Provenance : Bibliothèque et Archives Canada/MIKAN 3460801
YOUNG, JAMES, propriétaire et rédacteur en chef de journal, homme politique et auteur, né le 24 mai 1835 à Galt (Cambridge, Ontario), fils de John Young et de Janet Bell ; le 11 février 1858, il épousa à Brantford, Haut-Canada, Margaret McNaught, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 29 janvier 1913 à Galt.
En 1834, John et Janet Young quittèrent l’Écosse pour s’installer à Galt, où ils trouvèrent du travail chez William Dickson* – leur fils James naquit dans sa maison – et tinrent ensuite un hôtel. Formé par des cours particuliers et dans des écoles locales, James nourrissait deux grandes ambitions dans sa jeunesse : être un orateur accompli et un bon écrivain. Après avoir travaillé un moment pour un journal local, il acheta le Dumfries Reformer and Western Counties Weekly Mercantile and Agricultural Advertiser en 1853, à l’âge de 18 ans. Il le publierait sous divers titres durant dix ans et en deviendrait rédacteur en chef vers 1854.
Les opinions de Young sur les affaires publiques, et notamment sur la tourmente qui agitait alors le Canada-Uni, attirèrent sur lui l’attention des dirigeants politiques. En 1863, le clear grit George Brown*, figure de proue et rédacteur en chef du Globe de Toronto, lui demanda d’organiser des assemblées dans le cadre de sa campagne électorale dans Oxford South. « Cela me parut une occasion en or de gagner mes galons en politique, raconterait Young, et je me trouvai bientôt au cœur de la mêlée. » En juin 1867, il assista au congrès réformiste à Toronto. Quelques mois plus tard, aux premières élections du nouveau dominion, il remporta la victoire dans Waterloo South malgré la forte opposition des tories et des membres de la coalition réformiste. Habile à marier la politique et les affaires – pendant cinq ans autour de 1871, il fut associé principal de la manufacture de roues Victoria à Galt –, il fut réélu sans opposition en 1872 et en 1874.
Bien qu’il ait été député de l’arrière-ban dans le gouvernement libéral d’Alexander Mackenzie*, Young n’hésitait pas à faire valoir ses idées. Il recommanda en 1874 la création d’un journal des débats semblable au hansard et présida l’important comité permanent des comptes publics ainsi que la Chambre réunie en comité des subsides. Cependant, il ne facilita pas toujours la tâche à Mackenzie, qui tentait alors de former un parti national. En racontant en 1892 l’affrontement sur les révisions tarifaires qui avait divisé le parti en 1876, il se définit comme un protectionniste ontarien qui voulait augmenter les droits de douane à l’encontre des députés fédéraux des Maritimes, lesquels, selon lui, « ruinèrent le parti ». En 1878, il présida le congrès libéral à Toronto et accéda à la présidence de l’Ontario Reform Association, mais aux élections de cette année-là, il fut battu par Samuel Merner*. L’année suivante, il entra à l’Assemblée législative de l’Ontario à titre de député de Brant North. Le premier ministre Oliver Mowat* ne tarda pas à mettre ses talents à contribution. En 1880, Young présida un comité spécial sur la sécurité dans les chemins de fer. Nommé trésorier et commissaire de l’agriculture le 2 juin 1883, il dut démissionner le 1er novembre pour des raisons de santé. Il conserva son siège à l’Assemblée mais ne brigua pas les suffrages en 1886.
Parallèlement à sa carrière de journaliste et d’homme politique, Young s’était consacré avec un même dynamisme à l’écriture, à des associations, aux affaires et à la vie municipale. Ses essais sur les richesses agricoles du Canada (1857) et sur le traité de réciprocité (1865) furent primés. Il collabora au Canadian Monthly and National Review de Toronto de 1872 à 1878 ainsi qu’à des périodiques commerciaux. Fort bien renseigné sur sa région, il composa Reminiscences of the early history of Galt and the settlement of Dumfries in the Province of Ontario, qui parut en 1880 à Toronto. De 1870 à 1881, il fut président de l’Association of Mechanics’ Institutes of Ontario. Dans le monde des affaires, il occupa durant 37 ans la présidence de la Gore Fire Insurance Company (dont il écrivit l’histoire en 1895) et appartint, à divers moments, au conseil d’administration de la Confederation Life Assurance Company, de la Canada Landed Credit Company, de l’Ayr American Plough Company et de la division torontoise du Crédit foncier franco-canadien. À Galt, il fut membre du conseil municipal, notamment à titre de vice-président, appartint au conseil des écoles publiques et fut président du collège ; de plus, il contribua à la construction du South Waterloo Hospital. Membre et administrateur de l’église presbytérienne Central, il fut président de la Sabbath School Association of Ontario et vice-président vers 1875. Amateur de jardinage, de chasse, de curling et de cricket, il avait été capitaine du Galt Cricket Club dans les années 1850 et 1860 ; à Ottawa, il mena souvent les Commons Cricketers à la victoire.
Après s’être retiré de la vie parlementaire en 1886, Young resta fidèle à ses principes réformistes. En 1887–1888, quand les libéraux fédéraux envisagèrent l’union commerciale avec les États-Unis, il se lança dans le débat, malgré son amitié pour le chef libéral Wilfrid Laurier. Dans des lettres, des discours et des opuscules, il rejeta tout programme qui allait à l’encontre de l’« idée d’un avenir de nation indépendante », y compris la fédération impériale. Young et James David Edgar*, écrivit Laurier à sir Richard John Cartwright le 9 septembre 1887, « sont les deux seuls qui m’ont écrit pour me faire part de leur irréductible opposition à l’union commerciale ». Dès 1889, Young était à peu près le seul à rejeter la politique libérale de réciprocité totale. Ses positions se rapprochaient alors de celles de l’ancien chef Edward Blake, que le Parti libéral avait abandonnées, mais se situaient bien à droite du libéralisme ontarien incarné par Cartwright.
Les réflexions de Young sur la politique à la fin des années 1880 et des années 1890 l’empêchèrent de sombrer dans l’anonymat. En outre, il entreprit d’écrire une étude sur le Canada d’avant et d’après la Confédération, projet dont la réalisation nécessita une vaste correspondance et l’aide d’autorités tels Henry James Morgan, collectionneur de choses anciennes, et Avern Pardoe, bibliothécaire de l’Assemblée législative de l’Ontario. Son ouvrage, intitulé Public men and public life in Canada, being recollections of parliament and the press, parut en 1902 à Toronto. Dédié à Blake, ce livre légèrement partisan fait le pont entre l’époque de l’Union, où Young avait fait ses premières armes en tant que réformiste, et le début du nouveau siècle, dont il parle en manifestant un enthousiasme débordant pour le Canada et le gouvernement Laurier. Ses discours et ses lettres aux journaux à compter de 1902 environ rendent mieux compte de ses opinions sur les questions d’actualité et aident à comprendre pourquoi on le tenait pour un commentateur vénérable mais sans importance. Sa résistance à une plus forte intégration des parties de l’Empire, ses positions antimilitaristes et son appui à un Sénat électif, entre autres, étayent dans une certaine mesure l’affirmation d’un critique qui, à l’occasion de la réédition en deux volumes de Public men en 1912, alla jusqu’à le définir comme « foncièrement radical ».
James Young mourut en 1913 à l’âge de 77 ans dans sa maison de Galt, Thornhill. Digne, talentueux et animé de principes stricts, il fut défini non seulement comme « un vrai Canadien », mais aussi comme « le fils le plus distingué » de Galt. Le Globe de Toronto fit dans les termes suivants l’éloge de cet ancien disciple de Brown et de Blake : « Toute sa vie, il incarna le type parfait du militant libéral indépendant et énergique. Résistant aux courants politiques et économiques qui éloignèrent parfois ses amis de leurs anciens mouillages, il resta résolument à l’ancrage que, délibérément et avec intelligence, il avait choisi par lui-même et pour lui-même au début de sa vie d’adulte. »
En plus des ouvrages décrits dans le texte, James Young est l’auteur de : Address of James Young, esq., m.p.p., president of the Association of Mechanics’ Institutes of Ontario, read at the annual meeting at Hamilton, on 22nd September 1880 (Toronto, 1880) ; Our national future, being five letters by Hon. Jantes Young, in opposition to commercial union (as proposed) and imperial federation [...] (Toronto, [1888]) ; History of the Gore Fire Insurance Co., from 1839 to 1895 ; being an address delivered by the Hon. James Young, president of the company [...] (Galt [Cambridge], Ontario, [1895 ?]) ; « The growth of Canadian commerce » et « The situation : commercial and financial », dans Canadian Monthly and National Rev. (Toronto), 1 (janv.–juin 1872) : 387–391 et 3 (janv.–juin 1873) : 123–131, respectivement.
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Lynn E. Richardson, « YOUNG, JAMES (1835-1913) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/young_james_1835_1913_14F.html.
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Auteur de l'article: | Lynn E. Richardson |
Titre de l'article: | YOUNG, JAMES (1835-1913) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |