BOILEAU, FRANÇOIS-XAVIER, zouave pontifical, instituteur, journaliste et fonctionnaire, né le 10 janvier 1849 à Sainte-Geneviève (Montréal), fils de François-Xavier Boileau et d’Azithe Théoret ; le 12 janvier 1875, il épousa à Laprairie (La Prairie, Québec) Priscile Levasseur (décédée le 2 septembre 1892), et ils eurent huit enfants, puis le 24 août 1895, dans la paroisse de Saint-Roch de Québec, Marie Nelly Flore Fanning (décédée en 1931), et ils eurent deux enfants ; décédé le 29 octobre 1932 à Morinville, Alberta.

En 1868, à la fin de ses études au petit séminaire de Sainte-Thérèse à Sainte-Thérèse-de-Blainville (Sainte-Thérèse), près de Montréal, François-Xavier Boileau partit pour l’Europe avec un contingent de catholiques canadiens-français qui s’étaient engagés solennellement à défendre les États pontificaux contre les forces de l’unification italienne [V. Ignace Bourget* ; Hugh Murray*]. Il servit comme zouave pontifical jusqu’à l’annexion de Rome au royaume d’Italie, en octobre 1870. De retour au Québec, il enseigna dans une école primaire à New Carlisle, en Gaspésie. Il y rencontra Priscile Levasseur, qu’il épousa deux jours après son 26e anniversaire de naissance. Boileau devant se déplacer pour exercer ses activités d’enseignant et travailler comme journaliste, le couple vécut à divers endroits. En 1878, essayant de combiner son intérêt pour l’éducation et pour le journalisme, Boileau fonda à Pointe-Gatineau (Gatineau) le Jeune Âge, bimensuel destiné à favoriser la lecture chez les jeunes ; la publication cessa après la parution de quelques numéros. Dans les années 1880, Boileau écrivit pour le principal journal de langue française de Montréal, la Minerve, et collabora à au moins trois autres journaux. En septembre 1885, il s’associa à Télesphore Rochon pour créer la Nation, à Plantagenet, en Ontario, dont la devise était Dieu, le Pape, la Patrie. Le 19 novembre, ce périodique dénonça avec passion la décision du premier ministre, sir John Alexander Macdonald*, de ne pas commuer la peine de mort prononcée contre Louis Riel*. Le dernier numéro de la Nation fut publié en juillet 1886. En 1881, à Saint-Jérôme, au Québec, Guillaume-Alphonse Nantel* avait acheté le Nord, dont Boileau serait directeur et rédacteur en chef pour une brève période en 1887. Puis, en 1885, Nantel fonda la Campagne, qu’il édita avec Boileau. En 1890, ce dernier fut nommé receveur adjoint au département des Travaux publics du gouvernement de la province de Québec ; plus tard, il fut promu au poste de receveur. Dans les années 1890 et au début du xxe siècle, il joua un rôle actif dans le mouvement ouvrier de la province et contribua régulièrement au Bulletin mensuel du travail, publication syndicale fondée par Arthur Marois* à Québec. En 1902, Boileau représenta les Chevaliers du travail au Congrès des métiers et du travail du Canada à Berlin (Kitchener), en Ontario.

En 1905, Boileau prit sa retraite de la fonction publique et, avec sa seconde femme et plusieurs de ses enfants, partit vivre en Alberta, qui devint une province la même année. Il acquit une concession statutaire à South Bend, hameau francophone situé sur la rive sud de la rivière Saskatchewan-du-Nord, en face du village agricole de Brosseau. Membre du comité chargé de rebaptiser South Bend (décision prise à la suite de l’entrée de l’Alberta dans la Confédération), il influença grandement le choix, en 1908, de Duvernay comme nom de remplacement, en l’honneur de Ludger Duvernay*, propriétaire de la Minerve de 1827 jusqu’à sa mort survenue en 1852, fondateur de l’Association Saint-Jean-Baptiste de Montréal et officier d’un bataillon de patriotes pendant la rébellion de 1837–1838 dans le Bas-Canada. Boileau était déterminé à assurer une forte présence des catholiques de langue française dans l’Ouest. En 1906 et 1907, il fit partie du comité directeur de la Société de colonisation d’Edmonton, au moyen de laquelle Émile-Joseph Legal*, évêque de Saint-Albert, et d’autres autorités ecclésiastiques essayaient d’attirer des francophones de la province de Québec et des Franco-Américains dans le centre de l’Alberta. En avril 1912, Boileau fut élu premier président de la branche de Brosseau de la Société du parler français au Canada [V. Stanislas-Alfred Lortie*].

Boileau joua un rôle prépondérant dans la vie communautaire et politique de la région de Brosseau et de Duvernay. En 1908, à Duvernay, il établit un centre d’accueil pour aider les nouveaux colons. Ardent partisan des libéraux sur les scènes fédérale et provinciale, il présida la Brosseau Liberal Association en 1908 et l’Association libérale de Duvernay l’année suivante. En mai 1909, il fut élu maire de Brosseau et de Duvernay, mais ne fit qu’un mandat parce que ses activités commerciales l’occupaient de plus en plus. En 1908, il avait joué un rôle de premier plan dans la fondation de la Duvernay Creamery Association, qu’il présiderait pendant deux ans à partir de juillet 1910. L’organisation, incapable de régler le problème posé par le transport de produits laitiers frais, dut fermer en 1913.

En décembre 1912, Boileau, accompagné de sa femme et de plusieurs enfants, s’installa à Edmonton, où il était déjà bien connu de la communauté francophone. En octobre 1905, il avait collaboré avec Philippe Roy, nommé plus tard sénateur, Prosper-Edmond Lessard et Joseph-Henri Picard, entre autres, à la fondation du Courrier de l’Ouest, seul périodique de langue française dans l’ouest du Canada à cette époque. Cet hebdomadaire disséminait une propagande politique soutenant le premier ministre sir Wilfrid Laurier* et le Parti libéral, et vantait aux lecteurs francophones de la province de Québec et du nord-est des États-Unis le potentiel agricole et commercial du nord et du centre de l’Alberta ; de plus, en août 1907, un numéro spécial consacré aux concessions statutaires fut distribué en France. Boileau dirigea le Courrier de l’Ouest d’août 1913 à janvier 1916 (son fils Adéodat avait occupé le poste de rédacteur en chef entre 1905 et 1909) ; des ennuis d’argent pendant la Première Guerre mondiale en forcèrent ensuite la fermeture. Le 15 novembre 1917, un deuxième hebdomadaire de langue française, l’Union, fut lancé à Edmonton. Boileau occupa le poste de directeur de la rédaction jusqu’au printemps de 1924. Georges-Charles-Jules Bugnet* lui succéda.

François-Xavier Boileau partit vivre à Morinville en 1922 ; il y mourut à l’âge de 83 ans. Ses funérailles attirèrent des gens de toute la province ; à Montréal, le journal le Devoir lui rendit hommage. Ornant son cercueil, un képi de zouave pontifical était, selon la Survivance d’Edmonton, le symbole « de la vie d’honneur, de dévotion à un idéal élevé, de patriotisme religieux ».

Timothy Foran

BAC, R233-37-6, Québec, quartier Saint-Jean, dist. 182, subdist. d-6.— BAnQ-CAM, CE601-S3, 12 janv. 1875.— BAnQ-Q, CE301-S22, 24 août 1895 ; CE301-S97, 2 sept. 1892.— Le Courrier de lOuest (Edmonton), 14 oct., 28 déc. 1905 ; 1er févr. 1906 ; 7 mars 1907 ; 21 mai 1908 ; 18 févr., 27 mai 1909 ; 21 juill. 1910 ; 2 mai 1912 ; 9 janv. 1913.— Le Devoir, 16 nov. 1932.— La Survivance (Edmonton), 2 nov. 1932.— Alberta newspapers, 1880–1982 : an historical directory, G. M. Strathern, compil. (Edmonton, 1988).— Éloi DeGrâce, « le Courrier de lOuest (1905–1916) », dans Aspects du passé franco-albertain : témoignages et études, Alice Trottier et al., édit. (Edmonton, 1980), 101–111.— J. Hamelin et al., la Presse québécoise, 2 ; 3.— E. J. Hart, Ambitions et réalités : la communauté francophone d’Edmonton, 1795–1935 (Edmonton, 1981).— France Levasseur-Ouimet, 1899–1999, Saint-Joachim, la première paroisse catholique dEdmonton (Edmonton, 1999).— Our crossing : rivers to roads : a history of the Brosseau, Duvernay and surrounding area (2e éd., Edmonton, 1981).— Robert Painchaud, Un rêve français dans le peuplement de la prairie (Saint-Boniface [Winnipeg], 1986).— Jean Pariseau, les Oblats de Marie-Immaculée dans les paroisses canadiennes-françaises de la région de Rivière-de-la-Paix, 19121967 (Ottawa, 2002).— Jacques Rouillard, les Syndicats nationaux au Québec, de 1900 à 1930 (Québec, 1979).— D. B. Smith, « A history of French-speaking Albertans », dans Peoples of Alberta : portraits of cultural diversity, Howard Palmer et Tamara Palmer, édit. (Saskatoon, 1985), 84–108.— Soc. hist. du Nouvel-Ontario, Documents historiques (98 vol. parus, Sudbury, Ontario, 1942–    ), 81 (P.‑F. Sylvestre, les Journaux de l’Ontario français, 1858–1983, 1984).— Alice Trottier, « les Débuts du journal la Survivance », dans Aspects du passé franco-albertain : témoignages et études, 113–121 ; « les Oblats et la colonisation en Alberta », dans Études oblates de l’Ouest 1 : actes du premier colloque sur l’histoire des oblats dans l’Ouest et le Nord canadiens [...], R.[-J.-A.] Huel et al., édit (Edmonton, 1990), 107–116.

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Timothy Foran, « BOILEAU, FRANÇOIS-XAVIER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/boileau_francois_xavier_16F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2015
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