l'article: | CARNOCHAN, JANET |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |