BLONDEAU, MAURICE-RÉGIS, trafiquant de fourrures, officier de milice et fonctionnaire, né le 23 juin 1734 à Montréal, fils de Jean-Baptiste Blondeau, marchand, et de Geneviève Angers ; décédé le 13 juillet 1809 à Montréal et inhumé deux jours plus tard.

La famille de Maurice-Régis Blondeau est originaire de Saumur en France. François Blondeau arrive en Nouvelle-France avant 1650. L’un de ses trois fils, Maurice, s’adonne au commerce des fourrures et devient un important bourgeois montréalais. À Québec, les neveux de ce dernier, Thomas, Joseph et Jean-Baptiste, devenus orphelins très jeunes, se lancent eux aussi dans le commerce des fourrures pendant les années 1720. Jean-Baptiste s’établit à Montréal et se spécialise dans la traite chez les Illinois.

Le 10 mai 1757, Maurice-Régis est engagé par Joseph-Michel Cadet*, munitionnaire général des armées françaises au Canada, pour travailler un an, principalement au fort Saint-Frédéric (près de Crown Point, New York), moyennant 900#. Par la suite, il demeure probablement dans l’Ouest ; après le soulèvement de Pondiac*, il aurait quitté le fort Dauphin (Winnipegosis, Manitoba) et le fort La Reine (Portage-la-Prairie) pour se rendre à Michillimakinac (Mackinaw City, Michigan). Au printemps de 1767, son père s’occupe de ses engagements pour Michillimakinac et Grand Portage (près de Grand Portage, Minnesota).

Blondeau revient à Montréal où il épouse, le 26 octobre 1767, Marie-Josephe Le Pellé Lahaye, âgée de 31 ans et veuve de Pierre-Louis Deslandes. Blondeau se marie en communauté de biens ; il se réserve un propre de 10 000# et il accorde à son épouse un douaire de 3 000#, un préciput de 1 500#, des bijoux, de la lingerie et une « chambre garnie ».

Au début de mai 1768, « étant sur son départ pour les postes d’en haut », Blondeau donne procuration à son épouse de gérer toutes ses affaires durant son absence. En 1769, il envoie 3 canots et 19 hommes à Michillimakinac et dans la « mer de l’Ouest » (terme qui désignait à l’époque le Manitoba et le territoire situé au delà) avec une cargaison d’une valeur de £1 350. L’année suivante, il expédie dans la mer de l’Ouest 4 canots, 20 hommes et des marchandises évaluées à £1 506. Blondeau commerce surtout au sud du lac Winnipeg et dans la région du fort La Reine. Par la suite, il gagne plus à l’ouest. En 1772, il envoie 3 canots, 28 hommes et une cargaison valant £1 642 sur la rivière Red Deer, puis, l’année suivante, 3 canots et 22 hommes sur la rivière Saskatchewan.

L’expansion de la traite des fourrures augmente les coûts d’exploitation, forçant ainsi les marchands à s’associer. En 1774, Blondeau, en société avec Jean-Baptiste-Amable Adhémar*, envoie au lac Supérieur 4 canots, 29 hommes et des marchandises estimées à £1 300. L’année suivante, il s’allie à James McGill, Isaac Todd, ainsi qu’à Benjamin* et Joseph Frobisher, pour équiper 12 canots et envoyer 103 hommes à Grand Portage, où une coalition se forme pour exploiter les ressources du Nord-Ouest. L’année 1779 marque le début d’un vaste mouvement de concentration qui donnera naissance à la North West Company. De 1779 à 1785, Blondeau traite dans la région du lac Supérieur en société avec John Grant et Gabriel Cotté* qui devient son beau-frère en 1783. Durant la décennie 1780, Blondeau cautionne les voyages de traite de Jean-Baptiste Cadot et de Cotté à Sault-Sainte-Marie (Sault Ste Marie, Michigan) et à Michillimakinac. En 1785, il compte parmi les membres fondateurs du Beaver Club de Montréal.

Blondeau possède diverses propriétés à Montréal. En 1770, il avait acheté rue Saint-Paul une maison en pierre de deux étages, avec un entrepôt voûté attenant, pour la somme de 8 000#. En 1775, il avait acquis au prix de 1 800 shillings une autre maison rue Saint-Paul. L’année suivante, deux autres maisons s’étaient ajoutées à ses propriétés : il avait obtenu la première, rue de l’Hôpital, pour 3 000 shillings, et la seconde, rue Saint-François, pour 4 000 shillings. En 1778, il avait engagé un domestique et une servante, affichant ainsi une situation financière relativement aisée. La même année, il avait vendu pour 18 000# sa maison de la rue Saint-Paul acquise en 1770 et un emplacement de 720 pieds carrés situé au même endroit. Enfin, en 1783, Blondeau avait engagé un autre domestique.

En 1785, Blondeau s’active au sein du comité canadien du mouvement réformiste à Montréal afin de promouvoir une nouvelle constitution. Deux ans plus tard, il témoigne devant la commission chargée par le juge en chef William Smith* de faire enquête sur des accusations concernant les cours de justice. En 1791, il est capitaine dans le 1er bataillon de milice de la ville de Montréal, puis major de 1794 à 1802. Il milite au sein de l’Association, fondée en 1794 pour appuyer le gouvernement britannique et présidée par McGill. Enfin, de 1795 à 1799, Blondeau occupe le poste de juge de paix à Montréal.

Durant une vingtaine d’années, Blondeau est mêlé à l’administration des biens des jésuites. Le 26 mai 1792, Jean-Joseph Casot* l’avait nommé procureur de la communauté pour veiller à la bonne marche de la seigneurie de Prairie-de-la-Madeleine. 11 s’occupait surtout de vendre des emplacements. Puis, le 22 juin 1801, George Pyke*, secrétaire de la commission des biens des jésuites, le nomme agent de ces biens pour le district de Montréal. Il fournit un cautionnement de £750 et deux répondants s’engagent pour le même montant. Sa rémunération équivaut à 10 p. cent de l’argent perçu.

Maurice-Régis Blondeau meurt le 13 juillet 1809 à Montréal, « après deux ans de souffrances incroyables ». Son épouse ne lui survivra que peu de temps, décédant le 31 août de la même année.

François Béland

ANQ-M, CE1-51, 23 juin 1734, 26 oct. 1767, 15 juill. 1809 ; CN1-120, 4 mars, 27 juin 1778, 2 août 1783 ; CN1-200, 22 mai 1802 ; CN1-290, 9, 13 nov. 1776, 3 juill. 1778, 9 avril 1784 ; CN1-308, 10 mai 1757, 19, 27 avril, 21 mai, 24 oct. 1767, 4 mai 1768, 1er déc. 1769, 3, 21 mars 1770, 15 mai 1775 ; CN1-313, 26 mai 1792.— « L’Association loyale de Montréal », ANQ Rapport, 1948–1949 : 257–273.— Docs. relating to NWC (Wallace), 451.— La Gazette de Québec, 20 juill. 1809.— Archange Godbout, « Nos ancêtres au xviie siècle », ANQ Rapport, 1957–1959 : 401–405.— « Papiers d’État », APC Rapport, 1890 : 207s.— « Papiers d’État – B.-C. », APC Rapport, 1892 : 162.— Innis, Fur trade in Canada (1956), 191–194.— Rumilly, La Compagnie du Nord-Ouest, 1 : 60s.

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François Béland, « BLONDEAU, MAURICE-RÉGIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/blondeau_maurice_regis_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
Date de consultation:    1 décembre 2024