KINNEAR, WILLIAM BOYD, avocat, juge, homme politique et fonctionnaire, né le 2 octobre 1796 à Dorchester, Nouveau-Brunswick, fils d’Andrew Kinnear, loyaliste et représentant du comté de Westmorland à la première Assemblée du Nouveau-Brunswick, et de Letitia Boyd, tous deux originaires du comté de Derry (Irlande du Nord) ; il épousa en 1830 Janet Muir, d’Édimbourg, Écosse ; décédé à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, le 22 février 1868.

Les antécédents de William Boyd Kinnear, issu d’une famille anglo-irlandaise anglicane et loyaliste, le prédestinaient à jouer un rôle dans les affaires publiques du Nouveau-Brunswick. Il obtint son premier emploi, à l’âge de 17 ans, au bureau de la solde à la garnison de Saint-Jean. Trois ans plus tard, il entreprit son cours de droit à l’étude de Charles Jeffery Peters* à Saint-Jean et fut admis au barreau en 1819. En 1827, lors d’un séjour à Halifax, il quitta l’Église d’Angleterre et adhéra au baptisme [V. James Walton Nutting]. Les baptistes en parlèrent par la suite comme d’une conquête de choix et un atout irremplaçable.

Ses succès en tant qu’avocat lui gagnèrent respect et influence. En 1828, il fut nommé recorder de la ville de Saint-Jean et, en 1830, il fut élu député de cette ville à l’Assemblée, poste qu’il occupa deux ans plus tard. Au sein de l’Assemblée, Kinnear se montra toujours fidèle au gouverneur, même s’il prenait une part croissante au succès du mouvement baptiste. Il participa à la fondation du Baptist Seminary de Fredericton et de l’Acadia College à Wolfville, Nouvelle-Écosse. En 1833, Kinnear devint juge à la Cour de vice-amirauté et membre du Conseil législatif en 1839. Il démissionna de l’Assemblée à cette époque.

Sept ans plus tard, il fut nommé solliciteur général de la province, à la suite de quoi il abandonna ses charges de recorder et de juge et partit pour Fredericton. La façon distinguée avec laquelle il s’acquitta de son rôle de solliciteur général fut reconnue par toutes les factions politiques. L’incohérence de la législation du Nouveau-Brunswick, qui rendait difficile le rôle du gouvernement et jouait souvent contre les simples citoyens de la province, lui déplaisait. À l’été de 1851, Kinnear fut nommé président d’une commission juridique spéciale dont Charles Fisher* et James Watson Chandler faisaient partie. La commission avait pour mandat de réviser les statuts du Nouveau-Brunswick et de simplifier la procédure des cours de la province. Après deux ans de travail, la commission en arriva à la conclusion que « la pratique du droit devait [...] se fonder davantage sur le sens commun que sur les précédents » et recommanda une réforme générale du droit civil, de sa pratique et de ses règlements ; toutes les propositions ne furent pas adoptées mais le rapport de la commission servit de base à une réforme juridique. Peu après, Kinnear fit la révision des statuts qui furent publiés en trois volumes détaillés et complets.

Le travail de Kinnear à titre de solliciteur général et sa participation, en qualité de président, à la commission juridique justifiaient pleinement son accession à un siège vacant à la Cour suprême. Il espérait une telle nomination mais il fut dépassé par les événements politiques. Lorsque le gouvernement « smasher » prit le pouvoir en 1854 [V. Charles Fisher], il était décidé à mettre en pratique sa propre conception d’un gouvernement responsable. Kinnear perdit son poste de solliciteur général, malgré son engagement à œuvrer en conformité avec le principe de la responsabilité ministérielle. Il perdit également toute chance d’être nommé à la Cour suprême.

Sa carrière tirant à sa fin, Kinnear retourna à Saint-Jean où il occupa les postes de greffier de la paix et de juge à la Cour d’enregistrement et d’examen des testaments. Ses dernières années furent consacrées à l’enseignement et les cours nombreux et variés qu’il donna au Mechanics’ Institute étaient bien reçus et attiraient beaucoup de gens. Bien qu’il fit partie du « sénat » de l’University of New Brunswick, son intérêt premier n’en demeurait pas moins la Baptist Education Society.

Durant sa carrière politique Kinnear avait introduit dans l’administration gouvernementale la notion de bon sens. À titre de leader religieux, il avait apporté respectabilité et énergie au mouvement baptiste.

P. M. Toner

N.B. Museum, Kinnear family papers.— N.-B., Report of the commissioners for revising and consolidating the laws of the province of New Brunswick (3 vol., Fredericton, 1853–1854) ; The revised statutes of New Brunswick [...] (3 vol., Fredericton, 1854–1855).— I. E. Bill, Fifty years with the Baptist ministers and churches of the Maritime provinces of Canada (Saint-Jean, N.-B., 1880).— Lawrence, Judges of N.B. (Stockton).

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P. M. Toner, « KINNEAR, WILLIAM BOYD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/kinnear_william_boyd_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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