BENOÎT, RÉMI, instituteur, fonctionnaire, rédacteur en chef d’un journal et administrateur d’une mutuelle, né le 3 janvier 1842 à D’Escousse, Nouvelle-Écosse, fils de Jacques Benoît et de Marina Petitpas ; le 22 novembre 1869, il épousa dans cette localité Delvina-Angèle Pertus (décédée en 1875), et ils eurent quatre enfants, puis le 2 juillet 1879, au même endroit, Julie-Sabine Martel (décédée en 1899), avec qui il eut six ou sept enfants, et enfin, le 23 mai 1901, à Lowell, Massachusetts, Rose Cook, née Bourget (décédée en 1935) ; décédé le 19 juin 1919 à Truro, Nouvelle-Écosse, et inhumé à D’Escousse.

Acadien de langue française, Rémi Benoît fréquenta d’abord des écoles locales, où l’instruction se donnait surtout en anglais. En 1861, il reçut son diplôme du St Francis Xavier College d’Antigonish. Après avoir enseigné dans le comté de Richmond et dirigé une école secondaire à Church Point durant quatre ans, il fut inspecteur des écoles publiques du comté de Richmond de 1869 à 1879. Candidat conservateur défait aux élections fédérales de 1874 et de 1878, il obtint la place de receveur des douanes à Arichat en 1879 probablement en partie à cause de ses attaches politiques. Il perdit ce poste en 1896, quand les libéraux reprirent le pouvoir. Comme il n’avait guère de perspectives d’emploi après sa défaite aux élections provinciales de 1897, il choisit la même voie qu’un grand nombre d’Acadiens des Maritimes : émigrer dans l’est des États-Unis.

Les lieux de résidence de Benoît au Massachusetts suggèrent qu’il passa d’un emploi à un autre. Toutefois, son dévouement au nationalisme acadien ne fléchit jamais. En 1881, il avait fait partie du comité organisateur de la Convention nationale des Acadiens à Memramcook, au Nouveau-Brunswick [V. François-Xavier Cormier*] ; de même, il contribua à l’organisation des congrès de 1884, 1890 et 1900. Les Acadiens de l’Est américain se réunissaient régulièrement eux aussi. À un congrès tenu en 1902 à Waltham, au Massachusetts, on proposa de créer une organisation exclusivement acadienne pour contrer la participation croissante des Acadiens à des associations de langue anglaise. En mai 1903, Benoît fut nommé au comité qui devait rédiger la constitution d’une mutuelle. L’adoption de la constitution et l’élection des dirigeants de la Société l’Assomption eurent lieu à Waltham le 7 septembre. Benoît occupa la présidence jusqu’en août 1904, date à laquelle il devint chancelier ; de 1906 à 1914, il serait simple membre de la direction.

Parfois appelée Société mutuelle l’Assomption afin d’éviter toute confusion avec la Société nationale de l’Assomption, qui avait été fondée au Nouveau-Brunswick en 1881 pour défendre les intérêts des Acadiens, la Société l’Assomption avait pour mission d’aider ses membres et leur famille en cas de décès, de maladie ou d’accident. Elle deviendrait la principale institution financière acadienne du xxe siècle. Vouée en outre à la préservation de la foi catholique et de la langue française, elle mobiliserait les Acadiens autour d’une grande variété d’actions patriotiques et supplanterait peu à peu la Société nationale de l’Assomption. Dès la fin de 1913, elle comptait 115 sections et 7 520 membres ; son actif s’élevait à 22 600 $. Cependant, deux décisions prises cette année-là – convertir les indemnités en polices d’assurance-vie et réinstaller l’administration centrale à Moncton, au Nouveau-Brunswick – causèrent beaucoup de dissensions. En 1914, les succursales américaines formèrent la Société l’Assomption des États-Unis, qui resterait une mutuelle.

Entre-temps, en 1913, Benoît s’était établi à Moncton et était devenu rédacteur en chef de l’Évangéline [V. Valentin Landry]. Sous sa direction, le journal soutint les mouvements de retour au pays et de colonisation, encouragea l’agriculture et l’amélioration de l’enseignement donné aux Acadiens, et exhorta ceux-ci à pratiquer l’épargne et à compter sur eux-mêmes. Vers la fin de décembre 1914, Benoît démissionna pour occuper un poste à la Société l’Assomption. En tant qu’organisateur général jusqu’en mai 1918, il sillonna les Maritimes pour mettre sur pied de nouvelles sections et assister celles qui existaient déjà. C’était un bon orateur plein d’humour ; les gens avec qui il travaillait l’aimaient beaucoup. Le nombre de membres augmenta et, dès 1917, la société avait récupéré les pertes de 1913–1914.

Malgré la modestie qui le poussait à minimiser sa contribution à la fondation de la Société l’Assomption, Rémi Benoît aurait été heureux de savoir que l’organisation qui succéda à celle-ci en 1968, l’Assomption Compagnie mutuelle d’assurance-vie, joue encore un rôle important. Peu connu, il mérite qu’on se souvienne de lui, car il consacra une bonne partie de sa vie à la défense des causes acadiennes.

Paulette M. Chiasson

Nous aimerions remercier J. Emile Benoit, d’Arichat, N.-É., Kathleen MacKenzie, d’Antigonish, N.-É., Sally Ross, de Tantallon, N.-É., et Stephen White, de Moncton, N.-B., pour leur aide.  [p. m. c.]

Rémi Benoît a rédigé un opuscule, Mr. Remi Benoit to the electors of Richmond, Nova Scotia ([Arichat, 1892]).

Centre d’études acadiennes, univ. de Moncton, Fonds L’Assomption compagnie mutuelle d’assurance-vie ; Fonds A.-J. Léger, 21.1 ; Fonds l’Évangéline ; Fonds Pascal Poirier, 6.1-2, 6.1-6 ; Fonds F.-J. Robidoux, 4.1-1 ; Fonds Soc. nationale de l’Assomption, 41.1-3. Mass., State Dept. of Public Health, Registry of vital records and statistics (Boston), Marriage records, Lowell, Mass., 23 mai 1901.— Casket (Antigonish), 28 juin 1861.— L’Évangéline (Weymouth Bridge, N.-É. ; Moncton), 21 août 1890, 20 juill. 1910, 25 oct., 29 nov. 1911, 5 nov. 1913–22 mai 1918, 23, 30 juin, 3 juill. 1919.— Le Moniteur acadien, 13 mars 1894, 7 mars 1899, 9, 23 août 1900, 21 janv. 1904, 23 févr. 1905, 3 juill. 1906, 20 août 1908, 14, 28 août 1913.— Canadian album (Cochrane et Hopkins), 4 : 304. Conventions nationales des Acadiens, Recueil de travaux et délibérations des six premières conventions, F.-J. Robidoux, compil. (Shédiac, N.-B., 1907).— CPG, 1878–1879, 1898. Euclide Daigle, Petite histoire d’une grande idée (Moncton, 1978). A.-J. Léger, les Grandes Lignes de l’histoire de la Société l’Assomption (Québec, 1933).— N.-É., House of Assembly, Journal and proc., 1870, 1879, rapports du surintendant de l’éducation, 1869, 1878. Pascal Poirier, « Mémoires de Pascal Poirier », Soc. hist. acadienne, Cahiers (Moncton), 4 (1971–1973) : 107–113. Deborah Robichaud, « Les conventions nationales (1890–1913) : la Société nationale l’Assomption et son discours », Soc. hist. acadienne, Cahiers, 12 (1981) : 36–58.

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Paulette M. Chiasson, « BENOÎT, RÉMI », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/benoit_remi_14F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
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