Provenance : Lien
WOOD, JOANNA ELLEN, écrivaine, née le 28 décembre 1867 à Lesmahagow, Écosse, fille de Robert Wood et d’Agnes Tod ; décédée célibataire le 1er mai 1927 à Detroit.
Dès la parution de son premier roman en 1894, on salua en Joanna Ellen (Nelly) Wood une Charlotte Brontë canadienne. Quatre ans plus tard, un article du Canadian Magazine de Toronto la rangeait parmi « les trois plus grands romanciers » du pays, en précisant qu’elle était « la moins connue ». En 1902, sa carrière se terminait de manière aussi fulgurante qu’elle avait commencé.
Joanna Ellen Wood était la benjamine de 11 enfants. Issu d’une famille établie depuis longtemps dans un village isolé d’Écosse, Slamannan, son père suivit la tradition et devint fermier. D’abord métayer dans le Stirlingshire, il cultiva la terre à Lesmahagow de 1862 à 1869, période pendant laquelle certains de ses enfants succombèrent à la tuberculose. En 1869, lui-même, sa femme Agnes et cinq de leurs enfants survivants rejoignirent le fils aîné, William, à Irving, dans l’État de New York. Par la suite, ils s’installèrent en Ontario, peut-être pour se rapprocher du frère de Robert, John Stanton Wood, qui s’était fixé près de Guelph. En 1874, Robert Wood acheta The Heights, une grande ferme de bon rapport qui surplombait la rivière Niagara à Queenston. Après leur installation, Robert et Agnes Wood contribuèrent à la fondation de l’église presbytérienne d’une localité voisine, St Davids.
Des documents suggèrent que, après avoir étudié à la St Catharines Grammar School, Joanna Ellen Wood put compter sur le soutien financier de son frère William, agent d’assurances. De 1887 à 1901, elle eut un pied-à-terre à New York. Elle faisait livrer son courrier à l’adresse du bureau de William à cet endroit pendant qu’elle passait ses hivers dans telle ou telle ville américaine ou européenne et ses étés à Queenston. Un de ses voyages la mena en Écosse, où elle fit de la recherche pour le dernier roman qu’on lui connaît, Farden Ha’, publié à Londres en 1902 et dont l’histoire se passe dans un village écossais de mineurs. Un puits de mine se trouve sous la maison du propriétaire, comme à Lesmahagow.
On raconte que, au cours d’un séjour en Angleterre, Joanna Ellen Wood avait été présentée à la cour par les sœurs du poète Algernon Charles Swinburne, qui, dit-on, était son fiancé. Deux des articles qu’elle écrivit pour le Canadian Magazine en 1901 alimentèrent ces histoires, transmises par la légende familiale, mais aucune preuve n’a été découverte dans les archives. Vu la différence d’âge qui la séparait de Swinburne et les tendances homosexuelles du poète, des fiançailles semblent hautement improbables. Son œuvre témoigne cependant de son adhésion à l’esthétique fin de siècle de Swinburne. Comme lui, elle tentait de fondre le sensuel et le spirituel par le symbolisme. Son absence de la scène littéraire torontoise créait un vide propice à la circulation de ces fables, et le nationalisme impérialiste de l’époque favorisait la naissance d’un mythe selon lequel elle-même, Charles George Douglas Roberts* et Horatio Gilbert George Parker* – proclamés en 1898 le trio des « plus grands romanciers » du pays – avaient, telle Cendrillon, vu leur destin changer au point d’être chez eux dans les palais d’Angleterre.
En 1893, Robert Wood avait vendu The Heights à William, qui transmit ensuite cette propriété à Joanna Ellen. De plus, elle hérita d’une ferme adjacente. En 1901, d’après le recensement, elle vivait à The Heights avec sa mère veuve, une nièce et deux pensionnaires. Toutefois, cette année-là, le Canadian Magazine lui envoya du courrier à New York. En novembre 1906, Mlle Wood vendit la propriété de Queenston et, avec sa mère, en loua une autre, The Knoll, rue Regent, à Niagara-on-the-Lake. Elle y habiterait plus régulièrement qu’à The Heights. Inscrite en 1907 à la Niagara Historical Society, elle y donna l’année suivante des causeries intitulées « Reminiscences of Queenston » et « Impressions of Europe ». En 1914, elle appartenait toujours à la société historique mais résidait à Buffalo, ce qui ne l’empêchait pas de rendre visite à des amis dans la région du Niagara, notamment à l’historienne Janet Carnochan et aux Woodruff de St Davids, la famille de l’auteure pour enfants Anne Helena Woodruff. Dans ses lettres, elle leur envoyait des poèmes.
Comment Joanna Ellen Wood était-elle devenue écrivaine ? Cela demeure un mystère. Sans aucun doute, elle était cultivée et nourrissait de grandes ambitions littéraires. Dans ses ouvrages de fiction, elle cite les romantiques, Tennyson, Swinburne et Shakespeare, de même que Mme de Staël, George Eliot, Elizabeth Barrett Browning et Christina Rossetti sur la « question de la femme » (à propos de l’aspiration féminine à la transcendance par l’art et par la sexualité). Honora S. Howard rapportait en 1896, dans le Buffalo Illustrated Express, que Mlle Wood attribuait son succès à son frère William – son premier lecteur, nullement complaisant. Sur la recommandation de celui-ci, semble-t-il, elle s’était mise en quête d’un éditeur et avait trouvé, en J. Selwyn Tait, un collègue écrivain qui l’avait encouragée à composer un roman. En 1894, à New York, Tait avait lancé ce livre, The untempered wind, avec un texte de présentation dans lequel il le comparait à Jane Eyre de Charlotte Brontë et à la Lettre écarlate de Nathaniel Hawthorne. Les critiques avaient emboîté le pas et lui avaient réservé un accueil délirant. Le deuxième roman de Mlle Wood, Judith Moore […], parut à Toronto en 1898. La plupart de ses écrits – ils seraient assez abondants, et bon nombre d’entre eux auraient été primés – restent introuvables. C’est le cas, notamment, d’un texte intitulé « The mind of God », qui selon le Canadian Magazine remporta un prix de 500 $ en 1898. Tout aussi énigmatiques sont les circonstances dans lesquelles s’éteignit le souffle créateur qui avait animé Mlle Wood. Le Canadian Magazine ne parle plus d’elle après 1901 et ne signale même pas la sortie de Farden Ha’, peut-être parce qu’elle n’écrivait plus au directeur du périodique, John Alexander Cooper*, pour lui donner de ses nouvelles.
En 1901, au faîte de sa carrière, Joanna Ellen Wood était la mieux payée des auteurs canadiens de fiction. En outre, les critiques avaient bonne opinion d’elle. Ils vantèrent surtout ses deux premiers romans, sans leur trouver les mêmes qualités. « [Elle] a du style », disaient les Britanniques, mais ce style, les Américains le jugeaient trop travaillé. Les Canadiens admiraient ses peintures de caractères et la nouveauté de son « réalisme empreint de couleur locale », inspiré de la romancière anglaise Mary Russell Mitford. Le Canadian Magazine, après avoir louangé sa description de la vie rurale ontarienne dans Judith Moore, trouva à redire contre A daughter of witches […] (Toronto, 1900) parce que ce roman se passait aux États-Unis et émit l’avis que le livre aurait connu un plus grand succès si elle avait mis « de la couleur locale dans les scènes de la campagne canadienne, qui [lui étaient] si familières ». Avec sa description d’un village écossais dans Farden Ha’, sur un ton tragique qui évoque les œuvres que Thomas Hardy a situées dans le Wessex, Mlle Wood ne cadrait plus aisément dans la mythologie du paysage national qui l’avait rendue si chère au Canadian Magazine.
Cette tension entre cosmopolitisme et régionalisme renvoie au conflit entre liberté et contrainte qui sous-tend les romans de Joanna Ellen Wood. Variations autour de deux schémas courants dans la fiction du xixe siècle – l’éternel triangle ou la présence de deux prétendants –, ces romans décrivent la croissance intérieure d’héroïnes fortes et anticonformistes en butte aux exigences des institutions sociales. Pour développer son thème central, le désir, l’auteure fait un usage impressionniste du paysage et crée ainsi de puissants symboles. Dans The untempered wind, une femme déchue, fidèle à son vœu d’amour, s’enfuit par les bois à la faveur de la nuit pour échapper au harcèlement des bigotes de Jamestown (lieu probablement inspiré de Queenston). La diva de Judith Moore chante dans un verger ontarien telle une alouette libérée de sa cage ; la trame de ce roman rappelle celle de Corinne, ou l’Italie (par Mme de Staël), qui met en évidence le dilemme féminin entre triomphe artistique et vie amoureuse. Cependant, ces œuvres se plient aux conventions du fait qu’elles se terminent par des noces. Les deux romans suivants de Mlle Wood, A daughter of witches et Farden Ha’, traitent de l’effet perturbateur de la passion sur l’institution du mariage. Les deux courts romans publiés dans Tales from Town Topics (New York) illustrent l’esthétique décadente de Mlle Wood. Le premier, A martyr to love (1897), relate les aventures d’une femme fatale qui, par un retour ironique des choses, est elle-même blessée. À travers un symbolisme inspiré par les tourbillons des chutes du Niagara et par les légendes amérindiennes rattachées à ce lieu, le second de ces courts romans, Where waters beckon (1902), raconte l’histoire d’une femme mariée à un fou par son père et tuée ensuite avec son amant, ingénieur en hydroélectricité.
Les critiques américains reconnaissaient l’argument féministe dans la dénonciation que Mlle Wood faisait de la répression du désir féminin par le pouvoir patriarcal. Cependant, ils distinguaient les « théories non conventionnelles » présentes dans ses écrits et son goût pour les « fanfreluches ». Le Current Literature de New York souligna en 1894 que Mlle Wood n’était nullement une « championne des droits de la femme ». En 1896, Honora S. Howard ne la considérait pas comme une « femme nouvelle » car elle ne soutenait ni le mouvement en faveur de règles moins rigides dans l’habillement ni le suffrage féminin. Pourtant, la recension la plus enthousiaste qu’eut Mlle Wood – sur Judith Moore en 1898 – provenait d’une « femme nouvelle », Kit Coleman [Ferguson*], journaliste au Mail and Empire de Toronto. Inversement, c’est une autre femme journaliste (peut-être Laura Bradshaw Durand) qui en 1894, dans le Globe de Toronto, avait jugé anachronique et « à demi hystérique » – négativement féminine – la description implacable de la persécution subie par la femme déchue dans The untempered wind. Comme Mlle Wood le confessa à William Kirby*, un de ses correspondants à Niagara, cette critique « féroce » la blessa à la fois parce qu’elle venait d’une Canadienne et parce que le passage au sujet duquel cette journaliste avait dit que c’était une « envolée poétique qui sent[ait] la composition d’écolière » était extrait de l’Adonaïs de Shelley.
Parues notamment dans le New England Magazine de Boston, le Canadian Magazine et le Christmas Globe de Toronto, les nouvelles de Joanna Ellen Wood se divisent en deux catégories : d’une part, sur un ton d’ironie maîtrisée, des narrations d’événements locaux centrées sur des personnages féminins forts ; d’autre part, des récits d’aventures tirés d’une « série mexicaine », mettant en scène des hommes, où la légende et le lieu servent à créer atmosphère et suspense. « Unto the third generation », publié sous le couvert de l’anonymat dans All the Year Round à Londres en 1890 mais attribué à Mlle Wood, raconte comment un jeune homme réagit en apprenant que sa mère, folle, est enfermée dans une maison aux Antilles. Voilà qui rappelle Jane Eyre. Parmi les histoires que l’on n’a pu retrouver, « The lynchpin murders » (annoncée dans le Times de Niagara en 1898) suggère que l’auteure continua d’expérimenter de nouvelles formes fictionnelles jusqu’à ce qu’elle cesse soudainement de publier en 1902.
La Review de Niagara Falls rapportait en 1927 que, quelques années auparavant, Joanna Ellen Wood avait souffert d’une dépression nerveuse qui l’avait obligée à abandonner l’écriture. Elle avait dépeint une crise de ce genre dans Judith Moore en recourant au mythe bucolique de la prima donna qui, à bout de nerfs, se retire dans un village pour recouvrer la santé et se recentrer sur elle-même. Ce scénario a de quoi intriguer. William, le frère de Mlle Wood, était-il un tyran, comme l’imprésario new-yorkais de Judith ? Mlle Wood renonça-t-elle délibérément à sa carrière artistique pour vivre pleinement ses émotions, à l’instar de Judith ? La dernière de ses publications dont on trouve une mention est un poème sur un sujet d’actualité, The man in the ranks, paru dans le St Catharines Standard entre 1914 et 1917.
Après la mort de sa mère en février 1910, Joanna Ellen Wood avait résidé chez son frère William, alors agent d’assurances sur la vie à New York, puis à Freeport, dans l’État de New York. Plus tard, elle séjourna chez ses sœurs Mary Glennie à LaSalle, dans l’État de New York, et Jessie Maxwell, à Detroit, chez qui elle mourut d’une crise d’apoplexie le 1er mai 1927. Elle fut inhumée au cimetière Fairview de Niagara Falls, en Ontario.
Sous l’influence de la critique féministe de la fin du xxe siècle, l’œuvre de Joanna Ellen Wood, marquée par la présence d’un symbolisme et par le thème féministe de la réalisation de soi, suscite à nouveau l’intérêt. The untempered wind a été réédité à Ottawa en 1994, 100 ans après sa publication.
Le roman de Joanna Ellen Wood intitulé A daughter of witches a paru d’abord sous forme de feuilleton dans le Canadian Magazine, 12 (nov. 1898–avril 1899) –13 (mai–oct. 1899). Un extrait de The untempered wind a été publié dans Current Literature (New York), oct. 1894 : 378 sous le titre « An inheritance of dishonor : a child’s sorrow », et un extrait de Judith Moore intitulé « Sam Symmons’ great loss » a paru dans le Canadian Magazine, 10 (nov. 1897–avril 1898) : 536–538.
On a retrouvé d’autres articles et histoires de Joanna Ellen Wood, dont « Malhalla’s revenge » dans New England Magazine (Boston), nouv. sér., 12 (mars–août 1895) : 184–187, « A mother », « Algernon Charles Swinburne : an appreciation » et « Presentation at court » dans le Canadian Magazine, 7 (mai–oct. 1896) : 558–561 et 17 (mai–oct. 1901) : 2–10 et 506–510 respectivement. Une autre histoire qu’on lui attribue, « The land of manana », n’a pas été retracée.
Des comptes rendus de The untempered wind figurent dans Current Literature, oct. 1894 : 298, dans le Globe, 10 nov. 1894 : 9, dans le Nation de New York, 30 mai 1895 : 426, et dans le Week de Toronto, 12 oct. 1894 : 1099. Judith Moore a fait l’objet d’une recension dans le Canadian Magazine, 10 : 460s., dans le Daily Mail and Empire, 19 mars 1898 : 4, et dans le Nation, 6 oct. 1898 : 264. On trouve des critiques de A daughter of witches dans le Canadian Magazine, 16 (nov. 1900–avril 1901) : 91s. et 388s., dans trois publications de Londres – l’Athenæum, 1er sept. 1900 : 276, le Bookman, oct. 1900 : 28, et le Spectator, 8 sept. 1900 : 309 – et dans la Saturday Rev. (New York), 6 oct. 1900 : 432.
AO, F 1076-A-23.— Brock Univ. Library, Special Coll. and Arch. (St Catharines, Ontario), Women’s Literary Club of St Catharines Arch., E. M. Stevens, J. E. Wood scrapbook.— North York Central Library, Canadiana Coll. (Toronto), J. A. Cooper papers, Canadian Magazine files.— Daily Record (Niagara Falls, Ontario), 2 mars 1910 : 3.— Evening Review (Niagara Falls), 3 mai 1927.— H. S. Howard, « Joanna E. Wood », Buffalo Illustrated Express (Buffalo, N.Y.), 26 déc. 1896 : 7.— Niagara Advance (Niagara-on-the-Lake, Ontario), 28 août 1919.— St. Catharines Standard, 7 mai 1927.— Times (Niagara-on-the-Lake), 21 oct. 1898 : 5 ; 14 févr. 1908 : 1 ; 17 avril 1908 : 4 ; 4 mars 1910 : 1.— Canadian Magazine, 11 (mai–oct. 1898) : 180, 270 ; 12 : 473.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— Wendy D’Angelo, « Joanna E. Wood : a “new woman” and her works » (travail de b.a., Dept. of English, York Univ., Toronto, 1987).— Dictionary of literary biography (317 vol. parus, Detroit, 1978– ), 92 (Canadian writers, 1890–1920, W. H. New, édit., 1990).— Barbara Godard, « “Petticoat anarchist” ? : Joanna Wood, the sex of fiction, the fictive sex », dans l’Écriture au féminin et l’Institution littéraire, C[laudine] Potvin et al., édit. (Edmonton, 1992), 95–125 ; « A portrait with three faces : the new woman in fiction by Canadian women, 1880–1920 », Literary Criterion (Bombay), 19 (1984), nos3–4 : 72–92.— Carrie MacMillan, « Joanna E. Wood : incendiary women », dans Silenced sextet : six nineteenth-century Canadian women authors, Carrie MacMillan et al., édit. (Montréal et Kingston, Ontario, 1992), 169–200.— The Oxford companion to Canadian literature, Eugene Benson et William Toye, édit. (2e éd., Toronto, 1997).— E. M. Stevens, « She’s Canada’s Charlotte Brontë, but Joanna E. Wood goes unrecognized here », Early Canadian Life (Oakville, Ontario), 4 (1980), nº 4 : B3, B15 ; « Writers of the Niagara peninsula : Wood, Joanna Ellen », Ontario Geneal. Soc., Niagara peninsula branch, Notes from Niagara (St Catharines), 4 (1984), nº 2 : 6.— Types of Canadian women [...], H. J. Morgan, édit. (Toronto, 1903).
Barbara Godard, « WOOD, JOANNA ELLEN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/wood_joanna_ellen_15F.html.
Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique:
Permalien: | http://www.biographi.ca/fr/bio/wood_joanna_ellen_15F.html |
Auteur de l'article: | Barbara Godard |
Titre de l'article: | WOOD, JOANNA ELLEN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |