WHITE, JOHN, avocat et fonctionnaire, né vers 1761, fils unique de John White, de Hicks’s Hall, paroisse St Sepulchre, Middlesex, Angleterre ; il épousa en 1784 Marrianne Lynne, de Horkesley, Essex, et ils eurent deux fils et une fille ; décédé le 4 janvier 1800 à York (Toronto).

John White fut admis comme étudiant au Inner Temple de Londres le 17 octobre 1777. En 1783, sa seule sœur, Elizabeth, épousa son compagnon d’études, Samuel Shepherd, qui allait devenir un juriste britannique distingué et qui, toute sa vie, resterait l’ami et le protecteur fidèle de White. Reçu au barreau en 1785, White se rendit en Jamaïque l’année suivante et y exerça le droit sans succès. En 1791, il vivait au pays de Galles avec sa famille, songeant à devenir ministre du culte. Shepherd le recommanda pour assumer les fonctions de procureur général du Haut-Canada auprès de William Osgoode*, choisi pour devenir juge en chef de la nouvelle colonie, qui transmit la recommandation à Evan Nepean, un commissaire du petit sceau ; White obtint le poste le 31 décembre 1791.

White s’embarqua pour le Canada au printemps de 1792 en compagnie d’Osgoode, de Peter Russell* et de sa sœur Elizabeth* qui allaient rester ses amis les plus intimes au pays. Après avoir siégé à Kingston pendant une courte période, le gouvernement se transporta à Newark (Niagara-on-the-Lake) en septembre 1792 ; White et Osgoode y vécurent ensemble jusqu’à ce que White acquît une maison l’année suivante. En 1797, White, qui ne vivait plus avec son épouse, déménagea à York. Mme White vint l’y rejoindre avec leurs enfants ; leur réconciliation aboutissant à un échec, elle rentra en Angleterre avec leur fille en 1799.

En sa qualité de premier procureur général du Haut-Canada, White s’occupait d’adapter les lois de la Grande-Bretagne aux conditions très différentes de la nouvelle colonie. De nombreux problèmes se posaient touchant la propriété des terres, surtout celles concédées avant l’adoption de l’Acte constitutionnel de 1791 ou cédées par le concessionnaire original avant la délivrance de son titre de propriété. Dans les poursuites intentées au nom de la couronne, White éprouvait des difficultés à obtenir des condamnations pour meurtre, même avec une forte preuve. À cause de l’absence de prisons, les délits de peu d’importance étaient punis par l’imposition d’amendes plutôt que par l’emprisonnement ; selon White, ces amendes étaient rarement payées.

Comme d’autres parmi les premiers procureurs généraux, White continua l’exercice privé de sa profession pour arrondir ses revenus. Il en résulta, à l’occasion, certaines irrégularités. En 1793, on rapporta au lieutenant-gouverneur Simcoe* que White, en sa qualité de procureur général, avait intenté une poursuite pour coups et blessures, s’était ensuite porté garant du défendeur, L’avait logé dans sa propre tente alors que le shérif était à sa recherche et l’avait défendu dans la poursuite subséquente engagée contre lui au civil. Simcoe ignora cette plainte, peut-être parce que le défendeur était officier dans les Queen’s Rangers.

White participa à la fondation de la Law Society of Upper Canada en 1797. Premier trésorier, il en fut aussi le premier président du conseil. Il fut le seul parmi les avocats qui assistèrent aux réunions du début à se montrer favorable à la distinction entre attorney et barrister. On rejeta ses objections à combiner les deux fonctions 12 jours après sa mort.

Pendant son séjour à Kingston, en 1792, White avait été élu à la chambre d’Assemblée comme député de Leeds et Frontenac. L’arpenteur général, David William Smith*, et lui se firent les principaux défenseurs des lois proposées par le gouvernement à l’Assemblée, en particulier du projet de loi de 1793 prévoyant l’abolition éventuelle de l’esclavage dans la province. Personnellement, White se montrait plus intéressé au projet de loi créant la Cour du banc du roi et les cours de district, en 1794. Il ne fut pas député au deuxième parlement ; en 1799, toutefois, il se porta candidat lors d’une élection partielle dans Addington et Ontario. Après sa défaite, le gouvernement assuma ses dépenses électorales. En novembre 1799, il accepta de se présenter dans Lincoln, mais il mourut avant la tenue de l’élection.

Le salaire annuel de White, comme procureur général, était de £300, auquel s’ajoutaient des honoraires pour certaines tâches particulières dont la plus importante était la rédaction des titres de concession. Lourdement endetté envers Shepherd à sa venue au Canada, il continua d’y vivre au-dessus de ses moyens. Constamment à la recherche de situations mieux rémunérées, il réagissait violemment à toute menace de réduction de son revenu. Un combat ininterrompu se livra entre White, le secrétaire de la province, l’arpenteur général, le receveur général, le greffier du Conseil exécutif et le lieutenant-gouverneur qui se partageaient les droits provenant de la délivrance des titres fonciers. Cette querelle divisa profondément les fonctionnaires du gouvernement, diminua leur rendement et occasionna beaucoup d’aigreur.

Les premières impressions de White sur le Haut-Canada et sur Simcoe avaient été favorables, mais il perdit rapidement ses illusions sur le pays, sur Simcoe et plusieurs de ses collègues et sur ses propres perspectives d’avenir. Sa santé déclinant, il devint déprimé et irascible. Apparemment, il avait eu une brève aventure avec la femme du greffier du Conseil exécutif, John Small*. Mme Small fit un affront à Mme White lors d’une réunion à York ; White fit à David William Smith une remarque injurieuse sur la vertu de Mme Small. Ses propos vinrent éventuellement aux oreilles de Mme Small dont le mari provoqua White en duel. Atteint d’une balle, White mourut 36 heures plus tard. Mme Small fut rejetée par son milieu, la nomination de Smith au Conseil législatif fut remise indéfiniment et le scandale imprégna de malaise la société fermée d’York.

White mourut fortement endetté. Son exécuteur testamentaire, Peter Russell, envoya les fils de White à Shepherd et tenta de débrouiller sa succession. À la demande de White, le duc de Portland, ministre de l’Intérieur (responsable aussi des colonies), avait accepté qu’une concession de terre, équivalente à celles faites aux membres du Conseil exécutif, lui fût accordée ; la nouvelle arriva à York après la mort de White et on donna la terre à sa femme et à ses enfants. White avait tenté de pourvoir à l’entretien de sa maîtresse à York, Mme Susanna Page, et de leurs deux filles, mais on ne fit rien pour elles. Sa succession ne fut réglée qu’en 1837 par une loi privée.

White s’engagea profondément dans la création du système à la fois juridique et judiciaire du Haut-Canada. Cependant, il éprouvait de la difficulté à travailler avec les autres, et c’est surtout pour les circonstances qui entourèrent sa mort qu’aujourd’hui l’on évoque son souvenir.

Edith G. Firth

Le journal de John White a été publié : « The diary of John White, first attorney general of Upper Canada (1791–1800) », William Colgate, édit., OH, XLVII (1955) : 147–170.

APC, MG 23, HI, 3 ; 5.— Metropolitan Toronto Library, John Elmsley letterbook ; Elizabeth Russell papers ; Peter Russell papers ; John Graves Simcoe, Wolford papers ; Sir David William Smith papers.— PAO, Russell family papers ; Simcoe (John Graves) papers.— PRO, CO 42/21, f.234, William Osgoode à Evan Nepean, 13 août 1791.— Canadian letters : description of a tour thro’ the provinces of Lower and Upper Canada, in the course of the years 1792 and ‘93, Canadian Antiquarian and Numismatic Journal (Montréal), 3e sér., IX (1912) : 85–168 (tiré à part).— Correspondence of LieutGovernor Simcoe (Cruikshank).— The correspondence of the Honourable Peter Russell, with allied documents relating to his administration of the government of Upper Canada [...], E. A. Cruikshank et A. F. Hunter, édit. (3 vol., Toronto, 1932–1936).— Gentleman’s Magazine, 1760–1800.— [E. P. Gwillim (Simcoe)], Mrs. Simcoe’s diary, M. Q. Innis, édit. (Toronto et New York, 1965).— [F.-A.-F. de] La Rochefoucauld-Liancourt, Voyage dans les États-Unis d’Amérique, fait en 1795, 1796 et 1797 (8 vol., Paris, [1799]), II : 64.— The probated wills of men prominent in the public affairs of early Upper Canada, A. F. Hunter, édit., OH, XXIII (1926) : 335s.— The town of York, 1793–1815 : a collection of documents of early Toronto, E. G. Firth, édit. (Toronto, 1962).— W. R. Riddell, The bar and the courts of the province of Upper Canada, or Ontario (Toronto, 1928) ; The first attorney-general of Upper Canada – John White (1792–1800), OH, XXIII (1926) : 413–433.

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Edith G. Firth, « WHITE, JOHN (mort en 1800) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/white_john_1800_4F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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