BRUYERES, RALPH HENRY, ingénieur militaire, né vers 1765 à Montréal, fils de John Bruyères* et de Catherine-Élisabeth Pommereau ; le 16 avril 1790, il épousa à Montréal Janet Dunbar, fille du capitaine William Dunbar ; décédé le 15 mai 1814 à Québec, laissant derrière lui sa femme et quatre enfants.
Ralph Henry Bruyeres était le fils d’un huguenot français, venu au Canada pendant la guerre de Sept Ans, à titre d’officier de l’armée britannique, et qui s’y était établi par la suite, et de la cohéritière de la seigneurie de Bécancour. Il reçut une commission de lieutenant en second dans le corps de génie le 22 décembre 1781. On ne connaît pas la date de sa première affectation, mais on sait qu’il servit en qualité d’ingénieur surnuméraire, à Québec, en 1784. Promu lieutenant en premier le 24 mai 1790 et lieutenant-capitaine le 31 décembre 1795, il atteignit le rang de capitaine le 1er juillet 1799. Bruyeres servit en Flandre en 1793 et dans les Pays-Bas en 1799 ; après un bref séjour à Douvres, en Angleterre, il retourna au Canada. Il se présenta à Montréal pour y prendre son service en juillet 1800, mais il fut bientôt muté à Québec.
Au printemps de 1802, Bruyeres fut envoyé en tournée d’inspection dans le Haut-Canada ; cette tâche lui donna un aperçu inestimable du problème que représentait la défense de l’immense frontière qui s’étendait depuis Montréal jusqu’à la rivière Niagara. Ses réactions officielles, il les énonça dans un « Report of the state of the public works and buildings at the several military posts in Upper Canada », qu’il adressa au colonel Gother Mann*, ingénieur commandant des deux Canadas. Dans un sombre tableau, ce document évoquait négligence et délabrement. Bien que l’auteur y eût fait, en vue de corriger la situation, de nombreuses recommandations fondées sur des évaluations actuelles ou futures, ses propos n’eurent apparemment qu’un effet minime, puisque la politique officielle exigeait que les maigres fonds disponibles pour les ouvrages défensifs fussent dépensés à Québec.
Bruyeres devint ingénieur commandant des deux Canadas lors de sa promotion au rang de lieutenant-colonel, le 1er juillet 1806, Mann ayant quitté en 1804. Comme son prédécesseur, Bruyeres connut la frustration due à une pénurie de fonds. En 1807, cependant, la détérioration des relations anglo-américaines [V. sir George Cranfield Berkeley] l’avait persuadé qu’au moins la première phase du plan de Mann pour Québec – un ouvrage avancé formé de quatre tours interdépendantes placées en travers des plaines d’Abraham – devait être réalisée sur-le-champ. Il projetait de recourir à une adaptation des formidables tours érigées à Halifax sous la direction du duc de Kent [Edward Augustus] ais Craig, qui devint gouverneur en chef de l’Amérique du Nord britannique en 1807, préféra le modèle Martello, que l’on préconisait alors en Grande-Bretagne pour la défense côtière. Compte tenu de ce changement, Bruyeres reçut l’autorisation de se mettre à l’œuvre. Son grand ouvrage fut achevé au début de 1812 ; à cette époque, Prevost avait succédé à Craig.
L’éclatement de la guerre avec les États-Unis, le 18 juin 1812, força Ralph Henry Bruyeres à concentrer toute son attention sur les postes frontière et en particulier sur Kingston, dans le Haut-Canada, qui demeurait sans fortifications, bien qu’il fût le quartier général de l’effectif de la marine sur les Grands Lacs. Le 19 janvier 1813, il présenta à Prevost un rapport sur la situation de Kingston, dans lequel il affirmait avoir ordonné le renforcement immédiat des défenses ; pour la protection de cette ville, il demandait avec insistance qu’on attaquât sans tarder la base américaine rivale de Sackets Harbor, dans l’État de New York. Dans son rapport du 13 février sur York (Toronto) et la frontière du Niagara, il se prononça contre le choix d’York comme base navale, considérant que cet emplacement était presque indéfendable. Le 1er mars, il obtint le grade intérimaire de colonel au Haut-Canada ; le 1er septembre, Prevost ordonna qu’on le retînt indéfiniment dans cette province. Entre-temps, Bruyeres avait reçu des renforts dont il avait un urgent besoin : plusieurs ingénieurs et un important détachement des Royal Sappers and Miners. Une grave maladie l’obligea à rentrer à Québec au cours de l’automne. Pendant qu’il était encore en convalescence, la nouvelle de la prise du fort Niagara (près de Youngstown, New York) par les Britanniques, en décembre, le persuada de retourner dans le Haut-Canada. Il dirigea les réparations du fort puis, par un rigoureux temps d’hiver, il rentra à Québec, condamné par la maladie. Sa nécrologie, publiée dans le Quebec Mercury, le présentait comme un officier de mérite, « victime de son zèle professionnel », et comme un « bon citoyen de Québec ». Par testament, il laissait à sa famille immédiate la somme de £14 000, fortune non négligeable en 1814.
APC, RG 8, 1(C sér.), 387 ; 512 ; 692 ; 1170 ; 1220–1221 ; 1227.— PRO, PROB 11/1580/505.— Select British docs. of War of 1812 (Wood), 2.— Quebec Mercury, 17 mai 1814.— Roll of officers of the Corps of Royal Engineers from 1660 to 1898 [...], R. F. Edwards, édit. (Chatham, Angl., 1898).— Hitsman, Incredible War of 1812.— Whitworth Porter et al., History of the Corps of Royal Engineers (9 vol. parus, Londres et Chatham, 1889– ; réimpr. des vol. 1–3, Chatham, 1951–1954), 1.— Gérard Malchelosse, « La famille Pommereau et ses alliances », Cahiers des Dix, 29 (1964) : 193–222.— I. J. Saunders, « A history of Martello towers in the defence of British North America, 1796–1871 », Lieux hist. canadiens, no 15 (1976) : 5–170.
John W. Spurr, « BRUYERES, RALPH HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bruyeres_ralph_henry_5F.html.
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Auteur de l'article: | John W. Spurr |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |