Titre original :  The Rev. John Bayne BA, DD

Provenance : Lien

BAYNE, JOHN, ministre presbytérien, né le 16 novembre 1806 à Greenock, Écosse, fils du révérend Kenneth Bayne, ministre de la chapelle Gaelic de Greenock, et de Margaret Hay ; décédé célibataire le 3 novembre 1859 à Galt (Cambridge, Ontario).

Après avoir fait ses études aux universités de Glasgow et d’Édimbourg, John Bayne alla s’installer dans cette ville en 1827 et reçut du consistoire de Dingwall, le 8 septembre 1830, l’autorisation de prêcher au sein de l’Église d’Écosse. C’est vers cette époque qu’il refusa l’offre d’une église de Caroline du Sud, préférant de toute évidence rester dans son pays dans l’espoir d’être nommé ministre d’une congrégation écossaise. Durant son séjour à Édimbourg, il exerça les fonctions d’auxiliaire auprès de divers ministres. La noyade de deux de ses sœurs au printemps de 1832 semble avoir eu sur son œuvre et sur son caractère une influence qui allait durer toute sa vie. La mort avait déjà frappé sa famille (il avait perdu son père et sa mère, ainsi qu’un frère et une sœur), mais cette perte subite le poussa à consigner en secret quelques pieuses résolutions, qu’on ne retrouva d’ailleurs qu’après son décès ; on suppose qu’elles ont dès lors guidé sa conduite et ses actes. Selon un récit, ces « lourdes épreuves familiales » lui donnèrent « un air sombre, que les étrangers prenaient souvent pour une profonde mélancolie, et contribuèrent aussi à engendrer cette relative indifférence au monde et cette piété incontestable qui l’ont toujours caractérisé ». Quand on lui demanda, des années plus tard, pourquoi il ne s’était jamais marié, Bayne répondit : « depuis la mort de mon père, je n’ai jamais senti que j’avais un foyer et je ne me suis jamais soucié de me marier ».

En 1833, Bayne s’installa à Shapinsay, dans les Orcades, pour y occuper le poste d’auxiliaire auprès du révérend John Barry. Quand le collateur laïque de la paroisse repoussa la demande populaire visant à lui accorder un poste permanent à cet endroit, Bayne, « irrité par l’arrogance du collateur ainsi que par la façon dont la congrégation était traitée », décida de s’en aller. La Glasgow Colonial Society l’accepta comme missionnaire au Canada, et il fut ordonné ministre du consistoire de Dingwall le 3 septembre 1834. Bayne céda tous ses biens à ses sœurs survivantes et partit pour le Canada, où il arriva à la fin de 1834. Il desservit d’abord les fidèles de St Andrew, à Toronto, depuis le départ de William Rintoul jusqu’au retour d’Écosse de son successeur, William Turnbull Leach*. À la fin de 1835, Bayne accepta de devenir ministre de St Andrew, à Galt ; l’ancien pasteur, William Stewart, était parti pour Demerara (Guyane), où il avait accepté un poste. À Galt, auprès d’une congrégation composée presque exclusivement d’« une classe respectable de fermiers écossais des Lowlands » et d’hommes d’affaires, Bayne commença à exercer un ministère remarquable qui, malgré sa décision d’œuvrer seulement à titre temporaire au Canada, dura jusqu’à sa mort. Ses offices religieux, qui parfois dépassaient trois heures, se caractérisaient par un style de prédication énergique et éloquent, lequel ne tarda pas à attirer l’une des plus importantes congrégations presbytériennes au Canada et fit de lui l’un des prédicateurs les mieux payés de son Église. Un observateur déclara que dans ses oraisons en chaire il parlait « comme s’il était seul avec Dieu et, cependant, il répondait à tous les besoins et aspirations du public et de la congrégation ». Il fonda aussi sept nouvelles congrégations dans la région de Galt, mais les voyages exténuants ruinèrent sa santé, de sorte qu’il se rendait rarement aux synodes et aux réunions du consistoire. Néanmoins, il fut choisi en 1842 pour aller recruter en Écosse des membres du clergé qui desserviraient les régions de la province nouvellement colonisées.

Bayne se trouvait encore à Édimbourg en mai 1843, au moment où se produisit la scission de l’Église d’Écosse, en réaction contre l’ingérence de l’État dans les affaires de l’Église [V. Robert Burns*]. Il revint au Canada au cours de l’été, croyant que la non-intervention de l’État dans les affaires de l’Église coloniale empêcherait un tel bouleversement au Canada. Durant l’hiver, on discuta partout en Amérique du Nord britannique des événements d’Écosse, et Bayne acquit alors la conviction que maintenir des liens avec l’Église d’Écosse équivaudrait à partager avec cette dernière le « péché » d’accepter la participation directe de l’État. Au contraire des presbytériens installés depuis longtemps dans la partie est de la province, les immigrants écossais récemment arrivés dans les districts situés à l’ouest appuyaient fortement la scission au Canada. De plus, comme les scissionnistes qui avaient fondé l’Église libre en Écosse encourageaient la mission de la Glasgow Colonial Society en Amérique du Nord britannique, la plupart des missionnaires de la société, dont Bayne, soutinrent la scission. Lorsque le synode de l’Église presbytérienne du Canada affiliée à l’Église d’Écosse se réunit à Kingston en juillet 1844, Bayne prit l’initiative de présenter une proposition demandant la séparation de l’Église d’Écosse, s’opposant ainsi au révérend John Cook*. Avec 20 conseillers presbytéraux et 22 autres ministres, dont Robert Burns, Alexander Gale et Mark Young Stark*, il contribua à la création du synode de l’Église presbytérienne du Canada, appelée communément Église libre. La plupart des membres de la congrégation de Bayne à Galt appuyèrent son action, même s’ils durent renoncer à leur église. Ceux qui demeurèrent affiliés à l’Église d’Écosse reçurent les services du révérend Thomas Liddell*, directeur du Queen’s College de Kingston, tout en s’assurant la possession de l’église. Une année plus tard, Bayne et Liddell discutèrent publiquement de la scission survenue à Galt et, en général, on concéda la victoire à Bayne.

L’Église libre fut contactée en 1844 par le Missionary Synod of Canada, affilié à l’United Associate Secession Church in Scotland, en vue d’une union. Bayne, convocateur du comité d’union de son synode, et la plupart de ses collègues exigèrent qu’on accepte leur doctrine – l’obligation pour l’État de soutenir l’Église sans y exercer son autorité – alors que les membres du synode missionnaire, avec à leur tête William Proudfoot, défendaient le principe de la séparation de l’Église et de l’État et du soutien de l’Église par des contributions volontaires. L’union n’eut lieu qu’en 1861, après la mort de Bayne.

En 1846, Bayne fut choisi à l’unanimité modérateur de son synode. L’année suivante, il retourna en Écosse pour le compte du collège de l’Église libre de Toronto, nouvellement fondé, et obtint les services du révérend Michael Willis* comme professeur de théologie. Dans les années qui suivirent, Bayne, en raison de sa santé toujours délicate, refusa à maintes reprises un poste de professeur au collège, dont celui qui fut laissé vacant par la mort de Henry Esson.

La popularité de John Bayne garantissait une croissance rapide à sa congrégation de l’église Knox, à Galt, qui appartenait à l’Église libre ; en 1852, elle comptait déjà 298 familles avec une assistance de 890 personnes en moyenne. En 1853, l’Union College de Schenectady, dans l’état de New York, lui décerna le titre de docteur en théologie ; après une sérieuse maladie, Bayne prit congé en 1855–1856 pour visiter la Grande-Bretagne et l’Europe, reprenant ses fonctions de pasteur à la fin de 1856. Lorsqu’il fut nécessaire de célébrer deux offices dominicaux à son église, Bayne « reconnut qu’il n’était pas à la hauteur de la tâche » et, en 1858, il présenta sa démission. Sa congrégation rejeta l’offre et engagea plutôt le révérend Archibald Constable Geikie pour l’aider. Bayne, qui « à 50 ans paraissait plus âgé », était un grand fumeur qui avait contracté « des habitudes de plus en plus sédentaires ». Il tomba subitement malade à sa résidence, au matin du 3 novembre 1859, et mourut dans l’après-midi.

John S. Moir

John Bayne ne laissa aucun journal et seulement quelques lettres. Selon un biographe, il « détestait vivement le seul fait d’utiliser une plume [...] et il avait comme règle d’avoir aussi peu à faire avec une plume et le travail d’écriture que c’était possible pour un homme dans sa position ». Dans ces circonstances, il est surprenant qu’il ait seulement publié. Certains de ses sermons et écrits polémiques parurent de son vivant sous forme de brochures, dont Report of the discussion on the late disruption in the Presbyterian Church, which took place in St. Andrew’s Church, Galt, on Tuesday, May 27, 1845, between the Rev. Principal Liddell, D.D., of Queen’s College, Kingston, and the Rev. John Bayne, minister of the Presbyterian Church of Canada, Galt (Galt [Cambridge, Ontario], 1845). À la demande du synode de l’Église libre récemment créée, Bayne prépara une défense de la scission sous la forme d’un discours pastoral qui fut plus tard élargi et publié sous le titre de Was the recent disruption of the synod of Canada, in connection with the Church of Scotland, called for ? An address to the Presbyterians of Canada who still support the synod in connection with the Church of Scotland (Galt, 1846). Un autre ouvrage, Is man responsible for his belief ? A lecture delivered before the members of the Hamilton Mercantile Library Association, on the evening of the 18th of February 1851, a été publié à Galt en 1851. On ne donna jamais suite aux projets de publier les notes de ses sermons après sa mort, mais des fragments de ceux-ci parurent sous le titre de « Outlines of four discourses by the Rev. John Bayne, D.D., late minister of Knox Church, Galt », dans Canada Presbyterian church pulpit, first series (Toronto, 1871), 16–30.

L’annonce de la mort de Bayne parut dans Ecclesiastical and Missionary Record for the Presbyterian Church of Canada (Toronto), 16 (1859–1860) : 20–22, 54 ; dans les Minutes of the Synod (Toronto) de la Presbyterian Church of Canada, 1860 : 37 ; et dans le Sarnia Observer, and Lambton Advertiser, 18 nov. 1859. Le sermon de Robert Irvine, « Where is the Lord God of Elijah ? » ; a discourse preached in Knox’s Church, Hamilton, C. W., on Sabbath, November 13, 1859, with a view to improve the sudden demise of the late Rev. John Bayne, D.D., of Galt (Hamilton, Ontario, 1859), constitue une notice nécrologique plus longue.

La première biographie de Bayne fut écrite par son ami, le révérend George Smellie. Intitulée Memoir of the Rev. John Bayne, D.D., of Galt [...] (Toronto, 1871), elle reproduit de nouveau l’essai de Bayne sur la responsabilité de l’homme à l’égard de sa foi (91–139) et contient aussi le seul exemple de sa poésie qui nous soit parvenu ; dans ce domaine, Bayne « avait une certaine confiance dans ses aptitudes ». En partie pour fournir des informations plus anecdotiques et en partie pour corriger une affirmation trompeuse de Smellie qui était visiblement empreinte de rancœur, le révérend Archibald Constable Geikie a écrit une excellente biographie de Bayne intitulée « A colonial sketch : Dr. John Bayne of Galt », publiée à l’origine dans la British and Foreign Evangelical Rev. (Toronto), 24 (1875) : 488–504. Elle fut publiée de nouveau dans Rev. Dr. John Bayne, D.D., minister of Knox’s Church, Galt, 1835–1859 (Galt, 1935), éditée par un homonyme, John Bayne Maclean. Cet ouvrage et celui d’A. J. Clark, « Notes on the Galt churches », OH, 22 (1925) : 18–19, reproduisent un portrait de Bayne qui, en 1935, était encore accroché dans son ancien presbytère. Les pieuses résolutions écrites à la suite de la noyade de ses deux sœurs parurent dans la biographie de Geikie et dans Ecclesiastical and Missionary Record for the Presbyterian Church of Canada, 16 : 104. Une courte biographie anonyme intitulée « The Rev. John Bayne, D.D. » parut aussi dans le Knox College Monthly (Toronto), 2 (1883–1884) : 34–38.  [j. s. m.]

PCA, H. S. McCollum papers.— UCA, Biog. files, John Bayne, esp. A. B. Baird, « Biographical sketch : Rev. John Bayne, D.D., of Galt » (copie dactylographiée).— Croil, Hist. and statistical report (1868), 25, 28–29.— Scott et al., Fasti ecclesiœ scoticanœ, 7.— Gregg, Hist. of Presbyterian Church.— Knox’s : for the extension of the redeemer’s kingdom ; the story of the congrégation of Knox’s Presbyterian Church of Galt [...] 1844–1969, C. E. Saunders, édit. ([Galt], 1969).— N. G. Smith et al., A short history of the Presbyterian Church in Canada (Toronto, [1965]).— J. R. Blake, « The history of Knox’s Church, Galt, Ont. », Waterloo Hist. Soc., Annual report, 1937 : 266–272.

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John S. Moir, « BAYNE, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bayne_john_8F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
Date de consultation:    28 novembre 2024