BOWMAN, JAMES, peintre, né en 1793 dans le comté d’Allegheny, Pennsylvanie ; en 1836, il épousa à Detroit Julia M. Chew ; décédé le 18 mai 1842 à Rochester, New York.

James Bowman représente bien ces portraitistes américains à succès qui firent une carrière itinérante au Canada et dans l’est des États-Unis entre 1830 et 1850. D’abord charpentier dans l’Ohio, il apprit les rudiments de la peinture d’un artiste de cet État puis fit du portrait à Pittsburgh, à Philadelphie et à Washington. À compter de 1822, il passa environ huit ans outre-Atlantique, étudiant à Londres, auprès de sir Thomas Lawrence, ainsi qu’à Paris et à Rome. De retour aux États-Unis vers 1829, il peignit à Charleston, en Virginie-Occidentale, et à Boston.

En 1831, Bowman s’installa à Québec, où on lui commanda des portraits du gouverneur lord Aylmer [Whitworth-Aylmer], de lady Aylmer et de Marie-Louise de Saint-Henri [McLoughlin], du couvent des ursulines. Au printemps de 1833, il présenta à Montréal un diorama qui dépeignait l’intérieur de la chapelle des capucins à Rome ; en juillet, l’exposition fut transportée à Québec, qui voyait pour la première fois un diorama. Le Quebec Mercury parla avec chaleur de l’étonnante illusion qu’il créait, mais Antoine Plamondon* affirma dans le Canadien qu’il présentait d’« énormes défauts » et produisait un « faible effet ».

Durant son séjour à Montréal en 1833 et 1834, Bowman ajouta à son œuvre des portraits des membres de l’establishment anglophone. En outre, peu après son arrivée en 1833, il peignit la mission sulpicienne de Lac-des-Deux-Montagnes (Oka) ; cette toile représentait des prêtres, dont Joseph-Vincent Quiblier*, distribuant des présents du pape à quelque 70 Indiens. La même année, Quiblier commanda à Bowman six tableaux pour les chapelles latérales de la nouvelle église Notre-Dame de Montréal. Une fois ces toiles terminées, on lui demanda d’exécuter pour Notre-Dame les 14 scènes du chemin de la Croix, travail qu’il allait entreprendre avec l’assistance de son élève Thomas-Henri Valin. En 1834, après avoir achevé seulement quatre de ces toiles, Bowman abandonna l’entreprise et alla s’installer à Toronto. C’est Plamondon qui reprit la commande en 1836 ; il écrivit alors à Quiblier que les quatre toiles de Bowman étaient mauvaises et qu’elles avaient été expédiées au couvent des ursulines de Québec pour y être suspendues « dans des corridors noir » (elles ont été perdues depuis). Parmi les six premiers tableaux que Bowman avait peints pour l’église, deux seulement subsistent encore, l’Éducation de la Vierge et le Christ désignant saint Roch comme patron contre la peste.

Bowman reçut maints éloges du Patriot de Toronto, journal conservateur, après qu’il se fut installé dans la ville, en octobre 1834. Ses modèles appartenaient à la gentry locale et comptaient parmi les principaux partisans du family compact. Comme William Lyon Mackenzie* prônait alors la réforme dans le Haut-Canada, ces portraits paraissaient peut-être avoir une certaine valeur comme outils de propagande. On organisa une collecte pour faire peindre un portrait du lieutenant-gouverneur sir John Colborne*. De plus, Bowman exécuta notamment des portraits d’Allan Napier MacNab*, de la belle-mère de celui-ci (à la manière de sir Thomas Lawrence, disait-on) et de plusieurs membres de sa famille, ainsi que du fils de Colborne, du juge Levius Peters Sherwood, de John Strachan* et de William Dunlop. Selon le Patriot, les toiles de Bowman étaient « les meilleures [...] à avoir jamais été exposées dans le pays ». Quant au peintre, disait le journal, il représentait un « beau sujet de réflexion morale ; il était littéralement un homme des bois de l’Amérique et, dans les profondeurs de la forêt, il avait été enflammé par la noble ambition de rivaliser avec les plus grands artistes ». Le jeune Paul Kane*, emporté par l’enthousiasme de Bowman, s’organisa pour faire un voyage d’études en Europe avec lui ; cependant, le mariage de Bowman modifia ce projet, et Kane se rendit seul outre-mer en 1841.

James Bowman avait quitté Toronto en 1835. Après son mariage l’année suivante, il exerça son art dans plusieurs villes américaines avant d’ouvrir en octobre 1841 un studio à Rochester. Il y noua une brève mais solide amitié avec Cornelius Krieghoff *, qui travaillait alors dans cette ville et qui copia le portrait le plus remarqué de Bowman, celui du sculpteur danois Bertel Thorvaldsen. Bowman mourut subitement en mai 1842. L’année suivante, Krieghoff tint une exposition de ses propres œuvres en vue d’utiliser tout produit de leur vente pour élever un monument à la mémoire de Bowman, inspirateur incontesté de tous les jeunes artistes qui l’avaient connu.

J. Russell Harper

L’Ami du peuple, de l’ordre et des lois, 11 oct. 1834.— Le Canadien, 24 juill. 1833.— Patriot (Toronto), 21, 28, 31 oct., 7 nov., 5, 23 déc. 1834, 16 janv. 1835.— Le Populaire, 23 oct. 1837.— Quebec Gazette, 30 sept. 1831, 2 janv. 1832, 15 juill. 1833.— Quebec Mercury, 13 juill. 1833.— Rochester Daily Advertiser (Rochester, N.Y.), 19 mai 1842, 30 mai 1843.— Rochester Daily Democrat, 1er juin 1842.— Rochester Evening Post, 18 mai 1842. G. C. Groce et D. H. Wallace, The New-York Historical Society’s dictionary of artists in America, 1564–1860 (New Haven, Conn., et Londres, 1957 ; réimpr., 1964). Harper, Early painters and engravers. Maurault, la Paroisse : hist. de N.-Dde Montréal, 114, 163. Morisset, Coup d’œil sur les arts, 80–81 ; Peintres et tableaux, 2 : 82 ; la Peinture traditionnelle, 138.— Paul Kane’s frontier ; including « Wanderings of an artist among the Indians of North America » by Paul Kane, introd. de J. R. Harper, édit. (Toronto, 1971). Yves Lacasse, « la Contribution du peintre américain James Bowman (1793–1842) au premier décor intérieur de l’église Notre-Dame de Montréal », Annales d’hist. de l’art canadien (Montréal), 7 (1983–1984) : 74–91.

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J. Russell Harper, « BOWMAN, JAMES (1793-1842) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bowman_james_1793_1842_7F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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