ALMON (Allmon), WILLIAM JAMES, médecin, chirurgien et apothicaire, né le 14 août 1755 à Providence, Rhode Island, fils de James Almon et de Ruth Hollywood ; le 4 août 1785, il épousa à Halifax Rébecca Byles, fille aînée du révérend Mather Byles, et ils eurent six enfants ; décédé le 5 février 1817 à Bath, Angleterre.

On sait peu de chose de la vie de William James Almon avant 1771 ; cette année-là, il était l’élève du médecin new-yorkais Andrew Anderson. Lorsque la guerre d’Indépendance américaine éclata, Almon s’engagea dans les troupes britanniques où il reçut probablement un supplément de formation médicale auprès de William Bruce, médecin appartenant au personnel hospitalier. On suppose qu’il soigna les blessés à la bataille de Bunker Hill, au Massachusetts, en 1775. L’année suivante, il se rendit à Halifax avec les troupes du général William Howe et participa plus tard, toujours avec elles, à la prise de New York. Le 18 juin 1778, dix jours avant la bataille de Monmouth, au New Jersey, il fut nommé aide-chirurgien du 4e bataillon du Royal Régiment of Artillery puis, aux environs de 1780, il fut envoyé à Halifax comme chirurgien au service du personnel de l’artillerie et du dépôt de la garnison. Il quitta cette dernière fonction quelque temps après 1800, mais conserva le poste honorifique de chirurgien général de la milice de la Nouvelle-Écosse. Tout en faisant son service à titre de chirurgien militaire, Almon ouvrit après 1783 un cabinet privé qui allait devenir le plus important et le plus populaire de Halifax. En 1785, il fut engagé comme médecin à l’hospice, qui servait aussi d’hôpital civil, au salaire annuel de £60. À un certain moment, il passa pour le seul chirurgien compétent de la ville et, en l’espace d’un an, fit plus de 100 accouchements. Il employa ses dernières années à exercer la médecine et la pharmacie conjointement avec son fils William Bruce Almon*.

Les diagnostics et les traitements d’Almon étaient réalistes pour l’époque, car ils s’appuyaient judicieusement sur les plus récentes théories scientifiques. Almon faisait de fréquentes inoculations de germes de variole, et l’un de ses rares échecs entraîna la mort de son premier fils, en 1787. Son beau-père, qui par boutade l’appelait « System-Monger » (systématiseur), n’en respecta pas moins sa compétence lorsque l’autopsie que pratiqua Almon sur le cadavre de la seconde femme de Byles révéla qu’elle n’était pas morte d’un foie malade, mais de « la pernicieuse habitude de se lacer et de se corseter trop juste ».

Homme cultivé et passionné de science, Almon possédait une bibliothèque considérable où il avait puisé une bonne partie de ses connaissances médicales. Pendant les années 1790, il exerça la fonction de vice-président de la société locale pour la promotion de l’agriculture et fit aussi partie d’un groupe littéraire, scientifique et social fermé que le prince Edward Augustus fréquentait souvent. À la suite d’un voyage qu’il effectua, aux États-Unis en 1815, Almon songea apparemment à faire paraître ses impressions sur l’Amérique, mais la perte de son manuscrit lui fit abandonner ce projet.

Durant le séjour d’Edward Augustus à Halifax, Almon remplit la fonction de médecin ordinaire de la maison royale, avec Duncan Clark et John Halliburton. Le prince le cita en particulier pour la rapidité avec laquelle il lui prodigua ses soins après qu’il se fut blessé en tombant de cheval en 1798. Les Almon auraient aussi fait partie du cercle des relations du prince à Halifax.

En 1816, la santé chancelante de William James Almon le força à faire un séjour de deux ans en Angleterre ; il mourut à Bath où il fut inhumé sous l’église St James. Sa veuve, qui déclara qu’« un bonheur domestique aussi ininterrompu que le [leur] était rare », retourna en Nouvelle-Écosse. Malgré les dispositions adéquates du testament, elle constata que son « époux bien-aimé était trop charitable et trop hospitalier pour [lui] laisser une fortune ». Quant à la presse de Halifax, elle commenta : « Sa bonté et son caractère bienveillant resteront longtemps dans notre cœur et notre mémoire. » On ne pouvait non plus oublier facilement les nombreuses anecdotes au sujet des distractions comiques du médecin. Sa femme rapporta comment, en mars 1785, elle resta « muette d’étonnement », en voyant Almon casser en deux sa plume à elle, toute neuve, après s’en être servi comme cure-dents. Cependant, la contribution la plus durable d’Almon à la colonie fut certes d’avoir laissé en Nouvelle-Écosse une longue lignée de médecins et de fonctionnaires qui portent son nom.

Lois Kathleen Kernaghan

Un portrait de William James Almon exécuté vers 1810 par Robert Field se trouve dans la collection de Mme H. M. Carscallen (Ottawa) et de Mme C. R. T. Cunningham (Toronto). Rebecca Almon fit aussi peindre son portrait par Field à la même époque, mais on ignore ce qu’il est devenu. On a dit qu’il s’agissait d’un des meilleurs portraits de femme peints par Field.

W. K. Kellog Health Sciences Library, Dalhousie Univ. (Halifax), W. J. Almon, commonplace book.— PANS, MG 1 ; 14 ; 163 ; MG 100, 101, n° 45.— Vital record of Rhode Island, 1636–1850 ; first series, births, marriages and deaths ; a family register for the people, J. N. Arnold, compil. (21 vol., Providence, R.I., 1891–1912), 2, 1re part. : 208.— Halifax Herald, 23 déc. 1896.

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Lois Kathleen Kernaghan, « ALMON (Allmon), WILLIAM JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/almon_william_james_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
Date de consultation:    28 novembre 2024