BOUCHER-BELLEVILLE, JEAN-BAPTISTE, dit Jean-Philippe, instituteur, propriétaire et rédacteur de journaux, patriote, fonctionnaire et linguiste, né à Québec le 8 septembre 1800, fils de Pierre Boucher-Belleville et de Louise Belleau, décédé à Saint-Michel-de-Napierville, Qué., en 1874.

Boucher-Belleville, qui signait « J.-Philippe », fit ses études classiques au collège de Montréal de 1814 à 1825, et fut d’abord instituteur à Saint-Charles-sur-Richelieu avec Siméon Marchessault*. Il publia à Montréal, en 1831, les Principes de la langue française, en deux parties, suivis des règles de la versification française, qui connut plusieurs éditions, et, en 1832, les Principes de la langue latine, en deux parties, suivis des règles de la versification latine. Il aborda ensuite le journalisme et écrivit de nombreux articles, sur des sujets relatifs à la religion, à la politique et à l’agriculture, dans les journaux de Montréal.

En 1835 ou en 1836, Boucher-Belleville devint propriétaire et rédacteur en chef de l’Écho du Pays (Saint-Charles-sur-Richelieu), hebdomadaire politique favorable au parti patriote, fondé par Pierre-Dominique Debartzch* en 1833 et rédigé d’abord par l’avocat Alfred-Xavier Rambau*. Le journal consacra de nombreux articles à l’éducation primaire et aux débats de la chambre d’Assemblée et du Conseil législatif. Boucher-Belleville publia le dernier numéro en juin 1836. Il lança aussitôt un autre périodique, le Glaneur, qui eut une existence éphémère (décembre 1836 – septembre 1837). Ce fut un journal littéraire, d’agriculture et d’industrie qui s’efforça de poursuivre l’œuvre de l’Écho du Pays en mettant l’accent, toutefois, sur l’agriculture. Boucher-Belleville attribuait le marasme de l’agriculture bas-canadienne aux méthodes routinières des Canadiens français. Sous le pseudonyme de « Jean-Paul Laboureur », il publia des articles sur les techniques agricoles modernes, sur les labours, sur l’utilisation de la potasse, sur le rôle de l’assolement. Il adapta même à l’agriculture un ouvrage du docteur Jean-Baptiste Meilleur, le Cours abrégé de leçons de chymie [...], paru à Montréal en 1833, et il en donna des extraits dans son journal.

Au cours de la décennie de 1830, Boucher-Belleville correspondait assez régulièrement avec Ludger Duvernay*. Dans une lettre du 11 avril 1834 il déclare « qu’il n’y a rien à attendre des prêtres, que c’est une caste privilégiée comme la gent ministérielle ». Le 4 avril 1835, il s’opposa à l’envoi de Louis-Joseph Papineau en Angleterre, pour y défendre les demandes de la chambre d’Assemblée, parce que personne, pensait-il, ne pouvait le remplacer au pays.

Boucher-Belleville fut pris dans le tourbillon des troubles de 1837–1838. Le 22 novembre 1837, Papineau présida l’assemblée de Saint-Charles où il choisit des officiers pour la défense du pays : Boucher-Belleville fut nommé quartier-maître. À la suite de la défaite, il fut fait prisonnier le 7 décembre. Le 28 février 1838, il écrivit de Laprairie à Duvernay pour lui dire qu’il était sorti de prison ruiné et que personne, dans la vallée du Richelieu, n’avait consenti à l’aider.

Le 15 janvier 1839 paraîtra le premier numéro de l’Aurore des Canadas (Montréal), journal politique, littéraire et commercial fondé par François Cinq-Mars et dont Boucher-Belleville fut le premier rédacteur, vraisemblablement jusqu’en 1845. Le journal s’efforça de trouver un terrain d’entente entre les Canadiens français et les gouverneurs, d’accentuer la compréhension entre les deux races et de défendre le clergé catholique. Cette dernière attitude scandalisa le docteur Antoine-Pierre-Louis Consigny qui écrivit à Duvernay : Boucher-Belleville « n’a jamais été l’ami aveugle des prêtres et pourtant il prend maintenant leur défense ! » Boucher-Belleville affirmait, en effet, dans une lettre du 3 août 1841 à Ludger Duvernay, « que la religion est nécessaire à la masse du peuple, que les prêtres ont mal agi en 1837, mais qu’ils en sont revenus, bref que le clergé est puissant ».

Vers 1850, Jean-Philippe Boucher-Belleville fut secrétaire du département d’Éducation, à Montréal. Le docteur Jean-Baptiste Meilleur précise, dans son Mémorial de l’éducation du Bas-Canada, qu’à partir de 1846, il put avoir un secrétaire et un clerc dont la principale occupation était de tenir les comptes et les livres, d’analyser les divers documents, de les coter, de les porter à l’index ; l’un des deux commis était copiste du bureau de l’Éducation. On ignore combien de temps Boucher-Belleville demeura à ce poste. Ce fut sans doute à cette époque qu’il publia son Dictionnaire des barbarismes et des solécismes [...] (1855).

Jean-Philippe Boucher-Belleville avait épousé à Terrebonne, en 1835, Marguerite Porlier, fille de Jacques Porlier, voyageur, dont il eut une fille qui mourut avec sa mère en 1841. Boucher-Belleville était le neveu de Jean-Baptiste* Boucher-Belleville, curé de Laprairie de 1792 à 1839. Celui-ci publia un recueil de cantiques et un Manuel abrégé de controverse.

À la fin de sa vie, Boucher-Belleville posséda une ferme à Saint-Michel-de-Napierville où il décéda, en 1874, à l’âge de 74 ans.

Louis-Philippe Audet

J.-P. Boucher-Belleville, Dictionnaire des barbarismes et des solécismes les plus ordinaires en ce pays, avec le mot propre ou leur signification (Montréal, 1855) ; Les principes de la langue française, en deux parties, suivis des règles de la versification française (Montréal, 1831) ; Les principes de la langue latine, en deux parties, suivis des règles de la versification latine (Montréal, 1832).

Papiers Duvernay conservés aux archives de la province de Québec, RAPQ, 1926–1927, 145ss.— Les Patriotes de 1837–1838 d’après les documents J.-J. Girouard, P.-A. Linteau, édit., RHAF, XXI (1967–1968) : 281–311.— L’Aurore des Canadas (Montréal), 15 janv. 1839–1845.— L’Écho du Pays (Saint-Charles-sur-Richelieu), 1835–1836.— Le Glaneur (Saint-Charles-sur-Richelieu), déc. 1836-sept. 1837.— Beaulieu et Hamelin, Journaux du Québec.— Morgan, Bibliotheca Canadensis, 41.— Joseph Tassé, Les Canadiens de l’Ouest (2e éd., 2 vol., Montréal, 1878), I : 137.— Gérard Filteau, Histoire des Patriotes (3 vol., Montréal, 1938–1939), III : 33s.— J.-B. Meilleur, Mémorial de l’éducation du Bas-Canada (2e éd., Québec, 1876), 354.— L.-P. Audet, Jean-Baptiste Meilleur était-il un candidat valable au poste de surintendant de l’Éducation pour le Bas-Canada en 1842 ? Cahiers des Dix, XXXI (1966) : 179.

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Louis-Philippe Audet, « BOUCHER-BELLEVILLE, JEAN-BAPTISTE, dit Jean-Philippe », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/boucher_belleville_jean_baptiste_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
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