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AUBERT DE GASPÉ, PIERRE-IGNACE, juge de paix, seigneur, homme politique et officier de milice, né le 14 août 1758 à Québec, sixième enfant d’Ignace-Philippe Aubert* de Gaspé et de Marie-Anne Coulon de Villiers ; le 28 janvier 1786, il épousa à Québec Catherine Tarieu de Lanaudière, fille de Charles-Louis Tarieu* de Lanaudière, et ils eurent sept enfants dont deux atteignirent l’âge adulte ; décédé le 13 février 1823 à Saint-Jean-Port-Joli, Bas-Canada, et inhumé le surlendemain dans l’église paroissiale.
Les premières années de Pierre-Ignace Aubert de Gaspé furent plutôt difficiles. Né à la fin du Régime français, il ne put échapper complètement aux malheurs de son époque. Privé d’abord de la présence de son père dont les services étaient sans cesse requis sur les champs de bataille, il connut aussi les privations matérielles. Au lendemain de la capitulation de Montréal et de la colonie tout entière, sa famille ruinée dut se contenter pour habitation d’un moulin à eau situé près de la rivière Trois-Saumons, à l’extrémité ouest de la seigneurie de Port-Joly. Elle y vécut six ans environ, le temps nécessaire pour reconstruire les habitations incendiées par les Britanniques en 1759 et pour redonner vie à l’agriculture.
Aubert de Gaspé passa une partie de son enfance et de son adolescence au manoir seigneurial de Port-Joly ; il fit ses études au petit séminaire de Québec de 1769 à 1775. Encore étudiant, il répondit volontiers à l’appel du gouverneur Guy Carleton* et de l’évêque de Québec, Jean-Olivier Briand*, en prenant les armes contre les troupes américaines commandées par Richard Montgomery* et Benedict Arnold*.
Devenu adulte, Aubert de Gaspé fréquenta la société du château Saint-Louis ; il entretint d’avantageuses relations dans les milieux politiques, militaires et mondains, et participa à la vie publique de son époque. Vers 1787, il obtint une commission de juge de paix pour le district de Québec. L’année suivante, il signa une pétition au roi pour s’opposer à la constitution d’une chambre d’Assemblée dans la province.
Recommandé en 1811 par le juge en chef Jonathan Sewell*, Aubert de Gaspé devint conseiller législatif l’année suivante. D’un tempérament impressionnable, qui donnait parfois libre cours à l’émotion, Aubert de Gaspé a laissé le souvenir d’un orateur au style emphatique mais au jugement solide. Qualifié par son fils Philippe-Joseph* de « haut torie » et de « royaliste » qui préférait George III à Napoléon Ier il servit aussi la couronne britannique en qualité de milicien. En 1814, il devint colonel des bataillons de milice de Saint-Jean-Port-Joli et de Saint-Thomas.
À la mort de sa mère en 1789, Aubert de Gaspé devint cinquième seigneur de Port-Joly. À l’instar de son père, il s’intéressa à la colonisation et contribua de façon notable au développement du territoire seigneurial. On lui attribue en particulier la mise en valeur du 3e Rang et la construction, en 1819, d’un moulin à l’est de celui-ci. Dès 1790, il fit l’acquisition de la seigneurie de l’Îlet-à-la-Peau, d’une demi-lieue de front sur deux lieues de profondeur.
Pierre-Ignace Aubert de Gaspé mourut dans son manoir le 13 février 1823, laissant un testament qui allait occasionner 50 ans plus tard la vente de presque tous ses biens à des personnes étrangères à la famille. Dans ce document qui semble relié aux difficultés financières qui allaient bientôt conduire son fils aîné, Philippe-Joseph, à perdre sa charge de shérif et à faire de la prison pour dettes, il ne légua que la jouissance de ses biens à ses enfants, comme il l’avait fait d’ailleurs auparavant pour son épouse. C’est ainsi que son autre fils, Antoine-Thomas, ne reçut que la jouissance du tiers de son avoir, tandis que Philippe-Joseph obtint celle des deux autres tiers, de même que la jouissance du domaine seigneurial, du manoir, du moulin, des dépendances et des terrains avoisinants. Quant à la propriété de ses biens, elle échut aux enfants de Philippe-Joseph et de sa femme, Susanne Allison. Le 29 janvier 1871, jour de la mort de Philippe-Joseph ; Antoine-Thomas étant déjà décédé, les seigneuries de Port-Joly et de l’Îlet-à-la-Peau tombèrent en partage à pas moins de 12 héritiers qui, pour des motifs qu’il semble raisonnable d’apparenter au nombre et à la personnalité des individus concernés, décidèrent de s’en départir. Le 15 juillet 1872, la famille vendit le manoir et le domaine seigneurial et, le 22 février suivant, elle se départit du moulin à eau de la rivière Trois-Saumons. Ces ventes marquaient la fin d’une importante dynastie à Saint-Jean-Port-Joli. Pierre-Ignace, qui en fut une des figures les plus éminentes, réussit à prévenir la saisie qui menaçait ses seigneuries, mais non à éviter ce fâcheux dénouement.
AC, Montmagny, Minutiers, L.-Z. Duval, 15 juill. 1872, 22 févr. 1873.— ANQ-Q, CE1-1, 14 août 1758, 28 janv. 1786 ; CE2-18, 15 févr. 1823 ; CN2-12, 1er déc. 1820.— ASQ, Fichier des anciens.— La Gazette de Québec, 13 nov. 1788, 1er avril 1813, 17 févr. 1823.— F.-J. Audet, « les Législateurs du B.-C. ».— « Papiers d’État – B.-C. », APC Rapport, 1893 : 52.— P.-G. Roy, Fils de Québec, 2 : 121–123 ; Inv. concessions, 3 : 171.— Turcotte, le Conseil législatif.— P. [-J.] Aubert de Gaspé, les Anciens Canadiens (Québec, 1863) ; The Canadians of old, G. M. Pennée, trad. (Québec, 1864) ; Mémoires (1866).— H.-R. Casgrain, Œuvres complètes (3 vol., Québec, 1873–1875), 2.— Jacques Castonguay, la Seigneurie de Philippe Aubert de Gaspé, Saint-Jean-Port-Joli (Montréal, 1977).— [François Daniel], Histoire des grandes familles françaises du Canada ou Aperçu sur le chevalier Benoist et quelques familles contemporaines (Montréal, 1867).— P.-G. Roy, la Famille Aubert de Gaspé (Lévis, Québec, 1907) ; la Famille Tarieu de Lanaudière (Lévis, 1922).
Jacques Castonguay, « AUBERT DE GASPÉ, PIERRE-IGNACE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/aubert_de_gaspe_pierre_ignace_6F.html.
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Auteur de l'article: | Jacques Castonguay |
Titre de l'article: | AUBERT DE GASPÉ, PIERRE-IGNACE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |