MERNER (Muerner, Mürner), SAMUEL, forgeron, homme d’affaires, homme politique, juge de paix et propriétaire d’un journal, né le 9 janvier 1823 à Kien, canton de Berne, Suisse, fils de Jakob Emanuel Muerner, fermier, et de Susanna Schluchter ; en novembre 1845, il épousa Maria Ann Grasser (décédée en 1890), et ils eurent sept fils et sept filles, puis en 1898, Ellen Sararus, née Fletcher ; décédé le 11 août 1908 à Berlin (Kitchener, Ontario).

Samuel Merner étudia à Reichenbach, dans les Alpes du centre de la Suisse. En 1837, il immigra dans le Haut-Canada avec sa famille, et s’établit dans ce qui allait devenir le comté de Waterloo, où il y avait beaucoup d’Allemands et où la langue allemande se parlait couramment. Jakob Emanuel Muerner s’établit à environ deux milles à l’est de la petite localité de Hamburg, le long du chemin Bleam, dans une ferme non encore défrichée. Samuel passa un an à la ferme, puis fut placé comme apprenti chez un forgeron de Preston (Cambridge). En 1840, il devint compagnon, puis, quatre ans plus tard, ouvrit sa propre forge à Hamburg. Par la suite, il l’agrandit pour fabriquer des chariots et des voitures. En 1856, son frère Frederick acheta l’entreprise. Samuel avait alors accumulé assez de capital pour établir une fonderie à New Hamburg (c’était le nouveau nom de la localité) et une autre à Waterloo. Il avait anglicisé son nom, comme beaucoup de familles allemandes de la région à l’époque.

Toutefois, les origines de Merner ne firent obstacle ni à son succès en affaires ni à sa participation à la vie publique du comté de Waterloo. En 1857, il devint membre du conseil de New Hamburg, qui venait d’être constitué juridiquement. En 1862, il fut nommé juge de paix ; la même année, il acheta le journal allemand local, le Canadisches Volksblatt. À mesure qu’il ajoutait des postes publics à son actif – il fut aussi président du conseil municipal de New Hamburg de 1873 à 1878 et préfet du comté de Waterloo en 1878 –, ses affaires prospéraient. Après avoir transféré les fonderies à ses fils en 1873, il possédait encore deux grandes fermes, une importante meunerie et un autre bâtiment à New Hamburg ; il détenait aussi deux gros immeubles à Berlin, où il était associé à la compagnie d’ameublement de William Simpson. Membre du premier conseil d’administration de l’Economical Fire Insurance Company, il fit aussi partie du conseil d’administration de plusieurs autres entreprises, dont la Preston Furniture Company, le John Hoodless Furniture Warehouse de Hamilton, la Dominion Life Assurance Company et la Canadian Manufacturing Company, qui avait fait l’acquisition de l’entreprise de Simpson. Selon le Canadian parliamentary companion, on dirigeait vers Merner « tous les Suisses immigrant dans la province occidentale [l’Ontario] ».

En 1878, Merner brigua un siège à l’Assemblée de l’Ontario en se présentant sous la bannière conservatrice à l’élection partielle de Waterloo South. Il perdit, mais la même année, il devint député de Waterloo South à la Chambre des communes en remportant la victoire sur un libéral bien connu, James Young*. Merner aida sa cause en contribuant à la fondation du premier journal anglophone de New Hamburg, le New Hamburg Independent. Aux élections générales suivantes, en 1882, il fut battu par un de ses concurrents en affaires, James Livingston, de la localité voisine de Baden. Le 12 janvier 1887, le premier ministre sir John Alexander Macdonald* le nomma au Sénat.

Dans les années 1870 et 1880, Merner était bien la figure dominante de New Hamburg. Il vivait avec sa famille dans une résidence cossue, qui donnait sur la rivière Nith, au centre de la localité. À la suite de son second mariage, en 1898, il s’installa à Berlin, au Brunswick Hotel, dont il était propriétaire. Après son déménagement, sa santé déclina rapidement ; de même, sa fortune personnelle fondit parce qu’il subit des « revers » et que « d’autres » personnes pour qui il s’était porté garant ne respectèrent pas leurs engagements. Apparemment, en 1905, il tenta de se suicider en prenant du phénol. Il participa à quelques séances du Sénat avant sa mort en 1908. Il laissa dans le deuil sa femme ainsi que quatre garçons et quatre filles issus de son premier mariage.

Le News-Record de Berlin annonça le décès de Samuel Merner – « Honest Sam » de son surnom – en titrant : « Disparition d’une étoile ». Sans exercer beaucoup d’influence sur la politique nationale, Merner fit sa marque dans son milieu, comme tant d’autres personnages publics de l’époque. Selon un biographe, il était « le type du bourgmestre suisse qui [avait] acquis fortune et distinction dans le Nouveau Monde ». Cette réussite, il ne la devait pas à ses propres qualités, mais à l’existence, dans son petit coin du Nouveau Monde, d’une tradition germanique qui permettait à un immigrant germanophone de progresser. En ce sens, il ne fut pas si représentatif des Canadiens de son temps.

John English

AO, RG 22, Ser. 211, reg.M, no 5196.— Univ. of Waterloo Arch. (Waterloo, Ontario), L. J. Breithaupt, diaries, 1905.— Waterloo Hist. Soc. (Kitchener, Ontario), Merner file ; « Mürner, Muerner, Merner : genealogy and related branches », Ruth Merner Connell, compil. (1976).— Canadisches Volksblatt (New Hamburg, Ontario), 12 août 1908.— News-Record (Berlin [Kitchener]), 11 août 1908.— Annuaire, Waterloo County, 18771878 : 149.— E. H. Bovay, le Canada et les Suisses, 1604–1974 (Fribourg, Suisse, 1976).— Canada, Sénat, Débats, 18871909.— Canadian album (Cochrane et Hopkins), 2 : 364.— Canadian biog. dict.— CPG, 1879, 1883, 1903–1909.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 1.— E. H. Devitt, « Hon. Samuel Merner », Waterloo Hist. Soc., Annual report, 1940 : 139–141.— Alexander Fraser, A history of Ontario : its resources and development (2 vol., Toronto, 1907).— More than a century in Wilmot Township, [Florence Diamond et al., compil.] ([New Hamburg, 1967]).— Newspaper reference book.

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John English, « MERNER (Muerner, Mürner), SAMUEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/merner_samuel_13F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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