POULIN DE COURVAL, FRANÇOIS-LOUIS, officier de marine, né à Québec le 30 octobre 1728, fils de Louis-Jean Poulin de Courval et de Françoise Foucault, décédé à La Rochelle, France, à l’automne de 1769.
Fils unique de Louis-Jean Poulin de Courval, François-Louis étudia au collège des jésuites à Québec. Mgr de Pontbriand [Dubreil] le destinait à la prêtrise, mais le jeune homme avait, selon son propre aveu, beaucoup plus de goût pour la carrière militaire que pour l’état ecclésiastique. Il réussit, en 1746, à convaincre son oncle et tuteur, Claude Poulin de Courval Cressé, de le laisser prendre part à l’expédition que Jean-Baptiste-Nicolas-Roch de Ramezay* organisait en vue de bloquer Annapolis Royal, Nouvelle-Écosse. Dès son retour à Québec, au mois de novembre 1746, son tuteur lui fit suivre les cours de pilotage que le jésuite Joseph-Pierre de Bonnecamps* dispensait au collège de Québec. Au printemps suivant, il commençait à naviguer entre le Canada, l’île Royale (île du Cap-Breton), la France et les Antilles à titre d’officier de marine. Comme il désirait se libérer de la tutelle de son oncle, il obtint du Conseil supérieur, le 30 septembre 1748, des lettres d’émancipation et de bénéfice d’âge.
En 1752, Poulin devint capitaine de navire marchand et bourlingua durant quelques années. Au printemps de 1756, son navire échoua sur les rives du Saint-Laurent. Il entra alors au service du roi de France qui venait de déclarer la guerre à l’Angleterre. Capitaine expérimenté, il effectua diverses traversées entre le Canada et la France. C’est au cours de l’une d’entre elles que son navire le Diamant fut pris : blessé, Poulin fut fait prisonnier et emmené en Angleterre où il séjourna huit mois. Après sa libération vers la fin de 1758, il conduisit au Canada le navire le Bienfaisant rempli de provisions et de munitions. Il arriva à Québec le 17 mai 1759 et participa à la défense de la ville. Le 28 juillet, il tenta, à l’aide de radeaux faisant fonction de brûlots, d’incendier la flotte anglaise, mais sans succès. Un mois plus tard, alors qu’il se trouvait à Saint-Augustin (Saint-Augustin-de-Québec), Poulin fut victime d’un accident malencontreux : un soldat français, l’ayant pris pour un Anglais, tira un coup de fusil qui l’atteignit à la cuisse. Poulin ne put donc participer aux derniers combats qui devaient décider du sort de la colonie.
À l’automne de 1760, il gagna La Rochelle où il demeura durant plusieurs mois ; il se rendit ensuite « prendre les eaux » à Barèges afin de guérir sa jambe malade. Son séjour à la station thermale l’endetta de 4 000#. Soucieux de payer ses dettes, Poulin équipa un navire corsaire vers la fin de 1761. Il était sur le point de partir lorsqu’il reçut l’ordre de se rendre à Brest ou il fut nommé capitaine de brûlot dans la marine royale. Au printemps de 1762, il s’embarquait pour Terre-Neuve avec Charles-Louis d’Arsac* de Ternay, qui était chargé d’y détruire les établissements anglais.
Revenu en France chercher du secours, à l’été de 1762, Poulin reçut le commandement de la frégate le Zéphir. Comme il repartait pour Terre-Neuve, il fut attaqué, à la sortie du port de Brest, par trois navires anglais qui le forcèrent à se rendre. Emprisonné en Angleterre pendant un mois, Poulin de Courval revint en France à la faveur de la paix. À la suite de ce combat, le duc de Choiseul lui décerna la croix de Saint-Louis et une gratification de 3 000#.
En 1763, Poulin reçut le commandement de la flûte la Garonne avec pour mission de conduire aux îles Saint-Pierre et Miquelon le nouveau gouverneur, Gabriel-François d’Angeac*, et ses officiers. Il y retourna avec un chargement de vivres en 1764. C’est, semble-t-il, au cours de ces voyages qu’il fit un relevé des possibilités qu’offraient la pêche, l’agriculture et le bois des îles Saint-Pierre et Miquelon. Mais le ravitaillement de ces îles restait toujours précaire. Au cours de l’hiver 1765–1766, la situation à Saint-Pierre devint critique ; Versailles demanda alors aux autorités du port de Rochefort d’y envoyer du secours, malgré les difficultés de la navigation en cette saison. On confia cette périlleuse mission à Poulin de Courval qui connaissait très bien ces eaux. Il s’en acquitta parfaitement, atteignant Saint-Pierre à la fin de l’hiver de 1766. Ce dernier exploit lui valut le grade de lieutenant de vaisseau dans la marine royale et une gratification de 600#.
François-Louis Poulin de Courval, épuisé par ses nombreux voyages en mer, ses campagnes militaires et ses blessures, mourut à La Rochelle en octobre 1769. Il avait épousé quelques années auparavant, aux îles Saint-Pierre et Miquelon, Marguerite Leneuf de Beaubassin, qui lui donna un fils, né en mai 1769 à La Rochelle.
AJQ, Registre d’état civil, Notre-Dame de Québec, 30 oct. 1728.— AN, Col., B, 108, f.1 ; 114, ff.1, 203 ; 115, ff.23, 85 ; 118, ff.56, 229 ; 122, f.9 ; 125, f.78 ; 149, f.259 ; Col., C11A, 104, f.117 ; Col., E, 96 (dossier Courval) ; Marine, C7, 257.— ANQ, Greffe de R.-C. Barolet, 25 juin, 13 oct. 1754 ; NF, Coll. de pièces jud. et not., 3 952.— Journal du siège de Québec (Fauteux), RAPQ, 1920–1921, 137–241.— Henri Têtu, M. Jean-Félix Récher, curé de Québec, et son journal, 1757–1760, BRH, IX (1903) : 134.— « Précis de la vie et des aventures de Poulin de Courval chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis capitaine de brulot. Première Partie depuis 1746 jusqu’à 1765 » (l’auteur de cette biographie possède une copie de ce manuscrit dont l’original appartenait, en 1939, à sir Bruce Ingram, directeur de l’Illustrated London News [a. l.]).— Fauteux, Les chevaliers de Saint-Louis, 215s.— P.-G. Roy, Inv. jug. et délib., 1717–1760, IV : 287s. ; V : 85.— La Morandière, Hist. de la pêche française de la morue, II : 734, 737s.— P.-G. Roy, Fils de Québec, II : 45–48.
André Lachance, « POULIN DE COURVAL, FRANÇOIS-LOUIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/poulin_de_courval_francois_louis_3F.html.
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Auteur de l'article: | André Lachance |
Titre de l'article: | POULIN DE COURVAL, FRANÇOIS-LOUIS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |