BARNSTON, GEORGE, trafiquant de fourrures de la Hudson’s Bay Company et naturaliste, né vers 1800 à Édimbourg, décédé le 14 mars 1883 à Montréal.
Après avoir acquis une formation d’arpenteur et d’ingénieur militaire, semble-t-il, George Barnston entra à la North West Company en qualité d’apprenti commis en 1820. Engagé par la Hudson’s Bay Company à la suite de la fusion des deux compagnies en 1821, il devint commis à York Factory (Manitoba) ; on disait de lui qu’il avait une excellente instruction et il donnait de belles espérances. Durant la saison de traite de 1825–1826, il travailla à la Rivière-Rouge et au fort Bas-de-la-Rivière (Manitoba) et, en 1826, il fut envoyé dans le district de Columbia pour y aider Æmilius Simpson* à faire des levés sur la côte du Pacifique. Constatant que Simpson s’avérait un arpenteur incompétent, Barnston dut effectuer lui-même la plus grande partie du travail. En 1827, il aida James McMillan* à ériger le fort Langley (près de ce qui est aujourd’hui Fort Langley, Colombie-Britannique) et travailla à cet endroit, ainsi qu’aux forts Vancouver (Vancouver, Washington) et Nez-Percés (Walla Walla, Washington).
Les documents couvrant la période de 1825 au milieu des années 1830 montrent que Barnston se sentait frustré et était malheureux. Entré dans le commerce des fourrures avec la perspective de toucher un salaire de £100 à la fin de six années d’apprentissage, il se trouvait loin de cet objectif en 1825, et devint, selon le gouverneur George Simpson*, « susceptible [...] et en proie à la mélancolie ou au découragement à tel point que l’on [craignait] que la vigueur de son esprit ne [fût] atteinte ». En 1831, il avait la responsabilité du fort Nez-Percés et avait atteint le niveau de salaire escompté, mais une vive dispute avec Simpson au sujet de sa prochaine nomination et de son rythme d’avancement l’incita à remettre sa démission. Il s’en prit à Simpson et dénonça « l’ingratitude et la conduite honteuse » des agents de la compagnie travaillant en territoire indien. Simpson ne voulait pas perdre Barnston et, malgré « une lettre à moitié impertinente » qu’il reçut de lui, il donna instructions, dès l’été de 1831, de le reprendre « s’il [avait] de la peine à trouver un emploi au Canada ». Barnston fut rengagé en 1832.
Des soucis familiaux aggravèrent peut-être les sentiments de frustration que Barnston éprouvait dans son travail. Au début de 1829, il avait pris pour épouse, « suivant la coutume du pays », Ellen Matthews, fille métisse d’un employé de l’American Fur Company ; James, l’aîné de leurs 11 enfants, naquit en juillet 1831. Les écrits de Barnston et d’autres documents se rapportant à ces années nous le dépeignent sous les traits d’un être fort sensible, enclin à l’introspection et doué d’un grand sens moral, que Simpson respectait. Le gouverneur le décrivait comme un homme « rempli d’une ardeur allant jusqu’à l’exaltation, qui ne fera sous aucun prétexte une chose qu’il juge incorrecte, mais tellement susceptible et sensible qu’on peut difficilement rester en bons termes ou faire des affaires avec lui [... Il] a une haute opinion de ses propres capacités qui sont au-dessus de la moyenne. » Ce portrait correspond à celui que Barnston trace de lui-même dans ses lettres à son collègue et ami, le trafiquant James Hargrave*.
Pendant les dix années qui suivirent son rengagement à la Hudson’s Bay Company, Barnston travailla dans le district d’Albany. Après avoir passé une saison de traite au fort Albany (Fort Albany, Ontario), il fonda en 1833 le fort Concord « au bord du lac Wawbickoobaw » (lac Wapikopa, Ontario), pour étendre le commerce de la compagnie à la région de la rivière Winisk. Au milieu de 1834, il fut envoyé à Martin Falls où il demeura six ans, puis alla prendre la direction du fort Albany et fut promu chef de poste. Barnston était depuis longtemps mécontent de la façon dont Simpson l’avait jadis traité, mais il se produisit « une amélioration dans leurs relations », comme l’écrivait son collègue James Douglas*, et une amitié naquit entre eux dans les années 1840.
Après une année de congé en Angleterre, Barnston fut nommé à Tadoussac, Bas-Canada, en 1844. Le déplacement lui permit, affirma-t-il, de « procurer une meilleure instruction à [ses] enfants, un objectif qui [lui] tenait toujours beaucoup à cœur ». James, notamment, en profita : il étudia à Lachine, puis, en 1847, se rendit à Edimbourg où il obtint un diplôme de médecine ; lorsqu’il mourut en 1858, il était professeur de botanique au McGill College, à Montréal. Pour son père, Tadoussac constituait une responsabilité « vaste, pénible et compliquée », comme l’en avait averti Simpson, à cause des trafiquants indépendants, des contrebandiers et de la présence envahissante des colons. Ce fut là, cependant, l’occasion de montrer ses capacités et de justifier la confiance que Simpson avait mise en lui, et il fut promu agent principal en mars 1847.
En 1851, après un congé d’un an, Barnston remplaça Donald Ross à la tête de Norway House (Manitoba). Découragé par les activités que menaient, dans la région, les trafiquants indépendants – en particulier par celles d’Andrew Graham Ballenden Bannatyne – et par les revers de la compagnie, il prit un nouveau congé en 1858–1859, puis accepta de diriger le poste de Michipicoten (Ontario), sur le lac Supérieur, où il demeura de 1859 à 1862. Après une autre année de congé, il prit sa retraite à Montréal en juin 1863. Cette année-là, l’International Financial Society, dirigée par Edward William Watkin, fit l’acquisition de la Hudson’s Bay Company et l’avenir de celle-ci donna de vives inquiétudes à Barnston. Les fonctionnaires de la compagnie n’avaient pas été consultés et ils furent hostiles à ce changement d’administration. En 1863, Barnston échangea des lettres avec le secrétaire de la compagnie à Londres au sujet de la protection des intérêts des employés titulaires de postes et se rendit en Angleterre, l’année suivante, avec ce que son ami Hargrave appela la « tâche ingrate » de dire aux administrateurs de la compagnie qu’ils avaient « traité leurs vieux employés du commerce des fourrures d’une manière très indigne ».
La retraite donna à Barnston le loisir de poursuivre des recherches scientifiques, principalement en botanique et en entomologie, domaines dans lesquels il avait déjà accompli beaucoup de travail sur le terrain et à titre d’auteur. Sans doute avait-il commencé à s’intéresser à la botanique en prenant connaissance des études de David Douglas* dans le district de Columbia au cours des années 1820. Il éprouvait une grande admiration pour Douglas ; il correspondit avec lui et fit paraître un essai très fouillé sur ses voyages et découvertes dans le Canadian Naturalist and Geologist en 1860. À Martin Falls, Barnston étudia d’abord les insectes et tint un journal sur la température, le pergélisol, la flore et la faune de la région au profit de la Royal Geographical Society de Londres. Lorsqu’il se rendit en Angleterre pendant le congé qu’il prit en 1843–1844, il visita plusieurs sociétés scientifiques. « Comme j’étais aimablement reçu au British Muséum, écrivit-il à George Simpson, j’ai remis sans réserve toute ma collection d’insectes à cet établissement, ce dont les messieurs [du musée] ont exprimé leur vive satisfaction. » Plus de la moitié de ses spécimens étaient des pièces nouvelles pour le musée. Plus tard, à Tadoussac, il constitua un gros herbier, qu’il décrivit dans ses lettres à Hargrave et, en 1849–1850, il envoya une collection de plantes en Écosse. Il fit également parvenir des spécimens à la Smithsonian Institution de Washington et au McGill College. Après 1857, il fit souvent paraître des articles, principalement dans le Canadian Naturalist and Geologist. Membre actif de la Société d’histoire naturelle de Montréal, il en assuma la présidence en 1872–1873 et devint membre de la Société royale du Canada en 1882.
Lorsque Barnston mourut à Montréal en 1883, une foule nombreuse assista à ses funérailles à la cathédrale Christ Church ; parmi les porteurs et les membres du cortège se trouvaient Donald Alexander Smith*, Thomas Sterry Hunt*, John William Dawson* et d’autres personnalités de Montréal. La Société royale du Canada rendit hommage à Barnston à la fois comme « naturaliste diligent » et comme « un homme bon et affable, aimé et respecté de tous ceux qui le connaissaient ».
On peut trouver une liste des articles écrits par George Barnston pour le Canadian Naturalist and Geologist jusqu’en 1859 dans Morgan, Bibliotheca Canadensis. Parmi les articles les plus importants de Barnston, citons « Abridged sketch of the life of David Douglas, botanist, with a few details of his travels and discoveries », Canadian Naturalist and Geologist, 5 (1860) : 120–132, 200–208, 267–278 ; « On a collection of plants from British Columbia, made by Mr. James Richardson in the summer of 1874 », Canadian Naturalist and Quarterly Journal of Science, nouv. sér., 8 (1878) : 90–94 ; et « Recollections of the swans and geese of Hudson’s Bay », Ibis : a Magazine of General Ornithology (Londres), 2 (1860) : 253–259. Les APC (MG 19, A21) conservent la correspondance entre Barnston et James Hargrave. [j. s. h. b. et m. v. k.]
AO, James McMillan file (non disponible).— APC, MG 19, A2, sér. 2, 1.— PAM, HBCA, A.16/42 : f.254 ; A.34/1 : f.62d ; B.123/a/34–41 ; 42b ; B.134/c/14 : f. 142a ; B.135/c/2 : 74 ; B.214/c/1 : f.26 ; B.234/a/1 ; B.239/g/4 : f.6 ; D.5/10 : ff.28–29 ; D.5/11 : ff.19–20, 85, 115–116, 129 ; D.5/12 : ff.90–92, 206–207 ; D.5/31 : ff.169–170.— HBRS, XXX (Williams).— Minutes of Council, Northern Department of Ruperts Land, 1821–31, R. H. Fleming, édit. (Toronto, 1940).— « Proceedings for 1883 », SRC Mémoires, 1re sér., 1 (1882–1883) : liv.— Montreal Herald and Daily Commercial Gazette, 15, 17 mars 1883.— H. D. Munnick, « Louis Labonte », The mountain men and the fur trade of the far west [...], L. R. Hafen, édit. (10 vol., Glendale, Calif., 1965–1972), VII : 191–199.— [H.] B. Willson, The life of Lord Strathcona & Mount Royal, G.C.M.G., G.C.V.O. (1820–1914) (Londres et Toronto, 1915).— G. A. Dunlop et C. P. Wilson, « George Barnston », Beaver, outfit 272 (déc, 1941) : 16s.— G. L. Nute, « Kennicott in the north », Beaver, outfit 274 (sept. 1943) : 28–32.
Jennifer S. H. Brown et Sylvia M. Van Kirk, « BARNSTON, GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/barnston_george_11F.html.
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Titre de l'article: | BARNSTON, GEORGE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |