PROUDFOOT, WILLIAM, ministre presbytérien, éditeur, rédacteur et éducateur, né le 23 mai 1788 près de Peebles, Écosse ; le 8 juin 1814, il épousa Isobel (Isabella) Aitchison, de Biggar, Écosse, et ils eurent six fils et cinq filles ; décédé le 16 janvier 1851 à London, Haut-Canada.
Après avoir fréquenté la grammar school de Lanark, en Écosse, William Proudfoot poursuivit ses études à l’University of Edinburgh et, en 1807, il entra à la faculté de théologie de l’Association Synod of Scotland, à Selkirk. Autorisé à exercer le ministère par l’Associate Presbytery of Edinburgh le 6 avril 1812, il œuvra quelque temps comme prédicateur suppléant, puis il accepta de devenir pasteur de Pitroddie, où il fut ordonné ministre le 11 août 1813. Homme énergique et apprécié du public, il attira un vaste groupe de fidèles, construisit une nouvelle église, fonda une société biblique et ouvrit une école primaire et une grammar school. Mais les fidèles, lourdement endettés par la reconstruction de l’église et frappés par la récession générale, se trouvèrent incapables de lui assurer son salaire. Il fut obligé de poser sa candidature à l’un des trois postes de missionnaire dans les Canadas qu’offrait l’United Associate Synod of the Sécession Church. Sa demande ayant été agréée, il remit sa démission le 5 juin 1832 et, un mois plus tard, il entreprenait la traversée de l’Atlantique à la recherche d’une nouvelle communauté de fidèles.
Avec ses deux compagnons, Thomas Christie et William Robertson, Proudfoot devait être le fer de lance de son Église dans les territoires missionnaires de l’Amérique du Nord. Après une rapide visite des deux Canadas qui le mena à un endroit aussi éloigné dans l’ouest du Haut-Canada que Goderich, il arriva à la conclusion que son synode devait faire porter ses efforts sur la partie occidentale de la province, puisque des groupes presbytériens étaient déjà bien implantés à l’est de Hamilton. À la fin de 1832, après quelques hésitations, il décida de s’installer à London.
Dans l’espoir d’en arriver rapidement à subvenir à ses propres besoins, Proudfoot acheta une ferme de 200 acres située juste à l’extérieur de la ville. Il mit sur pied des groupes de fidèles à London et dans les environs, et il établit quelques postes de prédication dans la région avoisinante. Cependant, il trouva que ses missions étaient à une trop grande distance les unes des autres, et bien qu’il s’en soit occupé consciencieusement durant les sept années qui suivirent, il fut soulagé lorsqu’en 1840 le révérend James Skinner vint le remplacer dans deux des postes les plus éloignés, ce qui lui permit d’exercer principalement son ministère à London et dans le voisinage immédiat. Les fidèles de London assistèrent d’abord aux offices religieux dans une école et partagèrent ce premier endroit de culte avec les méthodistes de James Jackson et les anglicans de Benjamin Cronyn* ; leur église, la First Presbyterian, fut construite en 1836.
Plein d’énergie, Proudfoot avait tout de suite assumé la direction de la mission canadienne et, durant ses deux premières années dans la colonie, il avait évalué les besoins religieux de l’ouest du Haut-Canada, il avait fait parvenir des messages en Écosse afin d’obtenir des missionnaires et il s’était chargé d’instruire les recrues à leur arrivée. À la fin de 1834, avec ses huit collègues qui œuvraient dans les Canadas, il éprouva le besoin d’une organisation mieux structurée. Après avoir envisagé un moment de collaborer avec l’United Synod of Upper Canada, organisme indépendant, Proudfoot et ses collègues, de crainte de transiger sur les principes du voluntaryism, fondèrent en décembre 1834 le Missionary Presbytery of the Canadas, affilié à l’United Associate Synod of the Sécession Church d’Écosse. Proudfoot fut l’âme du nouvel organisme. Secrétaire du consistoire durant toute sa vie, puis du synode lorsque celui-ci fut créé en 1843, il apaisa, réconcilia et dirigea ses collègues. Il sut atténuer les divergences d’opinions sur les questions religieuses ainsi que les querelles fratricides qui menaçaient parfois de dissiper les énergies du petit groupe qui comptait 18 ministres en 1843. Déterminé à voir son Église exercer une grande influence au sein de la colonie, il entreprit des tournées de prédications à travers l’ouest du Haut-Canada, contribua à mettre sur pied de nouveaux postes missionnaires et d’autres groupes de fidèles, et, en janvier 1843, fonda le Presbyterian Magazine, dont il fut le rédacteur en chef et le principal collaborateur durant les 12 mois de son existence. Les autres écrits de Proudfoot, notamment son journal et ses lettres, où l’on trouve des commentaires sur des questions laïques et religieuses, constituent une intéressante source de renseignements sur la colonie.
Malgré les efforts de Proudfoot, les progrès de l’Église furent lents et pénibles. Étroitement liée au synode écossais et imbue d’une théologie calviniste et traditionaliste, l’Église attirait surtout des immigrants des basses classes nouvellement arrivés des Lowlands d’Écosse et, dans une moindre mesure, ceux qui venaient d’Irlande du Nord. Elle parvenait même difficilement à servir ce groupe restreint, car le synode écossais, dont l’attention était partagée entre les Antilles et les Canadas, envoyait peu de missionnaires. À partir de 1837, en désespoir de cause, Proudfoot se mit à prôner la création d’un séminaire canadien dans le but de combler cette lacune. Il finit par vaincre l’indifférence de ses fidèles et l’hostilité qui se manifestait en Écosse, et, en 1844, il fut autorisé à ouvrir une école de théologie à London tout en conservant sa charge de pasteur. Les étudiants logeaient chez lui et, de temps en temps, d’autres ministres collaboraient à l’enseignement, mais il n’y eut jamais plus de quatre étudiants à la fois. Même s’il s’agissait d’un pas dans la bonne voie, le collège n’apporta pas de solution aux difficultés de l’Église.
L’influence prépondérante que Proudfoot exerça au début au sein de son Église se mit à décliner dans les années 1840, par suite de l’entrée au synode d’un plus grand nombre de ministres. Ses collègues, conscients du grand prestige dont le nouveau synode de l’Église presbytérienne du Canada, communément appelée Église libre, jouissait auprès des colons, réclamaient une fusion avec cet organisme. Proudfoot craignait que son Église ne soit amenée à céder sur les principes bien établis du voluntaryism, mais, en dépit de ses appréhensions, il dirigea l’équipe de négociation qui conféra avec le révérend John Bayne et son comité. Proudfoot éprouva un soulagement lorsqu’en 1846, après trois ans de pourparlers, les négociations furent rompues. L’année suivante, à la suite de fusions survenues en Écosse, le synode créé en 1843 fut rebaptisé du nom de synode de l’Église presbytérienne unie du Canada affiliée à l’Église presbytérienne unie en Écosse. À l’été de 1850, l’Église décida de transférer son séminaire à Toronto pour que les étudiants soient en mesure de profiter des cours offerts à l’University of Toronto. Proudfoot s’opposa à cette décision, mais son opinion ne l’emporta pas et il alla donner des cours à cet endroit, tout en conservant la charge de ses fidèles à London. Cet automne-là, à Toronto, le ministre prit froid, et il s’ensuivit des complications qui provoquèrent sa mort. Celui qui le remplaça comme pasteur à London fut son fils, le révérend John James Aitchison Proudfoot*.
Homme intelligent et sensible, William Proudfoot savait bien qu’il avait gardé ses idées d’Écossais en même temps que son accent. Dans les affaires religieuses, il avait peu de sympathie pour les autres confessions et, en politique, il fut un whig convaincu en Écosse et un ardent réformiste dans les Canadas, où il défendit avec une vigueur constante la réforme constitutionnelle, le caractère non-confessionnel des écoles et la séparation complète de l’Église et de l’État. Cependant, il se rendait parfaitement compte de ce qu’était la société dans laquelle il vivait et, reconnaissant que la colonie n’était pas l’Écosse, il réclamait instamment des ministres canadiens, qui allaient être capables de prêcher avec des accents canadiens aux auditeurs canadiens. Même s’il ne voulait pas modifier ses idées sur la théologie, ni ses principes sur l’Église, l’État et la société, il contribua néanmoins à faire en sorte que son Église soit en mesure d’évoluer et de se joindre au courant principal du presbytérianisme canadien.
Les journaux et les papiers de William Proudfoot déposés à la UWOL, Regional Coll., et aux PCA, avec les procès-verbaux des consistoires et des synodes mentionnés dans le texte, fournissent les principaux renseignements sur sa vie. Certaines parties de ses journaux ont été éditées et publiées dans plusieurs périodiques, dont « The Proudfoot papers [...] », Harriet Priddis, édit., London and Middlesex Hist. Soc., Trans. (London, Ontario), 6 (1915) ; 8 (1917) : 20–23. Après la mort de Priddis, un autre recueil de morceaux choisis, édité par Fred Landon, fut publié dans le même journal, 11 (1922). Une autre sélection, éditée par M. A. Garland, fut publiée sous le même titre dans OH, 26 (1930) : 498–572 ; 27 (1931) : 435–496 ; 28 (1932) : 71–113 ; 29 (1933) : 141–159 ; 30 (1934) : 121–142 ; 31 (1936) : 91–113 ; et 32 (1937) : 92–103. Garland a aussi édité « From Upper Canada to New York in 1835 : extracts from the diary of the Rev. William Proudfoot », Mississippi Valley Hist. Rev. ([Cedar Rapids, Ind.]), 18 (1931–1932) : 378–396.
Pour prendre connaissance de deux interprétations différentes de l’œuvre de Proudfoot, voir : J. A. Thomson, « Proudfoot and the United Presbyterians ; research into the Proudfoot papers » (thèse de m.th., Knox College, Toronto, 1967) ; et H. E. Parker, « Early Presbyterianism in Western Ontario », London and Middlesex Hist. Soc., Trans., 14 (1930) : 5–79. [h. s.]
GRO (Édimbourg), Errol, reg. of marriages, proclamation of banns, 5 juin 1814.— SRO, GD1/92/1–22.— UCA, Biog. files.— Presbyterian Magazine (London), 1 (1843).— Canadian Free Press (London), 17 janv. 1851.— Annals and statistics of the United Presbyterian Church, William MacKelvie et al., compil. (Édimbourgh, 1873), 672.— Gregg, Hist. of Presbyterian Church.— John McKerrow, History of the foreign missions of the Secession and United Presbyterian Church (Édimbourg, 1867), 115.— Robert Small, History of the congregations of the United Presbyterian Church from 1733 to 1900 (2 vol., Édimbourg, 1904), 2 : 579.
Harry Bridgman, « PROUDFOOT, WILLIAM (1788-1851) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/proudfoot_william_1788_1851_8F.html.
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Année de la publication: | 1985 |
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