BONNÉCAMPS, JOSEPH-PIERRE DE, prêtre, jésuite, baptisé à Vannes, France, le 3 septembre 1707, fils de Nicolas de Bonnécamps et d’Anne Muerel, décédé au château de Tronjoly, paroisse de Gourin (dép. du Morbihan, France), le 28 mai 1790.
Joseph-Pierre de Bonnécamps fut admis au noviciat des jésuites de la province de Paris le 3 novembre 1727 ; il étudia la philosophie au collège de La Flèche (1729–1732), enseigna les classes de grammaire à Caen (1732–1736), les humanités et la rhétorique à Vannes (1736–1739), fit son cours de théologie au collège Louis-le-Grand (1739–1743) et partit pour Québec, où il fut nommé professeur d’hydrographie en 1744 au collège des jésuites. C’est à Québec qu’il prononça ses vœux solennels le 8 décembre 1746.
Dès le début, Bonnécamps eut à cœur de donner un enseignement sérieux en utilisant les instruments les plus au point pour ses observations. Une lettre de l’intendant Hocquart, du 29 octobre 1744, au ministre de la Marine Maurepas mentionne que le père de Bonnécamps demandait un pendule à secondes et une lunette montée sur un quart de cercle et qu’il projetait de construire un observatoire sur le toit du collège. En 1747, les Mémoires pour servir à l’histoire des sciences et des beaux-arts (appelés aussi Journal de Trévoux) publiaient une observation météorologique faite à Québec, par Bonnécamps, le 12 juin 1746.
Le 9 octobre 1748, l’intendant Bigot demandait au ministre de la Marine d’envoyer les instruments que Hocquart avait demandés en 1744, preuve que Bonnécamps ne les avait pas encore reçus, du moins pas tous. Bigot écrivait : « Le P. Bonnécan, jésuite, Professeur de Mathématiques, m’a représenté qu’il avait besoin, pour l’Instruction des jeunes gens qui s’adonnent a la navigation, d’un pendule a secondes, d’une Lunette d’observation, d’un quart de cercle de 3 pieds de rayon garni d’une Lunette au lieu de pinnales, et d’une pierre d’ayman attendu que celle qu’il a est tres foible. »
En 1749, bien qu’il n’eût pas encore reçu tous les instruments, Bonnécamps accompagna Pierre-Joseph Céloron* de Blainville dans son expédition à la rivière Ohio. Il fallait un homme capable de dresser une carte des endroits parcourus. Qui mieux que le professeur d’hydrographie du collège de Québec pouvait le faire ? L’expédition quitta Lachine le 15 juin et fut de retour à Québec le 18 novembre. Au retour, Bonnécamps prépara une relation pour le commandant général Roland-Michel Barrin* de La Galissonière, qui venait de passer en France ; la relation, accompagnée d’une carte, lui fut envoyée l’année suivante. Bonnécamps y décrit tout ce qui peut intéresser un homme de sciences comme La Galissonière : faune, arbres, curiosités naturelles, climat, position des forts et villages, Indiens. Le père écrit : « La longitude est partout estimée. Si j’avais eu une bonne montre, j’aurais pu déterminer quelques points par des observations ; mais pouvais-je compter sur une montre d’une bonté médiocre ? » Cette expédition occupa une place fort importante dans la vie et la carrière scientifique de Bonnécamps. Elle ne fut sûrement pas un fait isolé. Le 25 juin 1752, il était au fort Frontenac (Kingston, Ontario) pour y faire des observations astronomiques. Dans l’intervalle, Bonnécamps s’était fait connaître du monde savant par la relation de son voyage à la rivière Ohio et surtout par la carte qu’il avait dressée. En 1754–1755, il correspondit avec Joseph-Nicolas Delisle, astronome géographe de la marine de France. Bonnécamps passa l’hiver de 1757–1758 en France ; Bougainville*, écrivant à son amie et protectrice, Mme Hérault, le 8 novembre 1757, lui avait recommandé le savant jésuite. Le 25 mars 1758, Bonnécamps écrivit à Delisle, mais cette fois pour lui décrire la situation désespérée du Canada.
En 1759, après la prise de Québec, il repassa en France et, en 1761, on le retrouve professeur de mathématiques au collège de Caen, charge qu’il dut laisser lors de la fermeture des collèges de la Compagnie de Jésus en France en 1762. Quelques années plus tard, vers 1765, il desservit les îles Saint-Pierre et Miquelon avec le père François-Paul Ardilliers. Nous ne savons pas au juste quand il les quitta pour rentrer en France, mais, en 1770, il était aumônier du bagne de Brest ; la cour désirait, en effet, que les anciens jésuites de France retournent sous la juridiction de l’ordinaire du lieu de leur naissance. D’autre part, Bonnécamps a pu connaître François-Jean-Baptiste L’Ollivier de Tronjoly, son compatriote, alors qu’il desservait les îles Saint-Pierre et Miquelon. Il devint précepteur de ses enfants et c’est au château de ce dernier, près de Gourin, qu’il mourut le 28 mai 1790, à l’âge de 82 ans.
Parmi les écrits de Joseph-Pierre de Bonnécamps, citons « Observation météorologique faite à Québec en Canada, le 12 de juin 1746 », Mémoires pour servir à l’histoire des sciences et des beaux-arts (Paris), mars 1747, 572–574 ; « Relation du voyage de la Belle Rivière faite en 1749, sous les ordres de M. de Céloron », JR (Thwaites), LXIX :150–198. Quant à la carte dressée par Bonnécamps à l’occasion de son voyage dans la vallée de l’Ohio, elle est actuellement en dépôt au Service historique de la Marine (château de Vincennes, Paris), Recueil de cartes anciennes, no 67, carte no 21.
ASJCF, 595 ; 596 ; 597 ; 4028, 26c.— Mélançon, Liste des missionnaires jésuites.— Rochemonteix, Les jésuites et la N.-F. au XVIIIe siècle, II : 74–76, 156.— L.-P. Audet, Hydrographes du roi et cours d’hydrographie au collège de Québec, 1671–1759, Cahiers des Dix, 35 (1970) : 13–35.— A. [-H.] Gosselin, Les jésuites au Canada ; le P. de Bonnécamps, dernier professeur d’hydrographie au collège de Québec, avant la Conquête (1741–1759), SRC Mémoires, 2e sér., I (1895), sect. i : 25–61 ; Encore le P. de Bonnécamps (1707–1790), SRC Mémoires, 2e sér., III (1897), sect. i : 93–117 ; Le château de Tronjoly, dernière résidence du P. de Bonnécamps, SRC Mémoires, 2e sér., IV (1898), sect. i : 33s.— O. H. Marshall, De Céloron’s expedition to the Ohio in 1749, Magazine of American History (New York et Chicago), II (1878) : 129–150.
Joseph Cossette, « BONNÉCAMPS, JOSEPH-PIERRE DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bonnecamps_joseph_pierre_de_4F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
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