BEAUHARNOIS DE BEAUMONT ET DE VILLECHAUVE, CLAUDE DE, officier dans la marine française, garde-marine (ler janvier 1691), enseigne de vaisseau (1er janvier 1696), lieutenant (1er juillet 1703), capitaine de frégate (25 novembre 1712), capitaine de vaisseau (17 mars 1727), seigneur ; né le 22 septembre 1674 à Saint-Laurent près d’Orléans, fils de François de Beauharnois de La Boische (Boeche) et de Marguerite-Françoise Pyvart (Pinard) de Chastullé, décédé le 17 janvier 1738 à La Boische ou La Chaussée, et inhumé à Saint-Laurent. Il épousa Renée Hardouineau à La Rochelle, le 11 mai 1713. Ils eurent deux fils, François, né le 8 février 1714, et Claude, appelé le chevalier, né à Rochefort le 16 janvier 1717.

Claude était le frère de Charles de Beauharnois* de La Boische, gouverneur général de la Nouvelle-France, et de François*, l’intendant ; quoique le sixième fils d’une famille qui comptait sept garçons et sept filles, c’est lui qui devait perpétuer le nom de Beauharnois. Il n’a jamais habité le Canada, mais en trois occasions, soit en 1711, 1712 et 1723, il commanda les vaisseaux qui, chaque année, portaient les ordres du roi dans la colonie et transportaient les troupes et les munitions.

On lui confia en juillet 1711 le commandement du Héros, qui avait mission d’amener à Québec des troupes et des approvisionnements en prévision de l’invasion imminente de Sir Hovenden Walker. Conformément à la tactique adoptée par la marine française durant la plus grande partie du xviiie siècle, on lui donna ordre de naviguer avec prudence en s’en tenant aux seules directives reçues. Le naufrage d’une partie de la flotte de Walker fit échouer le projet d’invasion et Claude de Beauharnois arriva à Québec, sans encombre, le 7 novembre. Il se peut que ce soit lui qui ait amené à Québec un petit navire anglais capturé cet automne-là. Quand il mit la voile pour la France, à la fin du mois, il prit à son bord l’intendant Jacques Raudot qui avait été rappelé en France. Beauharnois commanda de nouveau le Héros lors du voyage qu’il fit à Québec en 1712 ; il y amenait sa sœur Jeanne-Élisabeth et son mari, Michel Bégon*, le nouvel intendant. Il fit des voyages du même genre à Saint-Domingue en 1726 et en 1732. En mai et juin 1734, pendant la guerre de Succession de Pologne, il prit le commandement de trois vaisseaux dans la campagne de la Baltique.

La proclamation royale de 1707, qui érigeait la seigneurie acadienne de François en baronnie de Beauville, le citait pour services distingues ainsi que ses frères. Le 12 avril 1729, il reçut, conjointement avec son frère Charles, la concession de la seigneurie de Villechauve, sur le Saint-Laurent Il semble que ni l’un ni l’autre des frères Beauharnois n’aient déployé de grands efforts pour inciter les colons à s’établir sur leurs terres. Charles n’eut pas d’enfants ; il y a lieu de croire que c’est pour cette raison qu’à sa mort, en 1749, la seigneurie redevint propriété du roi.

François, le fils aîné de Claude, demanda en 1750 que la seigneurie lui soit concédée ; on la lui accorda le 14 juin de la même année. Le 7 juin 1763, François la vendit pour 24 000# à Michel Chartier* de Lotbinière. Il se peut que le paiement ait été effectué au moyen d’une monnaie de papier qui avait alors cours en Nouvelle-France et dont la valeur d’échange n’était qu’une fraction de sa valeur nominale. Si tel fut le cas, il est impossible de déterminer quelle somme François a pu retirer de la vente, une fois la monnaie convertie en livres françaises, si tant est qu’il en ait retiré quelque chose. Il a peut-être voulu se prévaloir de la déclaration que Louis XV fit en février 1763, par laquelle il exprimait son intention de racheter les lettres de change canadiennes.

Selon Alexandre Mazas (Histoire de lOrdre militaire de Saint-Louis), Claude de Beauharnois et son frère Charles furent décorés de la croix de Saint-Louis le même jour, soit le 28 juin 1718. Un autre frère, Guillaume, et Claude, fils de Claude, reçurent aussi la même décoration à d’autres occasions. Ce concours de circonstances, ajouté au fait que tous les Beauharnois étaient officiers dans la marine française, explique sans doute la confusion dont ils ont été souvent l’objet. En février 1738, les délégués en France du chapitre de Québec écrivirent à leurs supérieurs à Québec que Claude de Beauharnois était décédé et qu’il « était fort estimé dans la marine surtout par M. de Maurepas, comme un bon officier ».

S. Dale Standen

AJQ, Contrat de mariage de Claude de Beauharnois, Chevalier de Beaumont, capitaine de frégate, avec Mademoiselle Renée Hardouineau (devant Masson et Soullard, notaires à La Rochelle, le 11 mai 1713).— AN, Col., B, 33, ff.171–175, 176v. ; Marine, C1, 154, ff.171, 189 ; 157, f.273 ; 161 ; Marine, C7, 20, f.12.— APC, FM, 6, B, 9, ff.23v., 114v.— 116v.— Charlevoix, Histoire de la N.-F., II : 356.

Correspondance de Vaudreuil, RAPQ, 1946–47 : 460 ; 1947–48 : 155s., 160s., 171.— Documents relatifs à la monnaie sous le régime français (Shortt), II : 963, 973.— Juchereau, Annales (Jamet), 364, 369, 379. [Dans cette dernière page, il s’agit plutôt de Guillaume et non de Claude comme le pense Jamet. s.d.s.] – P.-G. Roy Inv. concessions, IV : 191, 227s. Inv. Jug. et délib., 1717–1760. II : 73.— Fauteux, Les chevaliers de Saint-Louis, 109, 119s., 149s.— G. Lacour-Gayet, La Marine militaire de la France sous le règne de Louis XV (Paris, 1902), 118–120, 530, 534.— Alexandre Mazas, Histoire de lOrdre militaire de Saint-Louis depuis son institution en 1693 jusquen 1830 (2e édit., 3 vol., Paris, 1860–1861), II : 117s.— Auguste Gosselin, Charles de Beauharnais, BRH, VII (1901) : 293–301.— Olivier, Le gouverneur de Beauharnois, BRH, II (1896) : 189.— J.-E. Roy, Notes sur l’intendant Bégon, BRH, IV (1898) : 269.— P.-G. Roy, Le mariage manqué du chevalier de Beauharnois, BRH, LI (1945) : 139–142 ; Les marquisats, comtés, baronnies et châtellenies dans la Nouvelle-France, BRH, XXI (1915) : 47s.— Régis Roy, Michel Bégon, BRH VIII (1902) : 167 ; François de Beauharnois, BRH, VII (1901) : 302–309.— La seigneurie de Villechauve ou Beauharnois, BRH, XXXIV (1928) : 276s.— Benjamin Sulte, Les Beauharnois au Canada, BRH, VIII (1902) : 155s. [L’auteur confond Claude avec son fils du même nom, et son frère Guillaume.  s. d. s.] — Henri Têtu, Le chapitre de la cathédrale de Québec et ses délégués en France (1723–1773), BRH, XVI (1910) : 232, 238.

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S. Dale Standen, « BEAUHARNOIS DE BEAUMONT ET DE VILLECHAUVE, CLAUDE DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/beauharnois_de_beaumont_et_de_villechauve_claude_de_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    1 décembre 2024