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WOOD, JOHN TAYLOR, officier de marine et homme d’affaires, né le 13 août 1830 au fort Snelling (Minneapolis–Saint Paul, Minnesota), fils du major Robert Crooke Wood, médecin dans l’armée américaine, et d’Anne Mackall Taylor, fille de Zachary Taylor, qui serait président des États-Unis ; le 26 novembre 1856, il épousa Lola Mackubin, et ils eurent 11 enfants ; décédé le 19 juillet 1904 à Halifax.
John Taylor Wood passa son enfance dans une série de postes militaires du centre-ouest des États-Unis. Entré en 1847 dans la marine américaine, il obtint en 1853 un diplôme de la Naval Academy d’Annapolis, dans le Maryland. En 1860, après avoir servi en mer, il retourna dans cette école à titre d’aide-instructeur en tactique et en artillerie navales. Quand la guerre de Sécession éclata, il accepta une commission dans la marine confédérée, rompant ainsi avec son père et son beau-père. Officier canonnier à bord du Virginia, il se couvrit de gloire au début de 1862 dans le premier affrontement de l’histoire entre des cuirassés, affrontement qui opposa son navire au Monitor et dont aucun ne sortit vainqueur.
Pendant les deux années suivantes, Wood participa à des opérations contre les navires de l’Union qui bloquaient l’accès aux côtes intérieures de la baie de Chesapeake. Ses succès lui valurent d’être nommé aide de camp naval du président de la Confédération des États du Sud et son parent par alliance Jefferson Davis, puis commander du Tallahassee, vapeur de construction britannique utilisé jusque-là par les Confédérés comme forceur de blocus. Le 6 août 1864, ce bâtiment, armé de canons et sans doute le plus rapide des navires alors en circulation, quitta furtivement Wilmington, en Caroline du Nord, et, remontant le littoral américain, captura et détruisit en un seul raid quelque 25 navires marchands et bateaux de pêche de l’Union. La panique saisit les milieux du transport maritime et les primes d’assurances doublèrent. Le 18 août, le Tallahassee jeta l’ancre à Halifax pour subir des réparations et s’approvisionner en charbon.
Même si Wood put compter sur l’assistance de partisans des États confédérés tels William Johnston Almon et Benjamin Wier*, il dut affronter l’hostilité de fonctionnaires britanniques qui, invoquant les règles de neutralité, insistaient pour que le Tallahassee quitte Halifax au bout de 24 heures. Ce délai fut prolongé par la suite, mais Washington exerça des pressions pour empêcher Wood de prendre plus qu’une quantité minimale de charbon. Apprenant que des navires de l’Union se dirigeaient vers Halifax, il décida de s’enfuir à la faveur de la nuit en passant à l’est des grandes îles situées à l’embouchure du port. Ce passage était sinueux et peu profond, mais grâce à ses hélices jumelles, le Tallahassee put faire les virages serrés qui lui permettaient de rester au milieu du chenal, d’autant plus qu’un pilote de l’endroit, John Flemming, le guidait dans son parcours. Cette fuite audacieuse était cependant inutile puisque les navires de guerre de l’Union mettraient encore quatre heures pour arriver à Halifax. Si Wood avait été autorisé à prendre une pleine charge de charbon, l’aventure aurait échoué, car le tirant du Tallahassee aurait alors été trop fort. À court de carburant, Wood dut renoncer à faire d’autres raids et regagner le port de Wilmington. Ironie du sort, ses exploits entraînèrent la fermeture de ce port par l’Union, qui tranchait ainsi le dernier lien important entre les Confédérés et les sources britanniques d’approvisionnement.
Auréolé de gloire, Wood fut promu capitaine et servit à nouveau d’aide de camp à Davis. Au moment de la défaite des Confédérés, en 1865, il s’enfuit encore de façon spectaculaire, cette fois à Cuba, puis retourna à Halifax. Grâce à l’aide d’Almon et de Wier, d’un héritage de son père et de prêts de sa mère, il ouvrit un commerce de gros avec un autre ex-officier de la marine confédérée, John Wilkinson. Peu après, celui-ci rentra aux États-Unis, mais Wood resta à Halifax, où il fit de la spéculation immobilière, appartint à la chambre de commerce et entra au conseil d’administration de la Block House Coal Mining Company et de l’Atlantic Marine Insurance Association. Malheureusement, sa situation finit par se ressentir de la crise du milieu des années 1870 : vers 1886, son commerce fit faillite et il perdit la plus grande partie de ses biens. Néanmoins, comme il occupait un poste à la Halifax Pilot Commission depuis 1874 et gagnait un certain revenu à titre d’agent de la Boston Marine Insurance Company, il put continuer à évoluer dans la bonne société. Il figurait en évidence aux courses de yachts et, dès 1871, il était vice-commodore du Royal Halifax Yacht Club.
La mort de John Taylor Wood, en 1904, fit la une des journaux de Halifax, qui ne manquèrent pas de raconter encore une fois la fuite du Tallahassee en citant son propre récit. Wood était citoyen américain, mais en raison de la mentalité impérialiste de l’époque, du fait qu’un de ses fils avait participé à la répression de la rébellion du Nord-Ouest et qu’un autre était mort à la guerre des Boers, cet ancien patriote confédéré devint un héros de la Nouvelle-Écosse édouardienne. Son souvenir est demeuré vivace dans la province. Le récit de sa fuite a figuré longtemps dans les manuels scolaires et une école située près du passage qu’il a emprunté porte le nom de son navire.
On peut voir un portrait de John Taylor Wood dans Canadian album (Cochrane et Hopkins), 3 : 97. Son compte rendu concernant l’affaire du Tallahassee a été publié sous le titre « The « Tallahassee’s » dash into New York waters », Century Illustrated Monthly Magazine (New York et Londres), nouv. sér., 34 (mai–oct. 1898) : 408–117.
Baker Library, R. G. Dun & Co. credit ledger, Canada, 12 : 685, 788 (mfm aux AN).— Halifax County Court of Probate (Halifax), Estate papers, n° 5983.— Halifax County Registry of Deeds (Halifax), Deeds, 165 : f.8 ; 168 : f.43 ; 181 : f.93 ; 182 : f.44 ; 197 : f.14.— Acadian Recorder, 13 mai 1893, 30 mai, 6 juin 1896, 19, 21 juill. 1904.— Evening Mail (Halifax), 19 juill. 1904.— Halifax Reporter, 18–22 août 1864.— Morning Chronicle (Halifax), 12 mai 1896, 20 juill. 1904.— Almanach, Belcher’s, 1860–1890.— Annuaire, Halifax, 1869–1904.— DAB.— J. L. Wakelyn, Biographical dictionary of the Confederacy (Westport, Conn., 1976).
David A. Sutherland, « WOOD, JOHN TAYLOR », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/wood_john_taylor_13F.html.
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Auteur de l'article: | David A. Sutherland |
Titre de l'article: | WOOD, JOHN TAYLOR |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |