CAHIDEUC, EMMANUEL-AUGUSTE DE, comte DUBOIS DE LA MOTTE, officier de marine, né à Rennes, France, en 1683, fils de Jean-François de Cahideuc, comte Dubois de La Motte, et de Gilonne-Charlotte de Langan ; il épousa Jeanne-Françoise d’Andigné de La Chaise dont il eut deux fils ; décédé à Rennes le 23 octobre 1764.
Emmanuel-Auguste de Cahideuc entra dans le service comme garde-marine à Brest le 8 novembre 1698. Après avoir servi sur plusieurs vaisseaux dans l’Atlantique et en Méditerranée, il fut promu sous-brigadier des gardes-marine le 1er novembre 1705. Il servit alors comme lieutenant de grenadiers au siège de Gibraltar puis comme major des batteries de la défense côtière à Saint-Malo. En 1706, il s’embarqua sur la Dauphine et fit une brillante campagne dans la Manche et dans l’Atlantique. Passé sur l’Achille en 1707, dans l’escadre de René Duguay-Trouin, il prit part au combat du 21 octobre, au cours duquel un gros convoi anglais subit de très lourdes pertes. Cahideuc prit en 1708 le commandement du corsaire l’Argonaute, avec lequel il effectua une nouvelle et fructueuse campagne à l’entrée de la Manche et dans l’Atlantique. Le 10 janvier 1708, il fut promu brigadier des gardes-marine et le 13 février de l’année suivante il recevait le grade d’enseigne de vaisseau. Pris en amitié par Duguay-Trouin, il participa avec lui à l’expédition réussie contre Rio de Janeiro en septembre 1711, au cours de laquelle il se distingua à la tête d’une compagnie de grenadiers.
Après avoir servi longtemps à terre, à Brest, par suite du traité d’Utrecht en 1713 qui réduisait le nombre des armements, il fut promu lieutenant de vaisseau le 17 août 1727, puis capitaine de vaisseau le 1er avril 1738. Il croisa au large de l’Irlande en 1744 et fit trois campagnes réussies aux Antilles en 1740–1741, en 1745 et en 1746. À l’occasion de cette dernière campagne, il assura par ses manœuvres habiles l’heureuse arrivée en France des 163 navires marchands dont il avait la charge. Le 1er janvier 1751, il fut promu chef d’escadre et gouverneur général de Saint-Domingue (île d’Haïti). Il y resta deux ans.
La guerre de Sept Ans devait donner à Dubois de La Motte de nouvelles occasions de se distinguer. En 1755, il reçut le commandement de l’Entreprenant et d’une escadre de 15 vaisseaux et 4 frégates avec laquelle il avait mission de porter des secours au Canada. Sorti de Brest le 3 mai, il parvint à destination mais, le 10 juin, deux de ses vaisseaux, l’Alcide et le Lys, séparés de l’escadre par la brume, furent attaqués et pris par l’escadre d’Edward Boscawen bien qu’il n’y ait eu aucune déclaration de guerre. Dubois de La Motte repartit pour la France le 15 août et, pour échapper à l’ennemi, il eut l’audace de faire passer tous ses bâtiments par le détroit de Belle-Isle qu’aucun vaisseau du roi n’avait jamais encore emprunté. Grâce à cette manœuvre habile, le retour s’effectua sans incident.
Promu lieutenant général le 25 novembre 1755, il se vit confier au début de 1757 une escadre de neuf vaisseaux et de deux frégates avec laquelle il devait renforcer les défenses de Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton). Arrivé en ce port le 19 juin, il y reçut bientôt le renfort de cinq vaisseaux et d’une frégate venant de Saint-Domingue sous les ordres de Joseph de Bauffremont auxquels vinrent s’ajouter quatre vaisseaux et deux frégates venues de Toulon avec Joseph-François de Noble Du Revest. Grâce à cette concentration réussie, Dubois de La Motte put déployer devant la citadelle un dispositif de défense tel que l’escadre anglaise sous le commandement de Francis Holburne n’osa attaquer ; elle fut dispersée par une tempête le 24 septembre. Mais le manque de vivres et une épidémie de typhus empêchèrent Dubois de La Motte de poursuivre la flotte anglaise et le contraignirent à rentrer en France. Il quitta Louisbourg le 30 octobre et arriva sans encombre à Brest le 23 novembre, pour y débarquer environ 5 000 malades. Son activité avait retardé d’un an la chute de l’île Royale.
La carrière maritime particulièrement remplie de Dubois de La Motte était terminée mais, en septembre 1758, lorsque les Anglais débarquèrent près de Saint-Malo, il s’y rendit malgré ses 75 ans et prit part au combat qui rejeta l’ennemi à la mer. Il avait été fait chevalier de Saint-Louis le 17 décembre 1718, commandeur le 1er septembre 1752, grand-croix le 4 juillet 1761 et promu vice-amiral le 13 décembre 1762. Très habile manœuvrier, chef audacieux, méthodique et réfléchi, Dubois de La Motte est une des plus belles figures de la marine française de son temps.
AN, Col., C9A, 90, 92, 94 ; Marine, B4, 27, 31, 32, 34, 35, 36, 42, 43, 50, 56, 57, 59, 61, 68, 74, 76, 78 ; Marine, C1, 161 ; 165 ; 166, f.28 ; Marine, C7, 90 (dossier Dubois de La Motte) ; Marine G, 38, f.10.— DBF, VII : 830.— Étienne Taillemite, Dictionnaire de la marine (Paris, 1962), 78.— Étienne Taillemite et al., Tables des noms de lieux, de personnes, de matières et de navires, sous-série B1, B2 et B3 (Paris, 1969), 101.— Lacour-Gayet, La marine militaire sous Louis XV (1910), 119, 200, 252, 383, 487, 530.— Troude, Batailles navales de la France, I : 246, 249, 259, 271, 319, 326.— Annales de la Société historique et archéologique de l’arrondissement de Saint-Malo (Saint-Servan), 1940, 145s.
Étienne Taillemite, « CAHIDEUC, EMMANUEL-AUGUSTE DE, comte DUBOIS DE LA MOTTE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/cahideuc_emmanuel_auguste_de_3F.html.
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Auteur de l'article: | Étienne Taillemite |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
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