ABERCROMBIE (Abercromby), JAMES, officier, né en 1732, probablement en Écosse, décédé à Boston le 23 juin 1775.
Les origines de la famille de James Abercrombie sont incertaines, mais il était peut-être un parent de James Abercromby. Le 11 juin 1744, il fut fait lieutenant dans le 1er d’infanterie qui servit en Flandre pendant la guerre de la Succession d’Autriche et en Écosse pendant le soulèvement jacobite de 1745 ; c’était peut-être sa première commission. Il fut promu capitaine dans le 42e d’infanterie le 16 février 1756, et son régiment débarqua en Amérique du Nord en avril de la même année. En mai 1757, Abercrombie était aide de camp du comte de Loudoun, commandant en chef en Amérique. Pendant l’été de cette même année, il prit part à la campagne avortée contre Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton) [V. Charles Hay*].
Une fois l’armée de retour à New York, Abercrombie alla en missions de reconnaissance et participa à des raids avec les rangers de Robert Rogers ; sa connaissance du français fut utilisée lors d’interrogatoires de déserteurs ennemis. Dans ses rapports à Loudoun, il le pressait avec persistance d’adopter des tactiques offensives. En mars 1758, il était aide de camp du major général James Abercromby, successeur de Loudoun. Le capitaine Abercrombie alla reconnaître le fort Carillon (Ticonderoga, New York) avant l’attaque malheureuse du mois de juillet suivant. En décembre, Amherst était le nouveau commandant en chef, et le jeune Abercrombie attendait, à New York, une affectation ; Amherst le nomma son aide de camp le 5 mai 1759. Entre autres tâches, il devait étudier les préparatifs de la campagne au Canada et en faire rapport. Abercrombie était exaspéré par le manque d’agressivité d’Amherst et du général de brigade Gage, et il se plaignit à Loudoun qu’en s’abstenant d’aller attaquer Montréal ils étaient en train de laisser passer une belle occasion d’alléger la pression qui s’exerçait sur les troupes de Wolfe* devant Québec. Cet homme avait, de toute évidence, de fortes convictions et beaucoup de confiance en lui-même. Son besoin de voir de l’action fut en partie satisfait quand il participa au succès d’une incursion navale, dirigée par Joshua Loring, sur le lac Champlain, à la suite de la prise des forts Carillon et Saint-Frédéric (près de Crown Point, New York).
Pendant l’hiver, Abercrombie fut convoqué à Londres pour témoigner au procès en cour martiale, réclamé par lord Charles Hay qui voulait que son nom soit réhabilité après l’expédition de Loudoun. Pendant qu’il y séjournait, il obtint du général sir John Ligonier, le principal conseiller militaire de William Pitt, une recommandation, à l’adresse d’Amherst, à l’effet que celui-ci le nomme major. Loudoun, vraisemblablement, fit jouer son influence pour lui obtenir l’appui de Ligonier. Abercrombie rallia l’armée à Oswego, New York, en juillet 1760 et reçut bientôt une commission de major. Le 7 et le 8 septembre, il était l’émissaire d’Amherst auprès de Vaudreuil [Rigaud] pour la négociation de la capitulation de Montréal. Sa nouvelle commission le versait au 78e d’infanterie (Fraser’s Highlanders) et, apparemment, il se joignit au régiment après la capitulation. Le 78e a peut-être servi dans la région de Québec jusqu’à son licenciement en 1763. Le major Abercrombie fut alors mis à la demi-solde.
Le 27 mars 1770, James Abercrombie reprit du service, avec le grade de lieutenant-colonel, dans le 22e d’infanterie, qui était stationné en Grande-Bretagne. Il conduisit son unité en Irlande à la fin d’octobre 1773 et devint commandant intérimaire de la garnison de Dublin. Ses lettres à son ami et ancien protecteur Loudoun révèlent chez Abercrombie une aimable franchise et un esprit caustique. Quoiqu’il détestât Dublin, il espérait ne pas recevoir l’ordre de s’embarquer pour l’Amérique où, à son avis, le commandant en chef Gage faisait face à une situation des plus difficiles. Il y fut néanmoins affecté le 3 mars 1775.
Abercrombie arriva à Boston le 23 avril et fut immédiatement nommé adjudant général. Il se montra aussi critique que par le passé devant le manque d’initiative de Gage, le peu de moral ainsi que les faibles approvisionnements des troupes britanniques assiégées. À la fin de mai, les majors généraux William Howe, John Burgoyne et Henry Clinton étaient arrivés pour remplacer Frederick Haldimand parmi le personnel de. Gage, et Abercrombie fut peu après nommé au commandement d’un bataillon de grenadiers. Le 17 juin, il fut blessé en conduisant ses hommes contre les positions américaines près de Bunker Hill ; il mourut le 23 juin et fut enseveli à King’s Chapel, à Boston. Gage loua plus tard la façon dont Abercrombie s’était comporté à Bunker Hill.
Des sources secondaires contiennent plusieurs affirmations non fondées sur l’existence et la nature de liens de parenté entre le major général James Abercromby, commandant en chef en Amérique en 1758, et le sujet de cette biographie. Ce dernier est présenté comme le fils du général dans The National cyclopædia of American biography (57 vol. parus, New York, 1892– ), I : 102 ; Wallace, Macmillan dictionary, 1s. ; Le Jeune, Dictionnaire, I : 6 ; Amherst, Journal (Webster), 85. Deux ouvrages plus récents en font le neveu de son commandant : Shy, Toward Lexington, 94 ; J. R. Cuneo, Robert Rogers of the rangers (New York, 1959).
Le général avait effectivement un fils, James Abercromby, qui fit partie du 42e régiment pendant la guerre de Sept Ans, mais ce jeune homme était enseigne au moment où celui qui nous intéresse était capitaine ; voyez la « List of commissions », Military affairs in North America, 1748–1765 (Pargellis), 332, et Officers of the Black Watch, 1725 to 1952, Neil McMicking, compil. (éd. révisée, Perth, Écosse, 1953), 16. Dans sa correspondance, celui que nous étudions ne parle jamais du général comme de son père et il orthographie toujours leurs noms différemment (il possédait, pour l’époque, une excellente orthographe). Des sources contemporaines ne le désignent ni comme le fils du général, ni comme James Abercromby, fils, alors que l’enseigne du même nom est explicitement mentionné comme Abercromby, fils, dans la liste citée plus haut (Pargellis). Il n’est donc pas vraisemblable que le sujet de notre étude ait été le fils de son fameux quasi-homonyme.
Il en fut peut-être un parent. Deux historiens compétents croient qu’il en était un neveu, bien que sa propre correspondance ne fasse jamais allusion à une telle parenté, non plus du reste qu’aucun de ses contemporains. S’il était un jeune parent du général, peut-être serait-il ce « Jemmy Abercromby » du 1er d’infanterie qui fit une course pour le fameux philosophe écossais David Hume à qui il écrivit à Londres en 1747 : [David Hume], The letters of David Hume, J. Y. T. Greig, édit. (2 vol., Oxford, 1932 ; réimpr., 1969) ; Hume était un ami du général, alors colonel (I : 102–108, 146–148, 190, 204 ; DAB, I : 28s.).
Une troisième possibilité a été avancée par T. N. Dupuy et G. M. Hammerman, People and events of the American revolution (New York, 1974), 279, et Boatner, Encyclopedia of American revolution, 1. Ces auteurs prétendent que notre Abercrombie n’était pas le fils du major général James Abercromby, mais le frère du futur général sir Ralph Abercromby ; celui-ci était également un jeune officier lors de la guerre de Sept Ans (sur les champs de bataille européens) et se rendit fameux par ses heureuses campagnes aux Antilles en 1796 et en Égypte en 1801. Sa biographie apparaît dans le DNB, I, en particulier les pages 43s. D’après cet article, il avait un frère, James, mais cet officier fut tué au combat à Brooklyn en 1776. Leur famille, les Abercrombie de Birkenbog, était apparentée à celle du général de 1758, les Abercromby de Glassaugh (DAB, I : 28s. ; DNB, I : 43s.). [p. e. r.]
Huntington Library, Loudoun papers.— Correspondence of General Thomas Gage (Carter).— General Sir William Howe’s orderly book at Charlestown, Boston and Halifax, June 17, 1775, to 1776, 26 May [...], B. F. Stevens, édit., introd. par E. E. Hale (Londres, 1890 ; réimpr., Port Washington, N.Y., et Londres, 1970).— Knox, Hist. journal (Doughty).— Mass. Hist. Soc., Proc., 2e sér., XI (1896–1897) : 304–306 (James Abercrombie, lettre à Cadwallader Colden, 2 mai 1775).— G.-B., WO, Army list, 1775.— Pargellis, Lord Loudoun.
Peter E. Russell, « ABERCROMBIE (Abercromby), JAMES (1732-1775) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/abercrombie_james_4F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
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