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OUTRAM, sir JAMES, ministre de l’Église d’Angleterre, alpiniste, auteur, homme d’affaires, officier de milice et orangiste, né le 13 octobre 1864 à Londres, fils aîné de sir Francis Boyd Outram et de Jane Anne Davidson ; le 17 mai 1921, il épousa à Montréal Lillian Mary Balfour, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 12 mars 1925 à Victoria.
James Outram venait d’une famille distinguée. Son grand-père paternel, le lieutenant-général James Outram, avait reçu un titre de baronet pour conduite exceptionnelle pendant la révolte des cipayes. Son père se signala aussi dans l’armée. Dans sa carrière de ministre du culte, James manifesta son dynamisme. Diplômé du Pembroke College de Cambridge (licence ès arts en 1888, maîtrise ès arts en 1893), il accéda au diaconat en 1889 et au ministère en 1890. Il fut vicaire de l’église Holy Trinity de Hampstead (Londres), puis à Thorpe dans le Norfolk. À compter de 1896, il fut curé de St Peter à Ipswich. En 1900, le surmenage le plongea dans une dépression nerveuse.
Pour se soigner, Outram se mit à faire de l’escalade, et il y prit tellement goût que, bientôt, conquérir certains des plus hauts sommets du Canada devint sa passion. Il commença par des ascensions d’usage dans les Alpes suisses et, en 1900 avec son frère William, en fit dans les Rocheuses canadiennes. Depuis l’achèvement du chemin de fer canadien du Pacifique en 1885, cette région était passablement fréquentée par des montagnards chevronnés qui pratiquaient l’escalade pour le plaisir et non pour remplir des missions topographiques ou scientifiques. Deux étés d’affilée, en 1901 et en 1902, Outram remporta des victoires spectaculaires en réalisant la première ascension de quelques-uns des plus hauts pics des Rocheuses. En 1901, il accompagnait une équipe commanditée par la compagnie de chemin de fer et placée sous la direction d’Edward Whymper. Ce célèbre alpiniste anglais – le premier à être parvenu au sommet du Cervin en Suisse (et dont la conquête de cette montagne de forme pyramidale s’était terminée par une tragédie) – était censé faire de la publicité à la compagnie en accomplissant des premières ascensions, en prenant des photos et en publiant des comptes rendus de son expédition. Pendant que l’équipe explorait la vallée de la rivière Ice et dressait des plans pour gravir le mont Goodsir, Outram fut séduit par le mont Assiniboine. D’une altitude de 11 875 pieds, ce pic dominait les Rocheuses au sud du chemin de fer, et personne n’avait encore réussi à parvenir jusqu’en haut. Son attrait provenait de sa majesté, des difficultés techniques liées à son ascension et de l’aura romantique qui entourait son surnom de « Cervin de l’Amérique du Nord ». Au cours des années où ils avaient dessiné des cartes et ouvert des pistes dans les Rocheuses, le guide et fournisseur canadien Tom Wilson, l’alpiniste britannique John Norman Collie et l’alpiniste américain Walter Dwight Wilcox s’étaient souvent attaqués à l’Assiniboine. Et voilà que le 3 septembre 1901, un nouveau venu, James Outram, leur damait le pion, avec l’aide d’un fournisseur de Banff, Bill Peyto, et de deux guides suisses.
Dès lors, on prit Outram au sérieux et l’on mesura son ambition. Des montagnards qui exploraient les Rocheuses depuis bien plus longtemps que ce néophyte surgi de nulle part et qui avaient espéré être les premiers à parvenir au sommet de l’Assiniboine le jugeaient même présomptueux. Le fait qu’il ait réussi en 1902 à grimper jusqu’en haut d’autres sommets déjà conquis, dont le mont Columbia (12 298 pieds) et le mont Forbes (11 855 pieds), ne les amena pas à réviser leur opinion à son sujet, bien au contraire. Outram fit bon nombre de ces ascensions avec un guide suisse ; dans d’autres cas, il accompagna l’équipe de Collie, au grand dam de certains membres. En outre, il passa quelque temps avec Arthur Oliver Wheeler, alors occupé à exécuter des levés dans les monts Selkirk en Colombie-Britannique.
Outram abandonna la pratique assidue de l’escalade aussi soudainement qu’il s’y était mis. Après 1902, il ne fit plus d’ascensions dignes de mention. Toutefois, il conserva un vif intérêt pour ce sport. Il était membre correspondant de l’Appalachian Mountain Club de Boston et il donna des conférences sur ses expéditions à des réunions de l’American Alpine Club et de l’Alpine Club of Canada, formé en 1906. Il rédigea des articles sur l’escalade et un livre intéressant, In the heart of the Canadian Rockies (Londres, 1905), à la fois récit de voyage et ouvrage historique. Ses écrits révèlent une solide compréhension des principes de l’alpinisme et un beau talent littéraire. Sa piété s’y mêle à son amour de la nature. Outram espérait que son livre attirerait des gens dans les Rocheuses, le « plus noble des monuments de Dieu ». Devenu en 1907 membre honoraire de l’Alpine Club of Canada, il participa aux camps d’escalade et aux assemblées du comité directeur de cet organisme.
De 1908 à 1911, Outram vécut à Crescent au Colorado. Après avoir hérité du titre de baronnet de son père en 1912, il s’installa à Vermilion, en Alberta, où il s’associa à d’éphémères entreprises de lotissement. Il était trop âgé pour servir outre-mer pendant la Première Guerre mondiale, mais de 1916 à 1918, avec le grade de major, il commanda la compagnie de milice de Vermilion et fut instructeur à l’école d’infanterie du camp Sarcee à Calgary. En 1920, il se fixa à Calgary, où il occupa divers emplois dans les affaires. Pendant qu’il résidait dans cette ville, il épousa une vieille amie de sa famille, Lillian Mary Balfour – fille de Joseph Balfour, d’Athelstone House à Brighton, en Angleterre – et devint fellow du Royal Colonial Institute.
Par ailleurs, Outram consacra beaucoup d’énergie à l’ordre d’Orange. Il avait été initié à la loge de Vermilion le 13 octobre 1914 ; après avoir exercé quelques fonctions au fil des ans, il fut grand maître provincial de l’Alberta de 1918 à 1921. Au congrès orangiste de mars 1919, il réitéra l’opposition de l’ordre aux écoles séparées en Alberta et à l’utilisation d’autres langues que l’anglais dans le discours public. Grand secrétaire provincial à compter de 1921, il dut démissionner en août 1924 pour des raisons de santé. Il mourut d’une crise d’apoplexie l’année suivante à Victoria et fut inhumé au cimetière Royal Oak Park.
Au Canada, sir James Outram a laissé sa marque en tant qu’orangiste et alpiniste. L’Outram Memorial Lodge et le mont Outram en Alberta ont été baptisés en son honneur. Dans ses publications et les quelques papiers qui restent de lui, il reconnaît habituellement l’apport de ses coéquipiers à la réussite de ses expéditions, au point de se laisser parfois aller à des remarques d’une modestie si exagérée qu’elles en deviennent prétentieuses. De l’avis de bon nombre de ses connaissances et de ses pairs dans le milieu de l’alpinisme, c’était un homme distant qui avait l’esprit de caste. La détermination et l’impudence avec lesquelles il s’attaqua aux pics les plus prestigieux des Rocheuses lui aliénèrent un certain nombre de montagnards. En même temps, la liste impressionnante de ses premières ascensions, de même que ses tournées de conférences et ses publications, contribuèrent à propager l’idée selon laquelle le Canada était l’un des rares endroits au monde où subsistait la nature à l’état sauvage.
Sir James Outram est l’auteur de « Two traverses » et de « The first ascent of Mt. Assiniboine », Alpine Journal (Londres), 19 (1900) : 624s. et 21 (1903) : 102–114, ainsi que du livre intitulé In the heart of the Canadian Rockies (Londres, 1905).
Jasper-Yellowhead Museum and Arch. (Jasper, Alberta), 993.37 (Robson family fonds).— Whyte Museum of the Canadian Rockies (Banff, Alberta, AC0/19 (A. A. McCoubrey papers) ; M106 (J. Monroe Thorington fonds), /2, /136, /142, /156 (photocopies) ; M526 (John Davenall Turner papers) ; V396 (James Outram fonds). [Les musées Jasper-Yellowhead et Whyte possèdent tous deux des collections de photographies d’Outram ou réalisées par lui.].— [Recension de In the heart of the Canadian Rockies], Athenaeum (Londres), 6 janv. 1906 : 13.— Calgary Herald, 14 mars 1925.— [Recension de In the heart of the Canadian Rockies], Nation (New York), 14 déc. 1905 : 485.— Times (Londres), 19 mai 1921, 16 mars 1925.— Alpine Club of Canada, Constitution and list of members, 1907–1911, 1920–1922.— [J.] B. Burke, A genealogical and heraldic history of the peerage and baronetage [...], A. P. Burke, édit. (97e éd., Londres, 1939).— Canadian annual rev., 1919 : 771.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— Dod’s peerage, baronetage, and knightage of Great Britain and Ireland for 1923 (Londres, 1923).— [Recension de In the heart of the Canadian Rockies], New York Times Saturday Review, 4 nov. 1905 : 753.— R. W. Sandford, The Canadian Alps : the history of mountaineering in Canada (Banff, Alberta, 1990).— Who’s who and why, 1919/1920.— Who’s who in Canada, 1922, 1925/1926.
Siri Louie, « OUTRAM, sir JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/outram_james_15F.html.
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Auteur de l'article: | Siri Louie |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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Date de consultation: | 28 novembre 2024 |